Kultur09. April 2022

Jusqu’au 17 avril, symphonie artistique à Bourglinster

Yvette Rischette, Myriam Zimmer et Wilson Ferreira Martins

de Michel Schroeder

Quel a été notre immense plaisir de découvrir, voici quelques jours, un nombre important de travaux d’Yvette Rischette et Myriam Zimmer, artistes émérites dont nous avions eu, jusqu’à présent, la possibilité de savourer seulement des bribes de leurs réalisations. L’accueillant Bourglinster, gros bourg niché au creux de constellations rocheuses surprenantes, avec son château du 12ème siècle, invite à une sortie à la fois culturelle et gastronomique. Et, le temps des deux prochains week-ends, à de belles rencontres artistiques aussi.

Wilson Ferreira Martins, un autre invité qui expose ses œuvres, grand format cette fois-ci, dans l’annexe du Château de Bourglinster, est lui aussi un brillant artiste qui a beaucoup de choses à dire.

Cette exposition fait partie d’un important panel d’activités mis en place par le collectif d’artistes «K A Bourglinster» qui, porté par l’a.s.b.l. «DanceXperience», est orchestré par l’infatigable ami de l’art et des artistes, Georges Rischette.

En arrivant à Bourglinster, prenez la direction du château, où vous attendent de nombreux emplacements de parking. En arrivant à hauteur du château, n’y entrez pas, mais longez les grands bâtiments qui se trouvent à votre droite. Tout au fond, une porte ouverte. Glissez-vous à l’intérieur du bâtiment. En quelques enjambées, gagnez le premier étage et, là, une véritable symphonie artistique vous accueillera.

L’exposition est visible les vendredis, samedis et dimanches, de 14 à 18 heures.

Les créatures magiques d’Yvette Rischette

Membre du «Letzeburger Artisten Center» (LAC) et de l’«ARC Kënschtlerkrees», Yvette Rischette a remporté, en 2016, le 1er prix en peinture lors du Salon international d’Art contemporain d’Esch-sur-Alzette. Je ne reviendrai pas ici sur le parcours particulièrement riche de l’artiste, dont nous avions seulement vu, à chaque fois, quelques-unes de ses œuvres, lors d’expositions collectives.

Je ressens, chez Yvette Rischette, des êtres qui se rencontrent, qui se croisent, de la tendresse, mais aussi une certaine détresse. Des regards anxieux et creux hantent l’une ou l’autre de ses peintures, beaucoup d’animaux magiques, issus de sa très fertile imagination. Ces créatures étranges semblent à l’aise dans l’infini de l’éther.

Le corbeau Jaco de Madame Rischette est le roi. Il a quitté avec raison sa cage, mais il lui arrive parfois de s’y sentir à l’aise. Ah, chère artiste, quand on prend le temps de rester debout (ou assis) face à vos peintures, on peut passer de longs moments à y cheminer, à la recherche de tout ce bestiaire que vous y placez avec goût.

Ses travaux permettent la fusion entre deux espèces, l’animale et l’humaine. «Magical time», tableau aux couleurs agréables, rempli de poésie, est un clin d’œil aux contes de notre enfance, avec renards, loups, cochons. La forêt du chaperon bleu est gorgée de champignons féériques.

Vous y verrez également, en plus de ses nombreuses peintures, 12 grands et 2 petits skateboards de l’artiste.

La terre vibre sous les doigts de Myriam Zimmer

Poursuivons avec une Dame, douée dans le domaine de la sculpture, avec ses terres cuites patinées. Nous avons déjà eu à maintes reprises le plaisir de voir ses réalisations.

Cette fois, Myriam Zimmer expose de nombreuses sculptures, ce qui nous permet d’avoir une belle vue d’ensemble de son talent. L’homme et les animaux font partie de ses créations les plus importantes. On sent que sous ses doigts vibre la terre, la matière. Avec aisance, elle soumet ce qu’elle palpe à son imagination, et de là naissent ses œuvres, belles, attirantes, toujours réussies.

L’artiste a exposé à «Konscht am Minett», au Salon d’Art contemporain d’Esch-sur-Alzette, à Art Vivant Differdange, aux Fuels Box, à la CUEVA.

Wilson Ferreira Martins nous tend la main

Wilson Ferreira Martins est un tout jeune artiste, issu du «street art». Il nous a avoué qu’il préférait exprimer ses pensées en peinture. Ses grands formats, il les peint en acrylique sur des toiles en coton. Il y ajoute de la craie.

Il s’aventure sur les terrains de la guerre, de la vulnérabilité, de la mort, du suicide… Ses œuvres sont percutantes et ne laissent pas indifférent. L’artiste est passeur de messages, provocateur de réflexions.

Wilson Ferreira Martins nous est proche, parce qu’il porte nos souffrances, nos colères, nos exaltations, nos joies, nos peines… Il est hypersensible et parvient à capturer l’essence même de bien de questions existentielles.

Il est végétarien, et ne supporte pas l’idée qu’un animal puisse souffrir. Pas un animal, signifie pour lui, pas même un poisson.

Wilson Ferreira Martins éprouve de grandes inquiétudes lorsqu’il pense à toutes les injustices qui régissent notre monde. Finalement, il nous aide à comprendre d’où viennent nos peurs, nos joies, nos tristesses, nos émotions. Je vous invite à lire attentivement ses notes qu’il a placées à côté de ses travaux.

Merci à lui, et merci également aux deux autres artistes, de nous inviter dans leurs univers.