Expo photo au Centre d'art Nei Liicht à Dudelange
Cristina Dias de Magalhães nous aide à devenir plus humains
Pour l’artiste photographe Cristina Dias de Magalhães, la photographie est un espace d’identité et de création. Je vous conseille vivement de visiter son exposition «Instinct. Same but different», visible jusqu’au 21 février au Centre d’art Nei Liicht à Dudelange (rue Dominique Lang / www.centredart-dudelange. lu).
L’artiste propose une superbe, envoûtante et relaxante exposition de l’univers animal, de la nature et de l’enfance. Elle expose principalement des diptyques (œuvres à deux volets), un langage s’installe, des voix et sons surgissent. Le public se sent rapidement en osmose avec ce que l’artiste exprime. Si les rencontres de ses filles avec les animaux possèdent quelque chose de profondément visuel, elles sont quelque part, à la fois imaginaires et authentiques. Car les regards posés par ses filles jumelles sont autres que ceux que les adultes poseraient sur les mêmes scènes.
Quel magnifique élan de profonde maternité que celui vécu par Cristina Dias de Magalhães depuis qu’elle est maman de deux petites filles jumelles ! L’univers animal a beaucoup de similitudes avec celui de la petite enfance, tout comme la petite enfance a évidemment beaucoup de similitudes avec l’univers animal. Peut-on dès lors parler d’instinct, de l’instinct de l’animal et des réactions instinctives des jeunes enfants ?
«La joie de vivre, l'exploration de l’environnement, la découverte de soi-même et des autres sont représentés à travers des diptyques, créant une rencontre imaginaire et pourtant authentique, unissant l'univers humain et animal. Les instincts sont la base de la survie, et la relation que nous construisons avec les autres, l'environnement et la planète définissent notre humanité». Ce sont là les propos de la photographe, au sujet de ses travaux.
Une exposition qui crée des liens profonds
Il y a donc des photos de ses filles et des photos d’animaux empaillés, rencontrés, croisés, regardés, observés, lors de leurs nombreuses visites au Museum d’Histoire naturelle de Genève.
Il y a énormément de dynamique dans les photos que vous allez découvrir. Il a quelque chose d’inexorablement vital qui ressort de cette exposition, il s’agit d’un élan constructif, d’une embrassade sincère et profonde avec ces mondes qui sont plus réels et plus respectueux de la création : l’enfance, les animaux, la nature. Car, comme le dit si bien Cristina Dias de Magalhães, l’environnement et la planète définissent notre humanité. Cette exposition n’est-elle pas, à juste titre, un tremplin, pour nous aider à devenir plus humains !
J’oserais dire que cette exposition est de l’art-thérapie. Elle contribue à créer des liens avec la nature, avec le monde animal, ainsi qu’avec notre enfance. Si ces liens n’existaient pas, ils vont naître. Si ces liens existaient déjà, ils vont être de plus en plus forts.
La photographe considère que les photos exposées à Dudelange sont souvent des dialogues qui ont pris naissance sur un vaste terrain de jeu, le Muséum. Ce fût un jeu extraordinaire pour Cristina et pour ses filles Victoria et Helena.
Protection et chaleur humaine
Cristina questionne beaucoup le corps, l’identité.
A travers ses enfants, elle explore le monde, essaie de comprendre le monde. Dans le cadre de cette exposition vous verrez également des photos réalisées par ses filles. La photographe considère qu’elle les leur a volées.
L’artiste a fait le lien entre ces animaux empaillés et ses enfants. Il vous suffit de lire les titres indiqués sous les photographies. Ces animaux, même empaillés, expriment quelque chose de sincère, de vrai.
Les photos de Cristina expriment beaucoup la protection, celle du fœtus dans le ventre de la maman. La protection, la chaleur humaine, la protection naturelle, ce à quoi chaque individu devrait avoir droit, tout comme chaque animal, de la plus grande à la plus petite espèce.
Des diptyques qui racontent et expriment beaucoup
Prenez par exemple le diptyque «Tenderness», sur lequel vous allez voir, d’une part, un lièvre, et d’autre part, une autre photo avec une des filles et Cristina. Cette photo a été prise par l’une des jumelles. Ce diptyque n’exprime-t-il pas beaucoup de tendresse ! Celle du regard de ce lièvre, de sa posture, la tendresse de la petite fille pour sa maman, ainsi que la tendresse de la maman pour sa petite fille.
Analysons un autre diptyque : «Adventure». Il y a la photo de l’écorce de l’arbre, et celle de la petite fille qui prend son lapin en peluche et part en exploration. L’écorce de l’arbre, lorsque l’on y glisse le doigt, est chemin d’aventure, la petite fille elle aussi part à l’aventure, en reconnaissance.
Transmettre l’amour de la nature et du règne animal
Grâce aux animaux vus au Muséum, les deux jumelles ont exploré le monde animal, la nature. En tant que maman, Cristina considère qu’il est important qu’elle transmette l’amour de la nature à ses enfants.
Cristina a constaté que, depuis cet étonnant et intéressant travail qu’elle a réalisé, elle aime de plus en plus la nature. Elle se dit émerveillée par la nature.
Elle et ses enfants disent vivre en communion avec les animaux.
Avant son retour à Luxembourg, Cristina Dias De Magalhães a vécu à Hong Kong, à New York, ainsi qu’à Genève.
Toutes les photos que vous allez voir à Dudelange sont des tirages réalisés à l’aide d’encre pigmentaire sur papier «Hahnemühle», dans des cadres en bois, en noyer pour être précis.
Vu(e)s de dos
L’artiste a exposé en France, au Luxembourg, en Chine, en Tunisie. A la Galerie Clairefontaine, on se souviendra de sa grande exposition qui portait le titre «Vu(e)s de dos».
Au sujet de ces séries précédentes, Cristina Dias de Magalhães a rédigé une thèse intitulée : «Vu(e)s de dos, la photographie comme espace d’identité et de création». Elle a questionné sa pratique photographique suivant la phénoménologie du regard, tout en faisant face à une obsession, celle de vouloir voir son propre dos et celui des autres. Le dos devient alors le sujet photographié et observé, ce point de départ de sa recherche théorique et esthétique, tout comme la base du rapport qu’elle établit avec le monde de l’art et les autres. En tant qu’interface, la vue de dos semble donner sur un lieu ou une territorialité anthropologique et artistique, qui suggère une manière d’être, de voir et de penser le monde.
Il vous reste encore quelques jours pour aller voir cette très belle et intéressante exposition de la photographe Cristina Dias De Magalhães, au Centre d’art Nei Liicht de Dudelange.