Kultur

Linda Graf : Passeuse de mots, porteuse de sensibilités romanesques

Linda Graf : Date de naissance : 15/02/1967. Lieu de naissance : Dudelange. Linda a été élève à l’école primaire de Kayl, étudiante au Lycée Hubert-Clément d’Esch-sur-Alzette, puis elle a accompli des études pédagogiques. Aujourd’ hui, elle est institutrice à Weiler-la-Tour.
Linda Graf explore les mots, les sentiments, irrigue nos sensibilités de textes d’une grande et puissante beauté. Elle émaille nos sens de sensualité, d’émotions, de vertiges aussi.

Beaucoup de philosophie dans ses livres. Celle du quotidien de nos contemporains.

Elle voue un culte de prédilection à la Grèce, pays qui apparaît et transparaît majoritairement dans son œuvre.

Je vous invite à explorer l’œuvre littéraire de Linda Graf, une œuvre déjà majeure au bout de quatre livre, une œuvre qui en tout cas mérite déjà que nous consacrions en nos pages, un portrait d’auteur à Linda.

Ecrire est pour la jeune femme une seconde peau, une passion. Sans elle, elle sombrerait dans dieu sait quels dédales de l’âme humaine, de l’excentrique.

Linda Graf exprime, dit, le vivre bien, le vivre mal, le vivre dans la folie du temps, aux limites des expériences existentielles dans son recueil de nouvelles publié aux Editions Op Der Lay (www.opderlay@pt.lu/opderlay@pt.lu) sous le titre Besoffen von der Einfachkeit. On déguste les textes de Linda Graf, tout comme on apprécie la douceur du vent, le suc d’un vin parfait, le calme d’une île sous les tropiques. On rit des larmes de bonheur et on pleure des éclats de rire, cheminant à la découverte des mondes qu’elle crée, microcosmes majeurs, parfois gigantesques univers du dedans et du dehors, de ses personnages. Elle dit les relations sexuelles, comme d’autres diraient un repas dans une brasserie sur la lune, elle dit l’immensité des sentiments, leurs couleurs, comme d’autres diraient les nuages bas qui planent sur une cité engourdie. Pipino est un petit vieillard de soixante-quinze ans, mais son appétit pour les jolies filles n’a en rien diminué… Ainsi, de texte en texte, nous sommes transportés dans l’univers « Linda­gra­fien » : la Grèce, lents glissements de mondes réalistes vers des mondes fantastiques. Linda Graf écrit sur l’humain, des îles bercées par un soleil idyllique, l’amour, des hasards inhabituels. Dès son premier livre, elle a trouvé un style bien à elle, dégagé, sensuel…..Ce recueil contient 6 nouvelles : Besoffen von der Einfachkeit ; Der ermordete Spiegel ; Leos Geistesblitz ; Oscars Hexe ; Die Hunde sind weg ; Die Begegnung.

C’est à un fabuleux voyage dans le « Jardin des Sens » que nous convie Linda Graf avec son second livre, un roman, publié sous le titre Maximilians Schlaf aux Editions Phi (http://www.phi.lu). Lecture vivifiante s’il en est, invitant le lecteur à la découverte d’une femme particulière, ou peut-être pas si particulière que çà, Kim, Kim la tendre, Kim la sensuelle, Kim la sexuelle, Kim magique, Kim échappée, le temps d’un roman de 127 pages, de l’imagination sans limites de Linda Graf. Maximilian et Kim, un mariage qui prend date, vingt ans, sans enfants, parce que ce fut là leur souhait, consommer une vie de couple pour le couple, sans progéniture aucune. Quel est le sens véritable d’une telle vie, est-il idyllique, ou maudit, est-il supportable ou au contraire misérable ? Le couple vit dans un village, perdu au milieu de prairies, d’exploitations agricoles. Est-il possible de parvenir à un sein équilibre, à une vie pleine, dans une telle situation ? Puis, un jour, ce sera, Maximilian et Kim, la nuit, puis en parallèle, Kim et Justin, le jour. Justin, un portugais, âme qui a perdu femme et enfant, lors de l’effondrement d’un pont, au Portugal. Dans cette relation, Kim trouvera des satisfactions intellectuelles et culturelles inconnues jusque-là, pour elle. Si l’on me demandait de résumer en deux mots ce très beau roman, je reprendrai le texte de la quatrième de couverture : « Je suis deux femmes, une femme de jour et une femme de nuit. La nuit je ne pense pas au jour, mais pendant la journée je pense à mes nuits ». Sulfureux, oui, non, oui, bref je vous laisse juger. A lire sans plus tarder.

