Kultur21. Mai 2022

Expo «Huddelafatz» à Lasauvage, jusqu’au 29 mai

Les bleus de travail mis à l’honneur

de Michel Schroeder

Avec l’exposition de Caroline Koener et Misch Feinen, nous sommes en terre connue et inconnue, au coeur de la mémoire collective. Ils rendent hommage au bleu de travail, au monde des travailleuses et travailleurs, au passé industriel laborieux de la région. Allez voir cette exposition, et profitez de l’occasion pour faire une escapade à Lasauvage, village où il vous sera possible de vous promener, de flâner autour de ses magnifiques étangs, de visiter le Musée Eugène Pesch, d’assister avec vos enfants à une représentation de théâtre de marionnettes à la Poppespënchen, ou encore de faire un petit tour à bord du train minier «Minièresbunn».

Gagner sa croûte à la sueur de son front

Le jour du vernissage, l’échevin de la Culture, Tom Ulveling, et Frédéric Humbel, directeur du Minett Park (www.minettpark.lu), ont salué le côté très humain de l’exposition, et souligné que nos deux artistes sont nés dans des familles d’ouvriers. «Oui» a dit avec beaucoup d’émotion le directeur du Minett Park, «aujourd’hui, à l’occasion du vernissage je porte un costume, mais les tenues de travail que portaient ouvrières et ouvriers, étaient comme une seconde peau, dans lesquelles ils transpiraient, car ils gagnaient leur croûte à la sueur de leur front ! Cette exposition est bourrée d’émotions, c’est une joie de pouvoir la présenter sur ce site dédié aux mineurs et aux mines».

Une ode à la mémoire ouvrière

Misch Feinen a souligné que cette exposition avait été, pour lui, une véritable ode à la mémoire ouvrière des siens. «Je suis le premier de ma famille» a-t-il précisé, «à ne pas travailler en usine. Mais depuis que je réalise des travaux artistiques, je suis souvent amené, à travailler en bleu de travail».

Caroline Koener a expliqué qu’elle travaillait dans le milieu du cinéma, et qu’elle était régulièrement dans les musées, à la recherche de tenues de travailleuses et de travailleurs. «J’aime confectionner aujourd’hui des produits qui ont une histoire et qui soient recyclables».

De nombreuses facettes du vêtement de travail

Quand vous entrerez dans la «Salle des Pendus», je vous invite à feuilleter attentivement l’album qui est mis à votre disposition.

Vous y trouverez des collages réalisés à partir de photos, d’articles et de documents extraits de magazines. Vous découvrirez bien des facettes des vêtements de travail portés par des ouvrières, ainsi que par des ouvriers : tabliers de cordonnier, tabliers de soudeur, d’ouvrières travaillant dans les filatures, ainsi que les habits portés dans les brasseries, les ateliers, les usines, ou encore par les vendeuses etc.

Au fil de cette exposition très proche de l’humain, et réaliste, vous verrez des tenues de travail portées sur des chantiers de construction, dans des aciéries et laminoirs, ainsi que des chaussures de travail.

Des «Rucksack» sont aussi exposés, ces sac à dos dans lesquels ouvrières et ouvriers transportaient une boisson, et de quoi manger. Mon père ayant travaillé au service de gardiennage de l’usine Métallurgique et Minière de Rodange - Athus, je me souviens que, enfant, lorsqu’il rentrait du travail, je me précipitais vers lui afin de vérifier si son «Huesesack» (sac de lièvre) contenait un petit quelque chose pour moi. À cette époque, il y a belle lurette, dans ma région du bassin minier où je vis depuis toujours, les pères, lorsqu’ils rentraient de l’usine, racontaient à leurs enfants que l’un ou l’autre lièvre venait déposer quelque chose dans le sac qu’ils emportaient au travail. Ceci pour l’anecdote.

Dans cette exposition, vous verrez également, entres autres, une table de repassage et une machine à coudre. Les artisans, artistes, de cette exposition, ont posé pour les lectrices et lecteurs du Zeitung.

Au sujet de ces artisans artistes

Caroline Koener, 34 ans, est une costumière luxembourgeoise diplômée. Elle crée des costumes de théâtre, de danse, ainsi que pour le cinéma. Elle fait partie de l’association «De Main de Maître». Dans le milieu du cinéma et de l’audiovisuel, elle a travaillé pour des films d’Andy Bausch, de Jaco Van Dormael, de Felix Koch… Elle a également travaillé pour le Grand Théâtre de Luxembourg, l’Escher Theater, ou encore le Théâtre du Centaure.

Elle a démarré avec une petite production locale. Rapidement, elle a été confrontée à de multiples défis : trouver le tissu adapté, produit localement et de façon écologique ; trouver une teinture écologique ; choisir un mode de production réalisable dans un contexte local, où de nos jours il s’agit plutôt d’un désert en la matière ; viser une possible rentabilité, pas vraiment évidente. Finalement, l’équipe a opté pour le lin, matière première du nord de la France, tissé et teinté en Flandre. L’assemblage se fait dans l’atelier de Dalheim.

Misch Feinen a fait des études en arts plastiques à Strasbourg. Comme artiste indépendant, il travaille sur l’histoire industrielle, les paysages construits et déconstruits, à l’aide et au travers de photographies, de dessins, ainsi que d’objets en acier.

Misch Feinen est également membre de groupes musicaux et de collectifs comme «Maskénada» et «Dkollektiv». Auteur de textes expérimentaux, d’installations et de projets de théâtre, ses engagements visent à conserver et à promouvoir la culture artisanale industrielle.

L’exposition «Huddelafatz» de Carolin sera visible jusqu’au 29 mai, à la Salle des Pendus à Lasauvage. Cette salle se situe à deux pas de la Brasserie de la Mine, à la hauteur du 153, rue Principale.

L’exposition est organisée par la Ville de Differdange, le parc industriel, naturel et ferroviaire Minett Park, et par la Commission culturelle de la Ville de Differdange.