Cinéma : «Small things like these»
Le scandale des couvents de la Madeleine, en Irlande
Dans son film «Small things like these», avec dans les rôles principaux Cillian Murphy, Claire Dunne et Emily Watson, Tim Mielants aborde l’histoire des laundries de Magdalene en Irlande. Après avoir été présenté en première mondiale à la Berlinale en février, ainsi qu’en film d’ouverture du Festival de cinéma de Gand. A Berlin, cette œuvre cinématographique a remporté l’Ours d’Argent de la meilleure interprétation secondaire pour Emily Watson.
Adapté du roman de Claire Keegan, «Small Things like these» raconte les scandales des couvents de la Madeleine en Irlande, institution catholique qui était convaincue qu’ils allaient rééduquer des femmes perdues qui avaient eu des relation sexuelle hors du mariage. Cette œuvre âpre, mais aussi de forte poésie est porté par la performance de ses acteurs.
Nous découvrons la vie de Bill Furlong, ce marchand de charbon et de bois de Wexford, en Irlande. Cet homme travaille dur, très dur pour sa famille et, à l’approche des fêtes de Noël 1985, alors qu’il y livre bois et charbon, Bill devient suspicieux envers le couvent local et ses blanchisseries («laundries»). Les «laundries», définitivement fermées en 1996 étaient ces gigantesques blanchisseries, le plus souvent dirigées par des sœurs de couvent et où des femmes montrées du doigt par la bonne société, travaillaient quasiment en état d’esclavage.
Ce film déterminé à parler de situations quasiment inimaginables est une ouvres sociale intense.
Bill mène avec succès sa petite entreprise, faisant vivre sa famille. Il est papa de cinq filles. Chaque matin, il livre le couvent local et s’il s’efforce un temps de détourner le regard, de nier les sévices qu’il y observe. Peu à peu, il se souvient de son propre passé et à la brutalité de l’Eglise. Il sait qu’il va devoir agir, quitte à bousculer sa propre existence et à mettre en péril l’avenir et le devenir des siens.
Mutique, hypnotique et particulièrement brillant, Cillian Murphy dans le rôle du marchand de charbon et de bois, incarne un personnage complexe, enseveli sous une forme de timidité et hanté par son passé. Face à lui, Emily Watson incarne une sœur à l’autorité froide, menaçante, avec une intensité incroyable.
Ces «laundries» créées au XVIIIème siècle, accueillaient ces femmes dîtes tombées, qui y travaillaient sans rémunération, sous la surveillance stricte des sœurs qui les dirigeaient. Suivant les estimations, entre 1790 et 1996, environ 30 000 femmes et filles y ont été retenues et maintenues.
Les errements de ces institutions incarnant l’abus du travail de jeunes et d’enfants par les pouvoirs publics en Irlande, parmi d’autres dysfonctionnements généralises des institutions destinées à recevoir la jeunesse. Bon nombre de ces blanchisseries étaient exploitées comme des maisons de travail pénitentiaires, leurs régimes stricts étant souvent plus sévères que ceux des prisons. Ces filles étaient souvent des adolescentes placées dans ces institutions, souvent pour un motif futile, où elles étaient contraintes de travailler sous la direction de nonnes.