Luxemburg

Politique vis-à-vis de l’amiante

»Un facteur toxique parmi tant d’autres...«

de

Le procès en cours actuellement en Italie contre la société Eternit, fameuse à une certaine époque pour ses toitures en fibrociment (éternit), fait grand bruit.

L’amiante, contenue dans le fibrociment était au départ considérée comme un matériau exceptionnel, mais une fois que l’on en a découvert la toxicité, son utilisation a logiquement été interdite, et le nom Eternit, qui rimait avec succès économique, est devenu synonyme de maladie et de mort.

Ayant eu vent de ce procès, le député Carlo Wagner a demandé à Mars Di Bartolomeo, ministre de la Santé, ce qu’il en est au Luxembourg. Il veut avant tout savoir s’il existe un inventaire des constructions contenant de l’amiante et, si ce n’est pas le cas, s’il n’y aurait pas lieu d’en établir un ?

Il veut également savoir s’il existe un danger de contamination de l’eau par écoulement de l’eau de pluie sur de telles toitures ?

Enfin, il a demandé au ministre s’il n’était pas opportun de réaliser une campagne de sensibilisation de la population afin de l’inciter à désamianter ces constructions, évoquant même la possibilité de l’octroi d’une aide financière à ceux qui procèderaient au désamiantage de leur maison.

Après avoir rappelé que la mise sur le marché et l’utilisation de l’amiante sont interdits depuis 2001, le ministre déclare que les produits (toitures, tuyauteries, etc.) en ciment d’amiante ne présentent »généralement« de risque qu’en cas de choc ou détérioration, ainsi que lors de travaux de maintenance, entretien ou rénovation. Mais si les ouvriers, au Luxembourg comme en Europe, jouissent d’une protection valable, il n’en va pas de même pour les locataires des logements concernés.

Le ministre fait savoir qu’en France, la législation oblige les propriétaires, avant de louer ou de vendre un logement, de faire faire une expertise d’amiante, ce qui n’est pas le cas au Luxembourg. Les prescriptions de l’Inspection du Travail et des Mines pour les chantiers prévoient un inventaire d’amiante d’un établissement ou d’un immeuble, uniquement dans le cas où une présence d’amiante est constatée ou supposée.

En ce qui concerne les toitures, le ministre précise qu’ »en principe« , vu qu’elles sont séparées par des pare-vapeurs, des isolants thermiques, par des revêtements muraux, ou encore par des faux-plafonds, les tuiles amiantées ne sont pas en contact direct avec l’intérieur du logement, et qu’il en va de même pour les revêtements de façade. Des contrôles et mesurages d’amiante effectués à la demande de personnes occupant de tels logements n’ont pas relevé la présence de fibres à l’intérieur de ces édifices. On a seulement décelé la présence de fibres d’amiante sur des terrasses après le nettoyage, à l’eau sous haute-pression, de telles toitures.

Le ministre admet qu’au niveau de l’eau, dans certaines communes ou agglomérations, une contamination temporaire pourrait avoir lieu après des travaux sur des conduites en fibrociment, expliquant qu’en temps normal, le contact de l’eau avec les parois est évité du fait de la formation d’un film bactérien sur les parois de ces conduites.

Mars Di Bartolomeo estime que la population a déjà été sensibilisée, au travers de la médiatisation de la nocivité de l’amiante et du désamiantage d’édifices publics. Par principe d’équité, il considère que l’on peut difficilement envisager une aide au désamiantage alors que l’amiante n’est qu’un facteur toxique parmi tant d’autres, des substances chimiques émanant des constructions étant au moins, si pas, plus nocives que l’amiante, et dont l’élimination devrait donc également bénéficier d’une aide.

Mais, si tel est le cas, il faudrait avant tout interdire ces substances chimiques tout comme l’a été amiante, et envisager une aide tant au désamiantage qu’à l’élimination de ces substances.
La santé est un droit fondamental, et de plus, on en a qu’une, et de ce fait il vaut mieux la conserver !

I.P.I