Aux centres d’art de la Ville de Dudelange…
Hommage bien mérité à Jean-Pierre Adam, alias «Menn»
Jean-Pierre Adam a été un alchimiste planétaire hors pair. Aujourd’hui, alors qu’il a rejoint, un jour de janvier de l’an 2014, des cieux plus cléments pour y disperser, parmi les étoiles étincelantes, celles de son vaste talent, il est l’artiste par excellence de Dudelange. L’hommage qui lui est rendu aujourd’hui est très largement mérité !
Je l’ai bien connu lorsque je le fréquentais souvent, alors que je rédigeais des articles pour le Républicain Lorrain. Nous étions, à l’époque, plusieurs jeunes journalistes, dont Mars Di Bartolomeo, complètement acquis à sa palette artistique. Depuis cette époque, il en a parcouru du chemin, ce cher Menn. Bien des années plus tard, je lui ai consacré un article, publié dans notre bon vieux Zeitung, sous le titre : «L’alchimiste planétaire Jean-Pierre Adam : artiste-peintre, graveur, sérigraphe, céramiste et sculpteur».
Il vous sera possible de voir, jusqu’au 27 mars, un nombre considérable des œuvres de l’artiste, exposées à Dudelange, dans les deux centres d’art de la ville : le Centre d’Art Nei Liicht (rue Dominique Lang), et à la Galerie Dominique Lang (4, avenue Grande-Duchesse Charlotte). Les curateurs de cette exposition magistrale sont Marlène Kreins et Fanny Weinquin.
A l’occasion de ce vibrant hommage rendu à l’artiste, la Ville de Dudelange a publié un superbe livre, contenant un nombre fort important de photos d’œuvres de Jean-Pierre Adam, ainsi que des textes de Nicole Adam (épouse de l’artiste), de Nathalie Noé Adam (l’une de ses deux filles), ainsi que de Nathalie Becker, François Besch, Paul Bertemes, Mars di Bartolomeo, Marlène Kreins, Marcel Lorenzini, Fanny Weinquin.
Quelques anecdotes
en guise d’introduction
Jean-Pierre Adam est né le 5 août 1941 à Dudelange. Enfant, il a annoncé à l’école qu’il ne prendrait jamais une pelle pour travailler dans un fossé et, à la maison, il a décrété qu’il voulait devenir artiste. Son père lui a alors flanqué une gifle qui l’a envoyé par terre, en hurlant qu’il ne serait jamais artiste, et qu’il irait travailler à la mine comme lui le faisait.
Enfant, il a effectué de nombreux petits travaux pour aider sa famille : livraisons de pain pour un boulanger pendant les pauses de midi, ramassage de quilles le soir dans un bistrot.
Vu qu’il n’était pas fort aimé dans sa famille, il s’installa temporairement dans une forêt, se nourrissant d’une bouteille de lait et d’un pain par jour. Plus tard, Menn racontera qu’il a été le premier SDF du Luxembourg.
Il a ensuite travaillé comme apprenti chez un boucher. Mais il refusait d’accompagner son patron à l’abattoir. Un jour, le boucher, grand consommateur d’alcool, s’en prendra violemment à lui, et le jeune Jean-Pierre décida de respecter sa première décision, devenir artiste.
Par la suite, il fut engagé par la société Schmit qui cherchait des peintres industriels pour la réfection des bâtiments de l’ARBED à Dudelange et sur d’autres sites. Le travail est dur, mais bien payé. Avec sa première paie, Menn invita son meilleur copain, Pino, dans un magasin d’habillement, où il acheta une tenue complète, de la tête aux pieds, pour lui, et une autre pour son ami.
C’est le 22 août 1957, alors que Jean-Pierre était tout juste âgé de 16 ans, que le drame se produisit. Une grue des ponts roulants se mit en marche et lui écrasa la main gauche. Toute sa vie il souffrira de douleurs fantômes. L’accident ne permit même pas de renouer des relations amicales avec les siens !
Je voudrais arrêter ici ces quelques anecdotes, car je voudrais laisser un maximum de place pour vous faire découvrir des œuvres de Jean-Pierre Adam, photographiées par Ming Cao.
C’est avec beaucoup d’émotion que l’épouse de Jean-Pierre Adam raconte, dans «La vie de Menn», la vie de l’artiste, que vous pourrez lire intégralement dans le livre publié par la Ville de Dudelange.
Un parcours
exceptionnel
De 1968 à 1970, il a suivi les cours de dessin du peintre suisse Harry Busser à l’Ecole des Beaux-Arts de Zurich. Il a également été l’élève de Regina de Vries, et a suivi des stages de tapisserie en France, à l’Ecole nationale d’Art décoratif d’Aubusson.
De 1971 à nos jours, de multiples galeries, lieux et musées ont exposé ses œuvres : Luxembourg, Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie, Espagne…
C’est en 1971 que Jean-Pierre Adam a fondé l’I.H.A.C, Artistic Club, Ecole d’Art à Luxembourg. En 1973, il a été à l’origine de l’Académie européenne des Beaux-Arts, et en a été le directeur artistique.
En 1978, il a été nommé Chevalier de l’Ordre du Mérite du Grand-Duché de Luxembourg. Cette année fut marquée par sa participation active à la fondation du syndicat d’artistes «Letzebuerger Konschtgewerkschaft » (L.K.G).
En 1979, il a été membre du Conseil national de la Culture, et il en fut de même en 1985. Il a fondé, en 1980, l’association d’handicapés «Autogestion 81». Jean-Pierre Adam a été président de l’Association pour la Défense des Intérêts des Personnes Physiquement Handicapées (A.D.I.P.H).
En 1981 il a créé dans la capitale, le Centre culturel Konschhaus Letzebuerg. Sa facette d’artiste engagé, il l’a démontrée avec virulence, lors de ses expositions «Anti Atom» à Wintrange, Dudelange et Pétange.
En 1984, Jean-Pierre Adam a été co-organisateur de la première «Exposició Internacional Arts Plàstiques, Barcelona 84», première exposition internationale d’art après la mort de Franco. A cette occasion, il a reçu le Premier prix, la Médaille d’Or pour l’investigation dans l’art.
En 1986, il a été nommé Chevalier de l'ordre de la Couronne de chêne du Luxembourg. L’année 1989 a été marquée par son installation dans le Sud de la France, et sa participation à l’exposition «Männer aus Stol an Eisen».
De 1995 à son décès, l’artiste n’a cessé de mettre en route des projets, souvent monumentaux : trois sculptures métalliques mobiles de 7,5 m de hauteur pour la nouvelle Ecole de Heisdorf ; expositions dans sa galerie Adam's Art «la Grande Bleue» située à Dudelange ; collaborations nombreuses avec le Centre des migrations ; conception et réalisation d’un plafond suspendu en verre fusing de 8 m de diamètre pour la nouvelle Ecole centrale de Beaufort ; grands vitraux en verre fusing, de 3 m sur 9, pour l’Ecole de Colmar-Berg.
En 2008, il a fondé l’Association des artistes plasticiens du Luxembourg (AAPL).
Cette exposition, qui se tient en deux lieux dudelangeois, est un must absolu !