Kultur

Trésors enchanteurs chez Clairefontaine !

Nous revoilà en automne, cet automne avec son avant-goût d’hiver, saison nécessaire, mais pas trop agréable, qui a désormais vidé les terrasses des bistros et chassé tables et chaises des trottoirs. Bien vrai que l’on passe plus agréablement son temps libre citadin sous couvert que dans la rue. Parmi les destinations de choix, souvent délaissées en été, on retrouve théâtres, cinémas, musées et, bien sûr, les galeries d’art, dont la Galerie Clairefontaine(1) n’est pas la moindre, ce qui m’a souvent amené à vous en présenter les expositions. Aussi, une fois de plus, en cette période que la plupart veulent joyeuse, en se préparant aux fêtes de fin d’année, la galerie nous surprend avec une exposition à l’apparence un peu fourre-tout, mais non moins intéressante pour autant. Intitulée « Enchanting Treasures », titre anglais qui rappelle à n’en pas douter le caractère cosmopolite et universel de ce pot-pourri, l’expo nous offre une sélection d’oeuvres d’art (à une exception près) particulièrement réussie.

Certes, je vous ai déjà présenté au cours des mois et des années écoulées la majorité des artistes exposés aujourd’hui et parmi lesquels, chacun d’entre vous, amis lecteurs, pourra retrouver l’une ou l’autre oeuvre marquante. À l’exception des trois étonnants artistes arabes(2) Nasser Al-Aswadi, Hamza Jamjoom et Marwah Al Mugait, dont je vous ai parlé il y quelques semaines et dont l’exposition dans l’espace 2. de la galerie, rue du St.-Esprit, est prolongée jusqu’au 23 décembre, cette grande rétrospective d’automne vous attend dans l’espace 1., place Clairefontaine. Vous y retrouverez donc, ou y découvrirez des célébrités comme Joe Allen, Patrick Bastardoz, Joseph Beuys, Oscar Bronner, Lucien Clergue, Marie & Ghislain de Lossy, Tony Cragg, Gisèle Freund, Stefan Hunstein, Jörg Immendorf, Anselm Kiefer, Andrea Leh­nert, Markus Lüpertz, Nina Mambourg, Tung-Wen Margue, Hiroyuki Masuyama, Michel Medinger, Isabel Munoz, Simon Nicholas, Sigmar Polke, Marla Rutherford, Roland Schauls, Stylianos Schicho, HA Schult, Alfred Seiland, Edward Steichen, Massimo Vitali, Max Mertens, et d’autres encore.

Il est, bien entendu, hors de question, que j’approfondisse en détail le travail de chacun de ces créateurs. Un livre entier y suffirait à peine. Cependant, étant donné que j’ai déjà présenté la plupart d’entre eux dans notre bonne vieille « Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek », je ne peux que vous suggérer, en cas d’irrésistible curiosité, d’aller lire, ou relire, en ligne mes articles correspondants. Il vous suffirait pour cela d’inscrire dans votre moteur de recherche Internet www.zl.lu suivi du nom de l’artiste, ce qui vous permettra d’accéder à la présentation que j’en fis à l’époque dans nos colonnes. Il y a quelques exceptions, bien sûr, surgies pour l’occasion un peu d’on ne sait où, comme les « Listeners » (auditeurs) de Tony Cragg, dont je vois pour la première fois une sculpture. Autre surgie de nulle part : Dana Wyse et son grotesque mini-agrégat « Jesus Had A Sister Productions », sur lequel le monde de l’art en général et la galerie en particulier eussent avantageusement fait l’impasse.

Reste que la plupart des oeuvres exposées sont magistrales. Je pense notamment à la superbe série photographique de Hiroyuki Masuyama et ses fééries photographiques sur Luxembourg ou sur les Alpes suisses, comme « The Blue Rigi, Sunrise », ou aux splendides photos d’Alfred Seiland, dont nous retrouvons aujourd’hui « Time Square ». Mentionnons également cet artiste universel qu’est Anselm Kiefer (installations, sculpture, photographie, peinture, collage et qui sait quoi encore ?), dont le tableau « O.T. » (Ohne Titel = sans titre) photo-peint à partir d’une installation en béton armé est absolument époustouflant. Mes autres coups de coeur sont « Surma girl »(3), jeune fille éthiopienne artistement grimée et encore plus artistement photographiée par Isabel Muñoz, mais aussi « Greenwich Park », le splendide paysage tout à la fois bucolique et urbain photographié par Massimo Vitali. Nul doute que je pourrais vous en citer bien d’autres, de ces perles évocatrices des remarquables expositions visitées au cours des années écoulées. Mais à quoi bon ? N’est-il pas préférable de vous laisser surprendre par des retrouvailles inattendues, même au risque de vous voir troublés par d’étonnantes découvertes ?

Giulio-Enrico Pisani

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1) Expositions jusqu’au 23 décembre dans les espaces 1 et 2 de la galerie, situés respectivement au 7, place Clairefontaine et, à deux pas de là, au 21 rue du St-Esprit. Ouverture de mardi à vendredi de 14,30 à 18,30 h et le samedi de 10 à 12 et de 14 à 17 h.

2) V. mon article du 30 octobre écoulé dans ces colonnes ; il peut aussi être lu en ligne sous www.zlv.lu/spip/spip.php?article15649

3) Les Surmas sont un peuple du sud-ouest de l’Éthiopie regroupant notamment les Suri, les Mursi et les Me’en (Wikipedia).