Avec Shaun Ellie, une expérience de quinze ans parmi les loups
Shaun Ellie est un personnage hors du commun, un homme allié de la nature, un homme farouchement proche des loups, fasciné depuis son enfance par ces animaux redoutés, mais si passionnant.
Shaun Ellie a été garde-chasse. Puis un jour il est parti vivre dans les Rocheuses au sein d’une meute en liberté. Il s’est nourri de viande crue à même la carcasse, il a grogné pour défendre sa part, il a hurlé pour communiquer avec les loups, il s’est soumis à la hiérarchie de la meute. Il s’est aussi occupé des louveteaux.
Pour réussir cette expérience vraiment hors du commun, Shaun Ellie a adopté tous les codes de la meute dans le but d’être accepté par elle, de pouvoir en faire partie. Il a réussi son expérience, car il est devenu un membre à part entière de cette grande famille animale.
Son immersion terminée, il est revenu parmi les hommes. Mais il est resté en contact très étroit avec ses amis les loups. Dans le sud-est de l’Angleterre, il a fondé une réserve. Aujourd’hui il assure le rôle de mâle dominant, éduque les plus jeunes et reproduit les rites qu’il a eu l’occasion d’observer.
Depuis quinze années, cet homme d’exception mène une expérience exceptionnelle qui dépasse tout ce que l’on a pu lire sur la question à ce jour.
Le loup est un animal redouté, mais terriblement fascinant, tellement majestueux, tellement tendre aussi, mais avant tout un animal que l’homme ne doit pas craindre, car aucun loup n’a jamais fait de mal à un humain, n’a jamais attaqué un humain.
Aujourd’hui il vous est possible de lire le livre que Shaun Ellis vient de publier sous le titre Un homme parmi les loups, publié aux Editions Jean-Claude Lattès (www.editions-jclattes.fr). Un livre qui se lit comme un roman, un témoignage passionnant, un livre essentiel à destination des amoureux de la nature et des animaux, à destination de ceux et celles qui apprécient les loups, ont besoin d’en savoir plus à leur sujet. Il est difficile de proposer un livre plus complet sur cette question.
Un animal fascinant
Shaun Ellies a vécu sans interruption parmi une meute de loups pendant un peu plus de dix-huit mois. Il a mangé avec eux, il s’est battu avec eux, il a dormi avec eux.
Pendant toute cette période, il n’a pas connu le luxe d’un repas décent, d’un café ou d’un sandwich. Il ne s’est pas changé, il n’a pas pris de douche, il ne s’est pas lavé la tête. Il a dormi sur le sol.
Shaun Ellies a uriné comme les loups, pour marquer son territoire. Son seul luxe a été du papier hygiénique.
Cet individu hors du commun a été, pendant toute cette période, parfaitement heureux, comblé. Les loups sont devenus sa famille.
Dans leur monde, Shaun Ellies se sentait parfaitement à l’aise, à cent pour cent à l’aise. Les loups le provoquaient sans arrêt, comme des enfants. Il ressentait un sentiment d’une forte dimension et voyant les jeunes loups grandir et gagner en assurance. Il se rendit vite compte qu’il comptait vraiment pour eux.
Lors de son expérience dans les Montagnes Rocheuses, Shaun Ellies accompagnait les biologistes relevé le déplacement des loups sauvages. Les loups portaient un émetteur électronique qui permettait à l’équipe de les retrouver dans ces vastes étendues et d’étudier leur comportement. Lors de ces expéditions, l’équipe campait fréquemment dehors et en pleine nuit, quand la température chutait de manière spectaculaire, Shaun regrettait d’être venu dans l’Idaho sans équipement particulier.
Après les tâches diurnes, commencèrent les tâches nocturnes. Cette plongée dans l’univers des loups, permit à Shaun Ellies d’aborder maints sujets concernant ces animaux fascinants.
Lors d’une autre prise de contact avec les loups, il se mit à la recherche d’une meute vraiment sauvage.
Il dut s’exposer à tout ce que l’humain redoute le plus : l’obscurité, la forêt, le loup, l’ours, et tous les dangers de la nature. Ce sont les Amérindiens qui ont trouvé la bonne solution. Ils envoyaient leurs enfants seuls dans la montagne à l’âge de huit ou neuf ans pendant cinq jours – un rite que pratiquent encore certains d’entre eux de nos jours et qui permet d’exorciser les terreurs enfantines que la plupart d’entre eux éprouvent encore à l’âge adulte.
La majorité des enfants, de nos jours, ont des préjugés idiots en ce qui concerne les loups : ils sont formatés par les contes et les dessins animés, qui répètent que cet animal est une créature vicieuse et sournoise, qui mange les grand-mère, fait s’envoler les maisons des petits cochons, égorge les fillettes !
