Printemps des Poètes 2022, ambiance
Bon vent aux poètes, bon vent à la poésie
Amies lectrices et amis lecteurs, vous allez être très probablement d’accord avec moi si je vous disais «Un peu de poésie, ça fait du bien, même le plus grand bien». Raison pour laquelle nous sommes allés cueillir d’agréables bouquets de poésie, lors de la soirée poétique qui s’est déroulée récemment à l’Abbaye de Neimënster, dans le cadre du Printemps des Poètes. Une salle bien remplie a accueilli avec beaucoup d’enthousiasme ces voix de chez nous et d’ailleurs, surtout d’ailleurs, pour embarquer sur les rives de la sagesse, de la détresse aussi parfois, en compagnie de poètes qui cernent la société et le monde, mieux que quiconque. L’encadrement musical de la soirée avait été confié à deux talentueux musiciens, tous deux à la guitare, Francisco Costa Reis et Christophe Astolfi.
La présentation de la soirée fût assurée avec beaucoup de savoir-faire ou plutôt savoir-dire en mettant l’eau à la bouche du public, par les organisateurs. Je passerai, s’il vous plaît les détails concernant les nombreux partenaires de ces trois journées poétiques. La première se déroula à l’Abbaye de Neimënster (celle à laquelle nous avons assisté), la seconde à la Galerie Schlassgoart, dans le cadre d’Esch 2022 et la troisième à la Galerie Simoncini, chez le fameux galeriste et poète André Simoncini.
Place à la poésie !
Mathilde Egitz est née en 1965 à Kufstein, dans le Tirol. Elle est photographe et poète. Ecoutons-la : die berge sind schon / versunken im meer / und wie im traum verlief / meine zeit / ich habe mich durch / die Zeit geblättert und / die verhängnisvollen zeilen / gelesen bevor ich die wünsche / vernahm / aber es waren nur wünsche und / keiner davon ging verloren / oder in erfüllung.
Bogdan Ghiu est né en 1958 à Bucarest. Il est poète, essayiste, philosophe, spécialiste en architecture et urbanisme, ainsi qu’en art contemporain. Il a publié d’innombrables ouvrages et en qualité de traducteur, il a publié plus de 70 titres. Pourquoi pas un petit poème en roumain, une langue qui chante si suavement : Aici e un ocol al locului. / Imposibil sa faci poemul perpendicular / si sa poti coborÎ. / Ceva a fost strivit sub scris / si se vede (/ si ai vrea sa tîsneasca pîna la tine / Scriu direct sub piele.).
Né en 1958 à Schaan, au Lichtenstein, Hansjörg Quaderer est peintre et fabrique de beaux livres. Il a effectué un long périple au Ladakh, en Inde et en Indonésie, un voyage initiatique qui l’a fortement marqué. Dans son poème «kieselklar», il nous emmène vers le Rhin : der rhein / schriftwechsel / zwischen / den bergen / an den schläfen / an den wegwarten / bring / die sirrende letter / ins lot / nur innen nur / das stimmäander / ton / nebel / not / strömung / übersetzt / in zeitwörter des herzens / flusskrebse / gäb es sie nun / huschten über gestrich’ne kiesel / gletschergrüner / strömung.
Restons chez nous maintenant, avec «L’oiseau» d’André Simoncini qui est né en 1946 à Esch-sur-Alzette. Auteur de sept recueils, André défend avec passion les poètes qu’il publie, tout comme les artistes qu’il expose. Voici : Onde porteuse / Dans la plaine évanescente / Un oiseau veille / Ailes déployées / Sur le règne de l’immatériel. / Dans la brise / Du crépuscule qui s’annonce / Ce danseur diurne / Nous observe / Prisonniers de la pesanteur / Pourfendeurs / Des lois de la nature / Hommes bien suffisants / Quand la nuit s’installe / Et que l’horizon s’émousse / L’oiseau alors / Se pose sur terre.
Csilla Toth écrit beaucoup, ce depuis la jeunesse. Un recueil de ses textes a été publié. Un grand nombre de ses manuscrits sont en attente de publication. Lors de la soirée à l’Abbaye de Neimënster ce fut Marie-Anne Lorgé qui récita un long poème de l’auteure, dont voici un extrait : alors, à ce moment un pigeon s’est installé sur ma / table / et se balançant longuement au bord / voulait des morceaux de mon gâteau, / pas tout à fait blanc, ni éthéré, / comme une Colombe de paix, / rêve de Picasso et de l’humanité, / plutôt vil, crasse, maladif, / a bousculé mon assiette par terre …
Bon vent aux poètes, bon vent à la poésie, bon vent à vous chers lectrices et lecteurs. Essayez-vous à l’écriture, car chacun de nous est un peu ou beaucoup poète, à sa façon.
L’utilisation des minuscules dans les poèmes, ainsi que parfois, le manque de ponctuation sont ainsi voulus par les auteurs respectifs.