Autorisations de culture d’OGM
Un sérieux pas en arrière
A en croire le sondage Eurobaromètre d’octobre 2010 de la Commission européenne, 61% de la population de l’Union européenne est contre les OGM, moins d’un tiers estiment que les OGM ont un intérêt pour l’économie. D’autre part, la pétition lancée par Greenpeace et Avaaz, exigeant la mise en place d’un moratoire sur les OGM, a recueilli plus d’un million de signatures de citoyens européens.
Et malgré cela, le Parlement européen a adopté, le 5 juillet dernier, un texte qui permet aux Etats membres de décider d’autoriser, ou non, la culture d’OGM sur leur territoire, démontrant ainsi, une fois encore, leur respect de la volonté des citoyens. Cette décision est un grand pas en arrière, car si le lobby pro-OGM a réussi à « influencer » les parlementaires européens, convaincre un Etat membre sera beaucoup plus aisé. Rappelons qu’à ce jour, c’était à l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) que revenait la décision d’interdire ou d’autoriser.
Pour faire croire à une décision indépendante, le Parlement européen a proposé, une série de raisons pouvant justifier une interdiction des OGM : mise en danger de la biodiversité, le risque d’un développement de la résistance aux pesticides pour certaines plantes, la possibilité de croisement de variétés génétiquement modifiées avec des espèces domestiques. La question qui se pose est donc de savoir pourquoi, s’il y a tant de bonnes raisons, le Parlement européen à adopté un tel texte ?
Il faut dire que l’autorisation de cultiver deux OGM, le maïs MON810 de Monsanto et la pomme de terre OGM Amflora du groupe allemand BASF, était déjà un signe avant-coureur qui ne laissait rien présager de bon.
Suite à l’adoption de ce texte par le Parlement européen, le député Marcel Oberweis a demandé à Claude Wiseler, ministre du Développement durable et des Infrastructures et à Romain Schneider, ministre de l’Agriculture, quelle était la position du gouvernement luxembourgeois ?
Dans une réponse commune, les ministres de l’Agriculture et du Développement durable, auxquels s’est joint Mars Di Bartolomeo, ministre de la Santé, font savoir que, fidèle au principe de précaution, le gouvernement luxembourgeois souhaite permettre aux Etats membres d’interdire de façon permanente la culture d’OGM sur leur territoire, ce qui ne sera possible qu’à condition que la Commission modifie sa proposition initiale dans le sens d’une plus grande flexibilité pour les Etats membres au niveau des arguments qu’ils pourront avancer pour interdire ou restreindre la culture d’OGM.
Le gouvernement a aussi proposé d’autres raisons qui rejoignent en grande partie le contenu des amendements votés par le Parlement européen. Enfin, il continue de demander la réalisation des cinq actions prioritaires définies dans les conclusions du Conseil des ministres européens de l’Environnement (2008), en particulier une réforme de la procédure d’autorisation et d’évaluation communautaire des OGM, pour qu’elle prenne également en compte les effets sanitaires et environnementaux à moyen et à long terme, de même que des facteurs socioéconomiques.
I.P.I