Cinéma: The Invitation (L’Invitation)
Un film profond, humain, poétique…sur les pas de Pol Cruchten
«Nous baignons dans l’émotion, ce soir», a dit Fabrizio Maltese, lors des premiers mots qu’il a prononcé à l’occasion de la Première Luxembourgeoise de son film «The Invitation» (L’Invitation) à laquelle nous avons assisté récemment pour vous, chères amies et chers amis du Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek.
Fabrizio a expliqué qu’il s’est senti écrasé par la responsabilité qui lui avait donnée pour réaliser ce film. «Je me suis posé la question si je serai vraiment à la hauteur de mettre en images, le rêve de mener à bien cette œuvre cinématographique. Tout au long du film, vous allez constater que la musique d’Emre Sevindik joue un rôle narratif et participe à la réussite de ce film.»
Fabrizio Maltese et toute l’équipe ont réussi un film profond, humain, poétique, social, intense, véritable cri du cœur.
«The Invitation» fait découvrir au public des paysages splendides, des lieux où on ne vit pas, mais où l’on survit, grâce à de sacrées doses d’optimisme. Sous vos yeux, le quotidien de populations en errance, en difficultés se déroule. Même si les paysages sont d’une profonde beauté, avec leurs couleurs profondes, le spectateur découvre avec stupeur comment, le plus souvent, en ces lieux racontés, montrés, la vie est difficile.
Nombreux sont les endroits où l’extrême rareté de l’eau cause problèmes et malaises. Combien de petits villages ou lieux-dits connaissent, seulement depuis une poignée d’années, l’électricité. Pas de médecins, pas de pansements. On se soigne comme on peut, à l’aide de rien, à l’aide de fortune et de chance.
Vous entrerez dans une mosquée, écouterez les chants des muezzins… Vous serez assis au même banc que les élèves d’une école.
L’hygiène ne peut guère être à l’ordre du jour, quand l’eau est une denrée très rare. Pourtant on lit le bonheur et la joie de vivre sur les visages, le sourire des enfants y est véridique, celui des vieilles gens également.
Vous accompagnerez le réalisateur dans des oasis, au bord de l’océan aussi. On vous confirmera que nombreux sont ceux qui veulent fuir ces terres, avec l’espoir de trouver, ailleurs, un peu de bonheur. Les naufrages sont, hélas, nombreux!
Une expression dit que le désert appelle. Pourtant, c’est avec l’océan que le voyage de Fabrizio Maltese commence. Il a accepté l’invitation d’Abderrahmane Sissako à partir en voyage et à poursuivre le film que ce dernier avait initié ensemble avec Pol Cruchen.
De Saint-Louis au Sénégal à Nouakchott en Mauritanie, de Mata Moulana à Chinguetti, Fabrizzio embarque seul dans le désert, avec rien de plus que quelques notes griffonnées sur un bout de papier que lui ont remis les deux cinéastes.
À travers les dunes balayées par le vent et les palmeraies ombragées, à l’abri d’une hutte de boue ou au-dessus de nénuphars de zones humide, nous parvenons à comprendre que le guide de ce voyage n’est finalement pas celui que nous attendions. C’est au côté de l’esprit de Pol Cruchten que nous marchons avec Fabrizio sur la route rocailleuse.
Peaux coriaces et parchemins sablonneux, rencontres surprises et rendez-vous manqués, la cuve du désert devient miroir dans lequel nous découvrons nos quêtes inattendues et avons la possibilité de regarder profondément en nous-mêmes. Fabrizio Maltese donne vie aux deux âmes, à celle de Pol Cruchten et à celle d’Abderrahmane Sissako qui finissent par communiquer et par communier ensemble.
Origines du film et À propos de…
Le regretté Pol Cruchten, décédé bien trop jeune, avait introduit une demande auprès du Film Fund Luxembourg, expliquant qu’il avait en tête la réalisation d’un film qui fêterait sa rencontre avec le réalisateur Abderrahmane Sissako, dans le pays de ce dernier. Aucun scénario n’était joint au projet, juste une vague idée. Au Film Fund, on se souvient qu’il fut demandé à Pol de préciser, au moins dans les grandes lignes, des éléments de son projet de film. Il répondit qu’il suivrait ses intuitions et son inspiration. Il n’existait donc aucun scénario!
Pol Cruchten décéda au mois de juillet 2019, alors qu’il venait tout juste de commencer le tournage de son film. Il fût alors demandé à Fabrizio Maltese de tourner ce film, une œuvre qui serait sans doute bien différente de celle de Pol. Car, il n’existait pas de scénario, rien, aucune piste.
L’origine de ce projet était une amitié entre Pol Cruchten et le réalisateur Abderrahmane Sissako qu’il avait rencontré en 2019 à Saint-Louis du Sénégal, à l’occasion d’un Festival. Le réalisateur de Tombouctou avait invité à Pol à venir dans son pays, à filmer son pays, à le dire, à le raconter.
De ce projet de départ, Fabrizio Maltese a fait son propre film. Fabrizio Maltese est d’origine italienne. Il a réalisé de nombreux films documentaires: «Twenty-Five Palms», «Fifty days in the Desert», «California Dreaming», «I Fiori Persi». Ses films ont connu de beaux succès lors de nombreux Festivals.
Abderrahmane Sissako est né à Kiffa, en Mauritanie. Il a fait ses études à Moscou. Il est le réalisateur d’un grand nombre d’œuvres cinématographiques, dont certaines ont été couronnées par des prix. Son film «Timbuktu» a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes.
Né en 1963, Pol Cruchten, réalisateur, a débuté sa carrière cinématographique avec «Hochzäitsnuecht». Ce fim a été présenté au Festival de Cannes dans le cadre de «Un certain regard». Parmi ses films les plus emblématiques, citons «Never Die Young» et «Voices from Chernobyl».
Production Jeanne Geiben et Vincent Quénault, réalisateur et directeur de la photographie, Fabrizio Maltese. «The Invitation» est une production de Red Lion, co-produit par Joli Rideau Media, avec le soutien du Film Fund Luxembourg. Distribution, Tarantula.