Les loups nous donnent des leçons
Lors de toutes ses expériences parmi les loups, Shaun Ellies est arrivé à des conclusions importantes :
Il a distingué une différence fondamentale entre leur mode d’agression et celui des humains. A une époque, il y a des centaines d’années, cette différence était vraiment minime. Les loups ont le pouvoir de tuer et passent leur temps à menacer, mais ils n’en font usage que lorsqu’ils se sentent réellement menacés, qu’ils se sentent contraints de tuer, parce qu’il n’y a vraiment pas d’autre issue.
Les loups se battent jusqu’à la mort pour sauver leur famille et préserver les sources de nourriture qui permettront à leurs proches de passer l’hiver. Ils se montrent des rivaux intraitables à l’égard des autres meutes, mais ils respectent aussi leurs adversaires, savent reconnaître leurs valeurs.
L’humain ne s’intéresse guère aux valeurs de ses ennemis. Il lui suffit bien souvent d’actionner un bouton, une gâchette, sans réflexion aucune. Alors que le loup « réfléchit » à sa façon, mais en tout cas il est évident que le loup n’est pas un meurtrier sanguinaire comme l’humain.
A l’état sauvage, on compte toujours plusieurs générations au sein d’une même meute, et toujours de jeunes femelles capables d’avoir des petits. Elles fournissent une nouvelle génération pour défendre le territoire, chasser, et poursuivre la lignée. En captivité, les loups sont nourris selon leurs besoins.
Les bébés loups apprennent qui sont les différents membres de la famille, comment fonctionne la meute et quel accueil réserver à chacun, quand viendra le moment de le rencontrer. A chacune de ses irruptions hors du terrier pour se nourrir, toute couverte de l’odeur de ses petits, la mère vient se frotter contre les autres membres de la meute, pour rapporter leur odeur jusqu’à ce que ses petits s’y habituent. C’est donc exclusivement à travers l’odorat que la louve présente la famille aux petits et, lorsqu’ils sortent en titubant de leur trou, mal assurés sur leurs pattes et encore à moitié aveugles, ils connaissent le caractère et la position sociale de chaque membre de la meute et savent aussi comment se comporter.
A cinq semaines, la mère des petits entame le processus de sevrage, et ils passent lentement à la nourriture solide, sous forme de viande régurgitée. Initialement, c’est leur mère qui régurgite de la nourriture pour eux, puis c’est la nourrice qui prend le relais et, à mesure qu’ils grandissent, ils peuvent provoquer la régurgitation chez n’importe quel membre de la meute en lui mordillant les lèvres de leurs petites dents acérées. Tant que la mère allaite, elle ne peut s’éloigner trop du terrier, aussi les autres membres de la famille lui rapportent-ils de quoi se nourrir. Il est fréquent qu’ils transportent un morceau de viande sur plus de cinquante kilomètres pour nourrir une femelle et ils font de même pour la nourrice lorsque celle-ci prend la garde des petits.
Ensuite, les loups se succéderont pour les surveiller à tour de rôle pendant une courte période, tandis que la nourrice suivra une piste laissée exprès pour elle jusqu’au lieu où se trouve la proie.
L’éducation de la nouvelle génération, est une tâche collective.
Ce qui compte le plus pour ces animaux, c’est de maintenir la sécurité de la famille et de la nourrir à sa faim. Ils ont un respect profond pour les autres créatures qui partagent leur monde. Ils tuent pour manger, par pour s’amuser, et jamais plus que nécessaire.
Voir des loups près de chez nous
Au « Zoo d’Amnéville » environ deux cents bébés animaux voient le jour chaque année. Au carnet rose que nous avons parcouru avec beaucoup d’attention figurent également des loups. Le « Zoo d’Amnéville » possède une collection de fauves parmi les plus prestigieuses du monde, avec ses tigres de Sumatra et de Sibérie, lions, jaguars, panthères noires, léopards de Perse, panthères des neiges, pumas, guépards, loups blancs de l’Arctique, lycaons, hyènes, ours, lynx, chats sauvages d’Europe, servals, chats du désert….
Parc Zoologique d’Amnéville, 1, rue du Tigre F- 57360 Amnéville (France). Tél. 0033-3-87702560. Fax : 0033-3-87714145. Site Internet : www.zoo-amneville.com.
Le loup est enfin de retour au Grand-duché, plus précisément dans la très belle région du Bassin Minier, à Bettembourg et pour être tout à fait précis, au Parc Merveilleux. 5 loups polaires du Canada vivent aujourd’hui dans le Parc. Nos loups sont donc des loups à fourrure blanche. Ils ont trouvé refuge à quelques mètres de la Maison du Petit Chaperon Rouge, dans la forêt enchantée du Parc. Au Parc Merveilleux de Bettembourg, il est possible d’admirer ces animaux majestueux. A destination des visiteurs, une plate-forme a été aménagée, afin de pouvoir observer plus aisément nos amis les loups.
Parc Merveilleux de Bettembourg : Route de Mondorf à Bettembourg Tél. 511048-1. Fax : 524511. www.parc-merveilleux.lu / zooschoul@parc-merveilleux.lu.
Michel Schroeder