Cinéma :
«Black Dog», un film au profond discours humaniste
Si en Europe, le nouveau film du cinéaste chinois Guan Hu, a remporté le «Prix Un certain regard» à Cannes, cette œuvre cinématographique a également remporté un immense succès en Chine. Applaudi à tout rompre, cette œuvre cinématographique raconte avec habileté et justesse le lien entre un marginal, Guan Hu et un chien. L’histoire se déroule dans l’ahurissant décor naturel du désert de Gobi, en Chine. La ville est désolée.
Ce film est magnifique. Ce drame poignant explore les thèmes de la rédemption, de l’isolement et du lien entre l’homme et l’animal.
Le réalisateur, scénariste et producteur chinois Guan Hu est fort connu et respecté en Chine. Né en 1968 à Pékin, il fait partie de la Sixième génération de cinéastes chinois, un groupe qui a émergé dans les années 1990 avec un style plus indépendant. Tous les films de Guan Hu ont été projetés lors du Festival de Shangaï.
«Black Dog» raconte l’histoire d’un homme, Lang et d’un chien, un chien noir, unis par un lien indéfectible. Mis en scène dans des lieux d’une beauté sobre à la fois poétique et sauvage, ce film est époustouflant à bien des niveaux.
Lang revient dans sa ville natale. Il vient tout juste de sortir de prison. Le bus qui est censé le ramener chez lui, se renverse, en tenant d’éviter une horde de chiens sauvags.
Jadis Lang s’est produit en qualité de cascadeur à moto. Il a été applaudi, aimé. De retour chez lui, il apprend que son père a quitté le domicile familial et qu’il vit dans le Jardin zoologique de la ville, afin de nourrir les animaux. Laissés à l’abandon, car le Zoo est fermé au public que serait-il advenu d’eux ?
La grande majorité des habitants de sa ville natale accueillent Lang à bras ouverts. Le chef de la police locale demande d’ailleurs que tout le monde participe à sa réintégration.
Seule la famille du jeune homme décédé, tombé d’une falaise s’acharne contre lui. Lang a toujours prétendu que son ami était mort de façon accidentelle. Les juges n’ont pas vraiment suivi son raisonnement, raison pour laquelle il a été mis à l’ombre.
La Municipalité est arrivée à la conclusion que si l’on souhaite que des investisseurs ouvrent des usines, des fabriques, dans cette ville oubliée, il est nécessaire de capturer les chiens sauvages.
Lang sera quasiment forcé de faire partie de la brigade des chasseurs de chiens. Ce qui ne lui plaît vraiment pas. Le chien qui doit être pris au plus vite est de fameux chien noir. On dit qu’il est porteur de la rage.
Une amitié à toutes épreuves va naître entre ce chien noir et Lang.
En plus de ces plaines en relief, le réalisateur a planté le décor dans une véritable ville pétrolière dans l’ouest de la Chine. L’empreinte de ces villes autrefois prospères grâce au pétrole l’attirent. Elles possèdent cette force réaliste et symbolique qui raconte un morceau d’histoire récente et témoigne de la vie de ceux qui y vivaient.
C’est justement dans une telle ville de Lang est né, à passé toute sa vie, sauf durant les dix années pendant lesquelles il a séjourné en prison. Cette petite ville de l’ouest de la Chine représente et montre un autre type de vie que la plupart des gens ignorent. Le contexte est définitivement très puissant.
Sur sa moto, en solitaire, Lang parcourt les paysages uniques et envoûtants du désert de Gobi, en sifflotant des airs de rock.
«Black Dog» est en outre un road movie peuplé d’animaux sauvages : hordes de chiens errants, loups solitaires, serpents venimeux. Tous sont là pour rappeler que cette nature primitive tente de reprendre ses droits.
Lang et le lévrier noir fuient à travers des steppes fantomatiques, jallonnées de cirques, de zoos à l’abandon. Il s’agit d’un monde à l’agonie, où les animaux semblent prendre le dessus. S’agit-il dès lors d’un conte ou d’une prémonition ?
Dans ce film il y a peu de dialogues, de personnages. Le cinéaste Guan Hu slalome entre l’immensité des paysages et l’intimité de ce lien entre un humain et un animal, amitié qui est comme un salut.