Congés scolaires pour raisons religieuses
Pourquoi des congés pour les uns... et des absences justifiées pour les autres ?
La fête de l’Aïd el-Kebir, qui marque la fin de l’hajj , le pèlerinage annuel aux lieux saints de la ville de La Mecque en Arabie saoudite, est une des fêtes les plus importantes des musulmans.
A cette occasion, la ministre de l’Education nationale a envoyé une lettre aux présidents des comités d’école dans laquelle elle demandait d’informer les collègues »de bien vouloir accepter les justificatifs écrits des parents musulmans pour l’absence en classe de leur enfant, soit le vendredi 27 novembre, soit le samedi 28 novembre.
Ce fait à provoqué la réaction du député Fernand Kartheiser, pour qui, selon la législation, les seules raisons d’absences et de dispenses de l’obligation scolaire sont la maladie de l’enfant, le décès d’un proche et le cas de force majeure, et que, d’autre part, les 27 et 28 novembre 2009 ne font pas partie des jours de congé ou de vacances prévus par le règlement grand-ducal du 10 juin 2008.
Il a interpellé Mady Delvaux-Stehres, la ministre de l’Education nationale, et lui a notamment demandé si elle ne considère pas, qu’au travers de cette lettre, elle avait invité tout le corps enseignant de l’enseignement fondamental à enfreindre la loi et, si ce n’est pas le cas, sur quelle base légale elle s’est appuyée pour agir de la sorte ?
Il souhaite aussi savoir si elle comptait en faire de même pour les enfants d’autres communautés religieuses, et comment elle envisageait le rattrapage des cours dispensés ces jours là ?
Dans sa réponse, la ministre rappelle au député que la loi du 28 novembre 2006, une transposition de la directive européenne 2000/43/CE du Conseil, relative à l’application du principe de l’égalité de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d’origine ethnique, proscrit, à l’article 1er, toute discrimination directe ou indirecte fondée sur la religion ou les convictions, l’handicap, l’âge, l’orientation sexuelle, l’appartenance ou non appartenance, vraie ou supposée, à une race ou une ethnie.
Elle estime donc que si les élèves catholiques bénéficient de jours de congés officiels pour leurs fêtes religieuses, les élèves d’autres religions puissent faire valoir une excuse valable pour participer à une fête religieuse importante mais, elle précise, »à condition que la communauté religieuse concernée sollicite mon accord au préalable« . Elle informe que cela a été le cas pour la fête de l’Aïd el-Kebir, pour laquelle l’Assemblée de la Communauté musulmane du Grand-duché du Luxembourg avait introduit une requête auprès d’elle.
De ce fait, elle considère qu’elle est en droit de demander aux titulaires et régents de considérer comme excuse valable la participation à cette fête.
Logiquement, ce type de problème n’existerait pas si l’école était laïque. Une seule et même école pour tous, où tous les élèves, quelles que soient leurs origines, les convictions religieuses ou philosophiques, apprennent à vivre et travailler ensemble, et où tout le monde serait vraiment sur un même pied d’égalité.
Car, »égalité de traitement« ... c’est vite dit, mais un congé officiel et une excuse valable, ce n’est pas exactement la même chose !
Il est bon de rappeler que, le 3 novembre dernier, sept juges de la Cour européenne des droits de l’homme ont unanimement condamné la présence de crucifix dans les salles de classe en Italie, cette disposition ayant été jugée contraire au droit des parents d’éduquer leurs enfants selon leurs convictions et au droit des enfants à la liberté de religion.
I.P.I