Ce soir et demain au TNL, et le 2 février au Centre culturel Op der Schmelz
«Eichmann»
Le décor est violent, sobre et épuré ! Efficace, ce rideau métallique qui glisse, des fois dans une sonorité macabre, d’autres fois avec une certaine violence, et quelques fois avec modestie.
La mise en scène, les chorégraphies, les effets visuels et sonores, sont d’une redoutable efficacité. Les acteurs traduisent avec brio le propos, le rendent terriblement proche du public. Leur jeu est profond, sincère, violent aussi, il traduit parfois une grande détresse et devient, dans certains cas, mélancolique. Les épisodes scéniques s’enchaînent à un rythme étudié, afin d’augmenter encore la violence du sujet : le procès d’Adolf Eichmann, ses excuses, aussi redoutables que ridicules !
Avec Eichmann, l’homme a atteint sa déshumanité la plus abjecte.
Si vous me posez la question «Pourquoi avoir créé, autant de décennies après les faits gravissimes qui ont été commis par ce monstre nazi, ce spectacle théâtral multidisciplinaire ?» Je vous répondrai : «Pour la raison qu’aujourd’hui, une partie grandissante de l’humanité glisse vers de nouveaux extrêmes, entre autres, le nationalisme. Un danger qu’il est impératif de ne pas négliger».
Nous sommes le 31 mai 1962, à Jérusalem. Il ne lui reste plus que quelques heures à vivre à Adolf Eichmann, l’un des principaux architectes de la solution finale, du génocide de millions d’enfants, de femmes et d’hommes juifs. Sous ses yeux, dans sa mémoire, défilent pour une dernière fois les pans de sa vie.
La pièce «Eichmann» raconte, en 120 minutes environ, des séquences du procès Eichmann, le rôle que ce criminel nazi a joué avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, la déportation, les juifs dans les camps d’extermination, le désespoir, la désolation, les turpitudes du régime nazi, la déshumanisation complète et radicale des dirigeants nazis, les atrocités nazies…
L’acte d’accusation, rédigé par le procureur général d’Israël, Gideon Hausner, comportait quinze chefs d’accusation, dont ceux de crime contre le peuple juif et de crimes contre l’humanité.
Déclaré coupable de tous les chefs d’accusation, Eichmann fut condamné à mort, et pendu le 1er juin 1962.
Certains acteurs jouent plusieurs rôles, passant de l’un à l’autre avec beaucoup d’aisance, apparaissant dans un rôle d’une scène puis, quelques minutes plus tard, dans celui d’un autre personnage.
On y retrouve Marc Baum dans le rôle d’Eichmann, Tatiana Nekrasov dans celui de Hannah Arendt, Bernard Bloch dans les rôles du juge Halevi, de Stahl, et de Brandt ; Konstantin Rommelfangen dans ceux de Less, de Hoess et de Klopfer ; Timo Wagner dans ceux de Grynspan, d’un policier, de Goebbels et de Stuckart ; Pascale Noé Adam dans les rôles d’une rescapée, d’une journaliste et d’une secrétaire, Adrien Papritz dans ceux de Sassen et de Heydrich ; et enfin, Gilles Guelblum, d’abord dans le rôle d’un musicien, et ensuite du chef d’orchestre gestapiste, David Jung.
«Eichmann» est une création mondiale sur un texte de Serge Wolfsperger et de Gilles Guelblum, la traduction étant de Claire Wagener.
La dramaturgie a été confiée à Andreas Wagner, les effets visuels a Nicolas Helle, les vidéos et le son à Gilles Seyler, la chorégraphie à Jean-Guillaume Weis.
«Eichmann» est une coproduction du Théâtre national du Luxembourg (TNL), du Centre culturel Op der Schmelz et de Bombyx, avec le soutien de la Ville de Dudelange, de Memo Shoah a.s.b.l, de la Fondation Indépendance, de la Fondation luxembourgeoise pour la mémoire de la Shoah, de la Fondation Mazalbert, ainsi que de l’Œuvre nationale Grande-Duchesse Charlotte.
Cette performance théâtrale étonnante et inoubliable sera encore jouée ce soir et demain au Théâtre national du Luxembourg (194, route de Longwy à L-1940 Luxembourg/ Tél. 264412-701 / info@tnl.lu / www.tnl.lu), ainsi que le mercredi 2 février, au Centre culturel Op der Schmelz (1 A, rue du Centenaire à L- 3475 Dudelange Tél. : 516121-2949). Toutes ces représentations débuteront à 20 heures.