Kultur22. Juli 2022

Place de la Frontière, «Rout Lënz», Place de la Résistance …

Une 4ème Nuit de la Culture festive

Michel Schroeder

Par un temps chaud, la 4ème Nuit de la Culture organisée dans le cadre d’Esch 2022 a envahi, dès vendredi soir, le Parc animalier du «Galgebierg», la Réserve naturelle «Ellergronn» et son Centre Nature et Forêt, ainsi que la «Rout Lëns». Le samedi, nous sommes venus, nous aussi à Esch, pour participer, voir, apprécier, les couleurs festives, ainsi que les animations de bon niveau, proposées, cette fois, Place de la Résistance, à la Rout Lëns, ainsi que Rue de Barbourg. Le quartier de la frontière avec Audun-le-Tiche était noir de monde !

Dans l’après-midi, la Place de la Résistance était toute tournée vers l’Inde, avec, pour commencer le Holi Festival des couleurs. Holi est fêté dans toute l’Inde, ainsi que par les communautés indiennes qui vivent à l’étranger. Si un nombreux public, indien, mais également de nombreux autres pays a assisté à ces réjouissances, la Bollywood Night avec le groupe Jhalak Punjab Di, a lui aussi rempli la célèbre Place eschoise : cette combinaison d’éléments du rock occidental et de musique traditionnelle du Punjab, un état du Nord de l’Inde, a véritablement enflammé la foule.

Place de la Frontière, vers la «Rout Lënz», la fièvre cap-verdienne a acquise très rapidement un public enchanté par ces réjouissances du carnaval des îles, mêlées à la chaleur de rythmes traditionnels cap-verdiens avec le groupe Roda de Coladeira. Tout au long de la soirée, à intervalles réguliers, ce groupe a contribué au bonheur et à la bonne humeur du public.

Quatre tentes, une par saison. L’imaginaire poétique de Stéphanie Blondel et Hugues de Maere a été apprécié par celles et ceux qui sont entrés dans ces structures. A l’honneur, des pluies de papillons, de fleurs, de bourgeons, de neiges et de feuilles aux coloris de l’automne.

Des fantaisies à souhait !

Le Slow Club et la plus petite discothèque du monde ont attiré, en permanence du monde. En sortant, le bonheur pétillait dans les yeux des participantes et participants. Pas mal ton idée Béranger Grimbert.

L’excentrique Professeur Aqua-Wass invitait le public dans son laboratoire portable, afin de partager avec toutes et tous, sa fascination pour l’eau.

La Société des 4 saisons proposait son Arbre nomade, une construction fantaisiste qui possède à la fois des caractéristiques du carrousel et du mobile. Les personnages qui composaient l’ensemble étaient des animaux très particuliers venus spécialement à Esch-sur-Alzette, de tous les continents.

Histor Esch et les dancings à la Frontière

Histor Esch a participé, comme lors des Nuits de la Culture précédentes, à cette 4ème Nuit. Cette fois avec un sujet particulièrement populaire : celui des Dancings à la frontière dans la rue d’Audun.

La Frontière commençait chez Rossi au coin de la rue du Brill et de la rue d’Audun. On franchissait la barrière et on passait sur sa droite devant le Rio, le Hein, le Dikrichs Théid, jusque chez Viola. À cent kilomètres à la ronde, impossible de trouver autant d’orchestres de danse que ceux qui chauffaient le public dans le quartier de la frontière, à l’époque.

Déjà très tôt les dancings ont existé à Esch, ce dès la fin du dix-neuvième siècle. Tous les cafés à la Frontière-Hoehl disposaient d’un espace dédié à la danse. À la Libération, en septembre 44, une véritable explosion de joie et de fête apparut dans tout le quartier. Les Américains ont apporté avec eux la musique swing, l’US Army avait même ses propres orchestres et proposait un répertoire avec des éléments de jazz.

L’après-guerre vit naître de nombreux dancings, tandis que les orchestres locaux ajoutèrent à leur répertoire la valse, la mazurka, la java, la marche, la polka, le pasodoble, le tango, le fox-trot.

Les années 50 et 60 virent arriver la vague de la rumba, du boléro, de la béguine, ainsi que du cha-cha-cha. Puis le jerk, le twist, le slow et le rock. Ces danses remplacèrent en grande partie la prédominance de l’accordéon, du piano, de la clarinette, ainsi que du saxophone.

Les musiciens de nos orchestres nationaux n’avaient pas le statut de musiciens professionnels, mais la plupart travaillaient à l’usine ou à la mine.

La rue d’Audun a connu une dernière apogée comme lieu d’amusement à l’ère des discothèques des années 80, pour décliner ensuite inexorablement.

L’histoire des dancings situés dans le quartier Frontière à Esch-sur-Alzette nous rappelle que cette ville industrielle n’hébergeait pas seulement une communauté de travail, mais aussi une communauté de fête.

Attention : Information secrète ! Du 2 au 10 septembre se tiendront les prochaines Nuits de la Culture, dans les quartiers Uecht, Al-Esch et Brill. Sous le titre Métamorphose, je peux déjà vous dévoiler qu’il y en aura pour tous les goûts et pour tous les âges !

Joëlla van Donkersgoed et Laura Steil, chercheuses à Histor Esch