Les artistes Patricia Lippert et Pascale Behrens, un duo désormais inséparable, ont vécu une expérience forte durant leur travail de préparation pour l’exposition qui aura lieu, sur invitation du collectif d’artistes Cueva, à la Galerie d’Art Schëfflenger Konschthaus au 2, Avenue de la Libération, dans l’usine désaffectée de Schifflange jusqu’au 26 mars prochain.

Elles ont réalisé une approche du monde rude des ouvriers d’usine, transformant leurs expériences, leurs rencontres, et les résultats de leurs recherches en un hommage artistique rempli de vérités, d’expressivité.

Une autre artiste est associée au «Mit Feuer, der Erde auf Schicht», Florence Hoffmann. Je vous expliquerai plus loin la démarche artistique de Florence Hoffmann qui a conduit à la réalisation d’étonnantes sculptures, exprimant, elles aussi, l’univers du feu, du métal…

La fusion de ces trois artistes donne un résultat que vous devez voir ! Le mariage est parfait, l’union faisant la force, mais chacune possédant la dimension de ses réalisations personnelles.

Ce dur labeur qui a façonné la terre du Bassin Minier

Patricia Lippert a beaucoup travaillé sur des plans de construction, des fiches de salaire. Le monde de l’ouvrier d’usine est la base de son travail : ses vêtements de travail, ses accessoires, ses outils, son dur labeur, la sueur qui couvre son corps…

Labeur qu’exprime particulièrement bien Pascale Behrens dans sa série «Les gueules noires». Ses gravures sont simples. C’est grâce à cette simplicité que l’artiste parvient à exprimer beaucoup.

Les travaux des artistes nous parlent du travail, de l’histoire de l’usine, des usines, du feu, de ce feu qui a façonné la terre du Bassin Minier. Elles rendent un grand hommage à nos aïeux, à nos pères qui ont passé une bonne partie de leur vie dans les usines.

Cela fait plusieurs années maintenant que le duo d’artistes Patricia Lippert et Pascale Behrens travaillent en parfaite osmose. Elles sont spéciales, très spéciales même ces deux artistes. Une flamme commune les anime. Elles sont considérées comme un binôme artistique incontournable de notre pays. Le travail qu’elles nous dévoilent aujourd’hui possède une riche dimension de mémoire collective.

Tel un Phénix qui renaît de ses cendres

En date du 18 décembre 2021, en guise de prélude au récent Festival du Feu, la sculpture «Butterfly» de Florence Hoffmann a été embrasée à Fingig. Les sculptures en bois carbonisé que vous verrez à la Galerie d’Art Schëfflenger Konschthaus sont en quelque sorte les résidus de la sculpture géante en forme de papillon réalisée par l’artiste. Florence Hoffmann est allée récupérer les restes dans le champ à Fingig, le lendemain matin.

Pour obtenir l’admirable résultat final exposé, l’artiste a stabilisé les parties charbonneuses et huileuses du bois brûlé, ce qui fût, pour elle, une expérimentation délicate et surtout un défi technique non négligeable.

Florence Hoffmann a ensuite assemblé les résidus de la sculpture de feu, n’utilisant aucun autre matériau. Elle a utilisé également les restes de paille et de chanvre brûlés, ainsi que les agrafes, vis et fils de fer.

L’artiste dit que, tel un phénix qui renaît de ses cendres, ses nouvelles œuvres résultent donc d’une première sculpture éphémère à laquelle elle a conféré une seconde vie : transformation, réincarnation recyclage, tels sont les maîtres mots de ces œuvres.

Des œuvres qui représentent des visages et des têtes, afin de rendre hommage aux travailleurs et aux ouvriers qui ont transformé le minerai en produits utiles.

La sculptrice Florence Hoffmann, de nationalité luxembourgeoise, vit et travaille au pays. Elle est diplômée en arts et architecture d’intérieur. Elle expose régulièrement. On ne compte plus les prix qu’elle a obtenu. Sur tous les continents, on peut retrouver de ses réalisations, dans des collections publiques. Elle a reçu l’Ordre du Mérite du Grand-duché-de-Luxembourg, le second prix et le prix du public lors du «Melusina Contest», le prix de l’«Inspiring Women in Arts» à Luxembourg, ainsi que le prix d’encouragement lors de la biennale des jeunes artistes d’Esch-sur-Alzette, le second prix de la «Snow Sculpture» au Canada… L’artiste a exposé à Karlsruhe, Cologne, Luxembourg, Berlin, Istanbul, au Mexique, au Canada, en Chine, en Thaïlande, au Japon, en Autriche, et en France.

Ces trois artistes sont membres de l’ARC Kënschtlerkrees.

Galerie d’Art Schëfflenger Konschthaus au 2, Avenue de la Libération, dans l’usine désaffectée de Schifflange (Tél. 621638393 / konschthaus@­schifflange.lu).