Ott Neuens à Remerschen jusqu’au 22 janvier
Originalité et intensité d’œuvres lumineuses
En visitant l’exposition d’Ott Neuens, visible jusqu’au 22 janvier inclus à la Fondation Valentiny au 34, route du Vin à Remerschen, vous découvrirez une expression artistique sans précédent, composée d’émotions, d’une inventivité toute en sérénité. L’espace d’exposition est ouvert du mercredi au vendredi, de 15 à 18 heures, les samedis et les dimanches de 14 à 18 heures.
L’artiste a travaillé des matières que peu d’artistes ont la capacité d’utiliser pour réaliser leurs tableaux, le lapis lazuli, le jade, l’émeraude, le diamant, le rubis, ainsi que l’or.
L’artiste fût instituteur attaché au Ministère de l’Education Nationale où dans le cadre de ses fonctions, il réalisa l’ensemble des manuels scolaires destinés à l'enseignement primaire. Sa philosophie consista à éditer de très beaux manuels scolaires pour développer, parallèlement aux compétences disciplinaires, le goût esthétique des enfants.
Après avoir parcouru la Galerie, regardant avec attention les œuvres exposées, j’ai pris place, tout comme l’artiste, dans un fauteuil pour parler de son travail, tandis que Ming réalisait les photos qui serviraient à illustrer notre reportage.
Entretien avec l’artiste
«Pendant bien des années, je faisais partie des artistes dont l’art est abstrait. Tout en continuant à réaliser des œuvres abstraites, je me suis mis à réaliser des tableaux figuratifs, aux importantes touches poétiques : arbres, nature, forêts, pluie, personnages… Cela me plaît beaucoup, à mon public également.
La couleur bleue que j’utilise est du lapis lazuli des Himalaya. Les anciens égyptiens ont beaucoup travaillé le lapis lazuli, ainsi que l’or, dans les temples. Mon lapis lazuli provient d’Afghanistan. De nos jours, il est très difficile d’en recevoir, mais j’ai réussi à trouver une source qui peut me le procurer.
Je concasse les pierres, les transforme en poudre. En premier, j’applique la poudre sur la toile, puis j’ajoute des cristaux. J’utilise un fixatif, composé d’alcool, ainsi que de résine. Grâce à cette méthode, le lapis lazuli regagne se couleur originale. Je concasse également des émeraudes, des rubis, du jade chinois. Ces pierres, je les utilise sous forme de poudre, mais également en cristaux. Les cristaux apportent de la lumière à mes travaux. Par exemple, à l’aide des diamants j’obtiens un vert très sensible.
Vous me posez la question comment je parviens à utiliser des pierres précieuses alors que leur prix est fort élevé. L’explication est simple, lors de la fabrication de bijoux, il y a de la perte. Et cette perte, il est impossible de l’utiliser pour fabriquer d’autres pièces. Je peux l’acquérir à petit prix, parce que je me fournis directement aux sources. Ce que je fais, finalement, est du recyclage. Du recyclage tout de même couteux, malgré tout mes prix sont très démocratiques, puisque je vends mes petits formats à deux-cents euros pièce.
Maintenant, je vous invite à parcourir l’exposition avec moi.»
Il réalise depuis peu également des œuvres figuratives
Ott Neuens a derrière lui un beau parcours. Il s’est fait connaître en appliquant sur ses toiles de la cire d’abeilles qui, par des reliefs tactiles obtenus par la technique en states, a donné une touche inédite à ses peintures. Dans le cadre de l’exposition «L’abeille comme source artistique», il a exposé avec d’autres artistes, ses œuvres réalisées à base de cire d’abeilles au Natur Musée, à Luxembourg.
Il aime représenter la Terre, cette terre qui l’occupait et le préoccupait, le passionnait. C’est elle avec ses monts et vallées, ses falaises, ses crevasses, ses pierres, ses lacs, ses sentiers et traverses qui nourrit son inspiration. Il est fasciné par la multitude et l’immense variété de ses couleurs. Aucune couleur artificielle ne trouve grâce aux yeux de cet artiste. Il trouve dans les alvéoles de cire des ruches d’abeilles la substance magique propre à fixer les pigments dans une parfaite harmonie.
Aujourd’hui, s’il continue à réaliser des œuvres abstraites, il réalise avec autant de talent des œuvres figuratives dans lesquelles on voit des arbres, la nature, des forêts, la pluie, ainsi que des personnages. Il partage avec nous de la lumière, ainsi que son imagination tout emprunte de calme, ainsi que d’émotions.
Une œuvre à l’aspect cosmique
Etant donne que l’artiste est lui-même présent tous les jours à la Fondation Valentiny, il n’hésitera pas à vous raconter tant de choses merveilleuses. Il vous fera voyager de l’Egypte à l’Afghanistan, en passant par Idar-Oberstein, en Allemagne !
À l’aide de la poudre d’émeraude il éclaire le fond de sa toile et apporte à son œuvre un aspect cosmique. Avec la poudre de rubis, il nous plonge dans le rêve de pays lointains. Il a trouvé son inspiration dans les architectures des anciens Egyptiens couvertes de cette écriture sacrée que représentent les hiéroglyphes et servant de support pour une transmission de messages d’outre-tombe. Les Egyptiens ont utilisé dans leurs pyramides et dans leurs temples surtout du lapis lazuli et de l’or pour assurer le témoignage de la continuité humaine au-delà de la mort.
La renommée de l’artiste est internationale. Plusieurs livres et catalogues ont été consacrés à son œuvre, dont celui de Patrick-Gilles Persin, historien et critique d’art parisien. Persin a assuré le commissariat de plus de trois cents expositions consacrées à l’art moderne et contemporain.
Ott Neuens a exposé ses œuvres à Luxembourg, Paris, Cannes, Strasbourg, Pérouges, La Baule, Trèves, Berlin et Knokke.
Il est le premier artiste luxembourgeois à avoir été admis pour exposer à la Galerie du Musée des Princes de Savoie à Pérouges, près de Lyon, où ont exposé Chu Teh Chun, Schneider, ainsi que Hartung.