Kultur10. Januar 2023

A la Fondation Valentiny, Remerschen, jusqu’au 2 février

Rencontre avec les céramiques d’Ellen Kunz

de Michel Schroeder

M’asseoir au tour de potier est à chaque fois un moment de pur bonheur et de magie, nous a confié l’artiste Ellen Kunz, dont l’exposition des plus belles pièces se tient à la Valentiny Foundation à Remerschen jusqu’au 2 février.

Amies lectrices et amis lecteurs, nous vous invitons à vous laisser séduire par la finesse des réalisations d’Ellen. Votre regard enchanté glissera d’une œuvre à l’autre, avec toujours la même admiration.

Un désir incessant de créer des formes

Elle Kunz avoue avoir eu la chance d’apprendre auprès de l’un des céramistes les plus renommés d'Allemagne, Wendelin Stahl. Ce après avoir commencé sa formation dans le sud de la France auprès de Pierre Dutertre et avoir obtenu son diplôme de l’école du verre de Rheinbach, près de Cologne.

Travailler la matière éveille toujours chez l’artiste un sentiment de tristesse face à la beauté, un vague à l’âme en relation avec la philosophie japonaise. Cette réaction naît chez elle à cause de la fugacité de la création, de la fragilité aussi.

Vous savez, nous a-t-elle expliqué, que je me sens très proche du concept de compréhension japonaise de l’esthétisme. J’éprouve un respect vivace et vivant envers la particularité des choses. Oui, je suis pris par une attraction impossible à freiner, celle de mon désir incessant de créer des formes. Suis-je artisan ou artiste, à vous de me le dire. En tout cas bat dans chacune de mes réalisations, mon cœur.

Grés, faïence et argiles raku

Ellen Kunz joue des tonalités différentes. Chacune parle son propre langage. Elle joue également avec différentes matières : le grès, la faïence et les argiles raku. Mais elle éprouve toujours la même fascination pour la porcelaine, tout comme pour le design qu’elle crée et renouvelle à chaque fois.

Elle appelle la porcelaine l’or blanc. Elle nous explique que la porcelaine possède sa propre mémoire. Etant donné que cette matière ne tolère pas la moindre erreur, l’artiste est précise et patiente.

Ellen nous a expliqué ne pas aimer les glaçures, qu’elle préfère polir les surfaces de ses récipients à l’aide d’agates, ou de les laisser dans leur nudité. Il est important, à ses yeux, que les formes aient leur propre vie.

L’artiste apprécie beaucoup affiner ses œuvres, y mettre la touche finale. C’est comme les dernières notes d’une symphonie, c’est exaltant.

Le feu leur donne une apparence unique

Chaque porcelaine est cuite à deux reprises dans un four électrique. Ensuite l’or est appliqué. Puis elles sont replongées dans un feu à 800° C. Quand elles sortent du feu, elles renaissent en quelque sorte de leurs cendres, comme un Phénix. Le feu leur a apporté cette apparence absolument unique.

La porcelaine est un matériau exceptionnel et sensuel, mais difficile, il nécessite beaucoup d’expérience, de pleine conscience et de perfection. Sa translucidité est incomparable, unique et toujours d’une captivante beauté. L’artiste travaille également la porcelaine noire, bleue ou orange. Celles-ci ne sont pas translucides, mais elles possèdent une brillance supérieure.

Dialogues africains et asiatiques

Ellen Kunz a réalisé de nombreuses œuvres dans la série «Dialogues», des dialogues africains, ainsi que des dialogues asiatiques. Ses travaux créés dans cette série sont destinés à construire des ponts entre les mondes, les cultures et les techniques. Certains récipients ont été créés dans le but de vénérer des femmes africaines, ces femmes qui sont à même de créer des contenants à l’aide de leurs seules mains.

Ellen réalise également avec beaucoup de bonheur des vases et autres objets pour ses dialogues asiatiques. Son enthousiasme pour la céramique japonaise ne cesse de grandir, les Japonais ne sont-ils pas passés maîtres dans la recherche des formes parfaites ?

L’artiste nous a expliqué de quelle façon elle réalise ces travaux : «Ces récipients ne sont pas tournés sur le tour du potier. Ils sont construits de manière primitive. Je les polis minutieusement à plusieurs reprises. En conséquence, les particules d’argile se condensent, créant des surfaces uniques et gracieuses. La combustion a lieu dans un feu ouvert. Les motifs sont des silhouettes. Elles me permettent de définir un accent archaïque. Cette façon de travailler, je l’ai expérimentée pendant les restrictions dues au Coronavirus. Ce fût, pour moi, un retour aux choses simples. J’aime le travail en harmonie avec les éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu. Je remplis mes récipients et créations de façon organique, je les remplis ainsi de vie. Les parois de ces œuvres sont minces. Elles respirent et sentent bon la nature. Ces réalisations sont sensuelles. Elles rappellent le cuir, ainsi que le bois chaud.»