Jusqu’au 15 octobre au Musée national d'Histoire et d'Art
Arthur Unger, esthète et alchimiste à part entière
Avec l’exposition «L’alchimiste, sélection d’œuvres d’Arthur Unger», le Nationalmusée um Fëschmaart /Musée national d'Histoire et d'Art, poursuit sa série consacrée aux artistes contemporains du Luxembourg. Le coup de projecteur est porté sur l’œuvre, aussi vaste que singulière, de cet artiste de renommée internationale. Ce créateur, connu pour explorer les propriétés du cuivre, est souvent appelé l’«alchimiste», une dénomination qui reflète son rapport intime à la matérialité si caractéristique de sa pratique dès les années 70.
Outre sa technique originale, par le feu appliqué au cuivre, Unger expérimente un autre procédé mêlant l’eau à l’encre sur papier.
L’exposition que vous pourrez voir jusqu’au 15 octobre au Nationalmusée, donne à voir le recours à ces deux éléments antagonistes si distinctifs de son art, montrant un travail de création où souvent le médium devient messager. Forme et fond s’assemblent dans une sélection d’œuvres puissamment expressives allant des années 70 à nos jours.
En allant voir cette exceptionnelle exposition, vous vous plongerez dans un bain de cuivre et d’encre.
Il crée la majeure partie de son œuvre dans son atelier-jardin
Qui connaît l’endroit de calme et d’inspiration où Arthur Unger crée la majeure partie de ses œuvres, comprendra d’autant mieux la sensibilité de celle-ci! Son atelier est situé dans un jardin-atelier, à Merl.
Son lieu de travail est chargé d’inspiration. La Pétrusse s’écoule paisiblement ici, enfin, ce jour-là, car parfois elle se transforme en sauvageonne. Sur le lieu de travail de l’artiste, il y a un vieux pont, et pour parvenir à son atelier, il faut gravir un rude escalier. Çà en vaut la peine, croyez-moi! Car dans cet atelier qui surplombe cet endroit magique et somptueux, ainsi que dans tout le jardin, le souffle secret et sacré de l’art vous submerge et vous procure un bienfait immédiat.
Le lieu où travaille l’artiste était jadis la résidence d’un maréchal de France, puis d’un gros paysan. Le mur a été construit à l’aide de pierres de la forteresse. Par le passé, là où son atelier surplombe le domaine, il y avait une serre. Et çà là qu’il crée son œuvre immense et belle, notre ami Arthur Unger!
Un fabuleux parcours!
Il est né en 1932 dans la commune d’Hesperange. Malgré son grand âge, Arthur Unger est toujours à l’écoute de ses muses.
Il a fait ses études à Luxembourg et à Bruxelles. A partir de 1956, il a vécu durant de nombreuses années dans les tribus Lunda et Baluba, au Congo belge, à la frontière des provinces du Katanga et du Kasaï. Des séjours qui ont exercé une influence prédominante sur son œuvre. Après que le Congo a obtenu son indépendance, Unger y a encore voyagé régulièrement.
Il s’est installé à Paris, avec sa petite famille, en 1963. Il s’est très vite intéressé à l’art contemporain, et c’est en 1967 qu’a eu lieu sa première exposition personnelle au Palais Dauphine, à Paris.
En 1968, il revient au Luxembourg et, la même année, il participe pour la première fois au Salon annuel du Cercle artistique de Luxembourg.
En 1969, il remarque, par hasard, la réaction du cuivre électrolytique et du feu effectuée par un ami chimiste. Par la suite, Arthur Unger aide une entreprise luxembourgeoise de Wiltz à produire des feuilles de cuivre électrolytiques qu’il utilisera plus tard comme support pour son art. Il commence donc à développer sa technique de peinture au feu sur des feuilles de cuivre.
C’est en 1970 qu’il a rencontré l’influent critique d’art Michel Tapié. Leur relation professionnelle et leur durable amitié ont façonné en grande partie la carrière artistique internationale d’Unger.
