Kultur01. April 2025

Cinéma, «Poison»

Désirée Nosbusch nous offre un film d’une grande sensibilité

de Michel Schroeder

Née à Esch-sur-Alzette, Désirée Nosbusch a effectué un très honorable parcours, depuis qu’elle a présenté, alors âgée de 19 ans, le 29ème Concours Eurovision de la chanson, en direct de Luxembourg. Elle a joué dans de nombreux films, téléfilms et séries télévisées, tout en poursuivant une carrière d’animatrice pour diverses chaînes de télévision. Elle a également à son actif des courts-métrages, ainsi que des films documentaires.

Elle vient d’adapter pour le cinéma la pièce de théâtre Gift de l’auteur néerlandais Lot Vekemans. Désirée Nosbusch avait tenu le rôle principal dans cette pièce lorsqu’elle avait été jouée au Kasemattentheater.

Avec «Poison» que vous pouvez voir actuellement dans les salles de cinéma, Désirée Nosbusch reste proche de l’original, en adoptant même en grande partie des dialogues. Certains diront qu’il s’agit d’un cinéma de salon, d’un cinéma qui ne bouge pas beaucoup, ce qui est un peu vrai, mais finalement est loin de déranger, cette œuvre cinématographique vaut que l’on aille la découvrir sur grand écran. Finalement, Désirée Nosbusch nous offre un film de très grande sensibilité.

L’actrice danoise Trine Dyrholm et l’acteur britannique Tim Roth jouent dans les rôles phares du film. Ils sont émouvants et permettent au public de vivre au plus près les blessures intérieures qu’ils ressentent. Ils transmettent également de façon magistrale les hauts et les bas émotionnels qui sont les leurs, sans tomber dans l’exagération.

Lucas (Tim Roth) voyage en voiture depuis les Pays-Bas, tandis qu’Edith (Trine Dyrholm) arrive en voiture pour se rendre dans ce cimetière pittoresque où se trouve la tombe de leur fils Jakob, mort dans un accident de la route. Le couple est séparé depuis dix ans maintenant.

Edith est conférencière. Elle vit dans la maison familiale non loin du cimetière. Elle prend soin de la tombe de Lukas avec beaucoup d’amour. Elle se sent bien souvent seule dans son chagrin. Elle ne parvient pas à accepter, ni le décès du fils, ni la séparation avec Lucas.

Peu de temps après les funérailles, Lucas a fait ses valises et est a quitté le domicile familial le soir du Nouvel An. Depuis, le couple n’a plus eu de contact.

L’Administration Communale qui gère le cimetière où se trouve la tombe de Jakob a annoncé que certaines tombes devront être déplacées, étant donné que du poison a été trouvé dans le sol.

Alors qu’Edith et Lucas attendent l’employé communal qui leur a donné rendez-vous, ils entament une prudente conversation. Mais rapidement d’anciennes blessures font surface. Un rapprochement semble très difficile, étant donné qu’ils glissent à nouveau dans toutes sortes de reproches, railleries et mesquineries.

De temps à autre, des rebondissements surprenants ont lieu. On a presque l’impression que, lors de ces retrouvailles, le couple se libère des anciennes impasses qui l’ont meurtri.

Lucas explique qu’il travaille sur une sorte de roman grâce auquel il essaie manifestement d’accepter la mort du fils. Edith considère que cette façon de vouloir accepter le deuil est irrespectueuse.

Son amertume grandit encore bien plus lorsqu’elle apprend que Lucas a commencé une nouvelle vie, loin d’elle, loin de cette petite ville qu’ils ont adorée. Valérie que Lucas a rencontrée il y a deux ans est enceinte de lui.

Désirée Nosbusch nous parle finalement à travers les échanges d’opinion set de points de vue de Lucas et d’Edith de différents types de deuil. Elle rend proches du public les coups du destin, la culpabilité, la faiblesse, les remords, les occasions manquées. Ce film ne montre finalement pas une guerre relationnelle, mais une sorte d’étreinte d’adieu dans laquelle la compassion est également présente. En tout cas, la réalisatrice nous permet de visualiser l’espoir d’un nouveau départ dans la vie.

Judith Kaufmann, directrice de la photographie, capte soigneusement le jeu des acteurs, elle reste à leur proximité, mais ne s’impose jamais. Elle met également en valeur le cadre idyllique du cimetière situé sous l’imposant mur du barrage de la petite ville de Vianden.