Luxemburg

Lettre ouverte

Vague de froid au nouveau Lycée Technique Mathias Adam

Personne n’aime emménager dans une maison qui n’est pas fonctionnelle encore. Pourtant c’est ce que vous avez exigé des élèves, des enseignant(e)s et de tout le personnel technique et administratif en septembre 2008, quand vous avez ouvert les portes du nouveau LTMA, en plein chantier encore. Malgré la poussière omniprésente qui n’arrangeait pas du tout les personnes allergiques, malgré les ouvriers qui dérangeaient le déroulement des cours, malgré de nombreuses salles inachevées, malgré un flagrant manque d’infrastructure nécessaire à un enseignement digne de ce nom, malgré un restaurant scolaire aux repas indigestes, malgré un système d’alerte hors service, les enseignant(e)s ont décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de donner tout d’abord une chance aux responsables afin de remédier au plus vite à toutes ces carences.

Mais maintenant, une semaine avant l’inauguration officielle de notre lycée, le vase déborde, car la situation est toujours intenable. Avec les températures extérieures qui chutent, nous devons enseigner et séjourner dans des salles froides. Dans plus de 30 salles de classe (1/3 du nombre total), les radiateurs ne réussissent pas à dégager suffisamment de chaleur, de sorte que mercredi et jeudi passés, la direction a dû renvoyer une vingtaine de classes, parce que les températures étaient trop basses dans les salles (inférieures à 18°C). Les grandes salles de réunion n’atteignent une température normale que si la température extérieure ne tombe pas au-dessous de 0°C. Les radiateurs installés se révèlent maintenant trop petits pour garantir une température suffisante, de sorte que les personnes responsables prévoient d’en installer de plus grands. Dans les salles d’ateliers trop froides aussi, les radiateurs ont été installés au plafond, alors que les élèves apprennent dans le cours de physique que l’air chaud monte et ne descend pas. Une fausse alerte au feu a fait que des fenêtres ne se laissent plus fermer dans la salle de gymnastique, de sorte que le froid y règne.

Très désagréable est aussi le système de ventilation dans les salles de classe. Du côté des fenêtres, un courant d’air permanent circule du plafond au sol. Les enseignants peuvent y échapper en se déplaçant, mais pas les élèves assis de ce côté. Tant pis pour les frileux et les sensibles ?

Des stores ne fonctionnent déjà plus, ne se laissent pas monter ou descendre. Les clés des boîtiers des stores ne sont toujours pas disponibles, de même que les clés pour fermer les salles de classe, ce qui rend difficile la surveillance et risque d’augmenter les actes de vandalisme et les vols.

Sur la plupart des plans d’évacuation, il n’est pas possible de déchiffrer le chemin d’évacuation le plus court que les élèves doivent emprunter en cas d’évacuation.

Bien que le nombre d’élèves ait quasiment doublé et donc aussi le travail administratif, la Ministre responsable se dit incapable d’engager du personnel compétent supplémentaire. Le personnel technique et d’entretien croule sous le travail et là aussi, on ne veut pas embaucher de la main-d’œuvre supplémentaire. Dans les départements des sciences deux appariteurs font défaut. Les enseignants en sciences naturelles et en biologie sont très en colère. Après un trimestre extrêmement difficile (allers-retours constants entre l’ancien et le nouveau lycée, enseignement dans le nouveau lycée sans aucun matériel didactique disponible, travaux pratiques réalisés dans le nouveau LTMA sans matériel de laboratoire mis en place) et un déménagement laborieux, ils se retrouvent à présent seuls, sans appariteur, pour gérer 6 salles de classe et de TP. Dans ces conditions, ils sont, malgré eux, incapables de réaliser un travail de qualité.

Bien que le nouveau bâtiment soit gigantesque par rapport à l’ancien, nous avons déjà des classes ambulantes. A quand le retour des »containers« ?

Bien que la Ministre de l’Education attende de ses enseignant(e)s un enseignement par compétences, elle laisse aux écoles le soin d’organiser le matériel audio-visuel nécessaire.

La patience de nos collègues est à bout. Trop longtemps, les responsables nous ont pris à froid. C’est difficile de garder la tête froide, quoiqu’on soit bien au froid. Vendredi prochain, les ministres responsables entendent inaugurer officiellement notre nouveau lycée qui, malgré les promesses de remédiation, est encore loin du paradis qu’on nous avait prédit.

Si la situation actuelle est désagréable pour les enseignant(e)s, il faut souligner que les principales victimes sont les élèves qui sont dans le pétrin toutes les journées durant.

Sans doute qu’un jour notre lycée sera merveilleux, mais ce n’est pas parce que les élections approchent qu’il faut à tout prix mettre en service et inaugurer un bâtiment qui n’est pas parachevé.

Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, veuillez vous vêtir chaud, car l’accueil risque d’être de glace, au propre comme au figuré…

Au nom de tous les mécontents du nouveau LTMA, le Comité des Enseignant(e)s vous prie d’agréer, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments refroidis.

le Comité des Enseignant(e)s du LTMA