Linda Graf a fini par me conquérir de façon définitive, une fois que j’ai eu terminé la lecture de son troisième livre, un roman, publié aux Editions Saint-Paul (www.editions.lu) sous le titre Nach dem Regen. Dans ce superbe roman elle dit le couple, le quotidien, un quotidien avec ses côtés roses et ses facettes obscures. Des facettes tristes qu’il est toujours possible de contourner, d’éviter. Dans Nach dem Regen, l’auteur met en scène trois couples. Sommes-nous projetés dans la vie telle qu’elle est, ou Linda Graf projet-t-elle dans notre subconscient, des êtres qui n’ont de la chair et du sang que l’apparence. La vérité se situe entre les deux, car l’auteur possède ce don extraordinaire de se « faufiler » dans le magma des relations humaines, fussent-elles fusionnelles ou destructrices. Ainsi va la vie, ainsi vont les couples, ainsi va le liminaire des humaines relations. Ce troisième livre de l’auteur est d’une grande maturité littéraire, plein de finesses, d’analyses quasiment rituelles des personnages, de leurs sentiments, de leurs dérives, de leurs frustrations, de leurs joies, de leur exubérance. Linda Graf ciselle les phrases, comme elle ciselle ses personnages, leur donnant vie.

Si vous prenez la décision de ne lire qu’un seul livre de Linda Graf, par manque de temps, alors je vous invite à vous plonger dans la lecture de son tout nouveau roman, publié aux Editions Saint-Paul (www.editions.lu) sous le titre Drei Pinien Motel. Un roman qui possède toute la magie de l’ailleurs, des grands espaces d’un pays envoûtant, des grands espaces des sentiments et de l’âme humaine. Liz vous séduira, vous deviendrez sa complice, vous jubilerez avec elle, vous souffrirez avec elle. Lillooet, Canada, plus précisément situé en Colombie Britannique. L’auteur a séjourné elle-même au « Drei Pinien Motel », elle s’est imprégnée de la magie de cette superbe région. Au passage, je vous confie que Linda Graf est mariée à un Canadien. Dans ce roman vous ferez la connaissance de Liz, une luxembourgeoise qui tente d’oublier, dans ce coin reculé du Canada, une relation qui vient se s’éteindre ou plutôt de se briser. La communion nature-émotions sera-t-elle rédemptrice ? En tout cas, voici un road-movie insulaire, parce que l’amour est un « continent d’îles ».

Linda Graf est possédée par l’écriture, laissons nous posséder par ses livres et lisons-les sans plus tarder.

Avant de nous quitter, je vous invite à découvrir la dimension romanesque chez nos Editeurs luxembourgeois :
Aux Editions Saint Paul (www.editions.lu) : Dem Honoré M. säin trauregt Lous de Emil Angel ; Gartenzwerge küsst man nicht de Monique Philippart ; Von Queen Victoria zu Karl May de Emil Angel ; Pleurs sur Dubrovnik de Georges Goedert ; Die Männer im Schatten de Marc Graas ; Die heiligen Ratten von Deshnok de Georges Hausemer ; Tal der Tränen d’Edmond Schmitt ; Die Frau aus dem Flugzeug d’Edmond Schmitt ; Auf Winters Schneide d’André Link.

Aux Editions Guy Binsfeld (www.editionsguybinsfeld.lu) : Aacht Deeg an der Woch de Jhemp Hoscheit ; Iwwer Bierg an Dall, Lëtzebuerger Auteuren op der Rees (textes en allemand, luxembourgeois et français) ; Iwwer Grenzen, Geschichten aus der Groussregioun, (textes en allemand, luxembourgeois et français) ; Der Duschenkriger, eine transsibirische Reise de Susanne Jaspers ; Servais de Margret Steckel.

Michel Schroeder