En 1971, il a reçu le prix Grand-Duc Adolphe. Il fera partie des six artistes du Groupe V, pour Voisinage.
En 1977, il a été invité en Californie dans des ateliers des artistes de l’Ecole du Pacifique. Et c’est en 1979 qu’il a rencontré l’historien de l’art et conservateur Ante Glibota. Ce dernier a organisé plusieurs expositions d’œuvres d’Arthur Unger et lui a consacré deux ouvrages monographiques.
Son épouse, Astrid Ehringer, est décédée en 1982. Entre 1983 et 1988, l’artiste a effectué de fréquents voyages en Afrique, notamment au Sénégal, au Mali et en Côte d’Ivoire.
Son œuvre a été consacrée en Chine
Arthur Unger connaît la Chine comme sa poche, pays où il a souvent été invité, où il a voyagé de 2004 à 2008, et où il a exposé des œuvres à de nombreuses reprises.
L’artiste est taoïste, le taoïsme étant l’un des piliers de la pensée chinoise. Il adhère à l’universalité du taoïsme et dit que chaque chose et chaque individu possèdent deux aspects, l’un féminin, l’autre masculin. Aucun individu n’est tout à fait bon, ni tout à fait mauvais.
C’est en 2017 qu’Arthur Unger a reçu le Phoenix Art Award à Fenghuang, en Chine.
«J’obtiens mes couleurs par l’incidence du feu et du chalumeau»
«Je suis un alchimiste», nous a-t-il confié, «un alchimiste avec ses secrets de fabrication. Ma spiritualité, vous la retrouverez dans le liquide des encres que j’utilise». Il a commencé par réaliser ses premiers dessins à la gouache, à Paris. Puis, à Luxembourg, il a poursuivi son aventure picturale en travaillant avec l’encre de Chine, inspiré par les calligraphies asiatiques, ainsi que, progressivement, en développant sa peinture sur cuivre électrolytique. Son œuvre aux couleurs chaudes, veloutées, et très proche de ce que la nature exprime, prend naissance à l’aide de la matière et du feu.
«Les feuilles de cuivre remplacent la toile, j’obtiens mes couleurs par l’incidence du feu et du chalumeau sur la matière de cuivre. Ce procédé répond à mes visions du continent africain, là où le minéral et le végétal, l’animal et l’humain sont transcendés», nous a-t-il expliqué.
Arthur Unger est un virtuose, inlassablement bercé par ce merveilleux besoin de création qui le transforme en esthète à part entière.
Infos pratiques et événements spéciaux
Le samedi 23 septembre, de 14 à 16h: «Atelier mit Tusche auf Glas» (en langues luxembourgeoise et allemande) avec Tania Kremer.
Le samedi 1er octobre, à 15h: «Arthur Ungers Kunst und der Einfluss Afrikas» (en langue luxembourgeoise): Georges Weyer vous expliquera et vous montrera, pièces à l‘appui, l’influence culturelle des Dogons, des Lundas et des Balubas, sur les œuvres de l’artiste.
Le jeudi 5 octobre, à 18h: visite de l’exposition (en langue luxembourgeoise) en compagnie de l’artiste Anneke Walch.
L’inscription aux ateliers et visites spéciales peut se faire par téléphone au 479330-214/414 ou par mail à servicedespublics@mnaha.etat.lu.
Le Nationalmusée a publié un catalogue richement illustré, réunissant les œuvres d’Arthur Unger sélectionnées pour l’exposition, ainsi qu’un éclairage sur le travail de l’artiste, rédigé par trois expertes: Lis Hausemer, commissaire de l’exposition, Jamie Armstrong, responsable du Lëtzebuerger Konschtarchiv, et Juliette Evezard, historienne de l’art.
Le Nationalmusée um Fëschmaart / Musée national d'Histoire et d'Art, situé au Marché-aux-Poissons à Luxembourg, est ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18h, sauf le jeudi de 10 à 20h.