Exposition de photos au Musée Ferrum, Tétange, jusqu’au 12 novembre
Rituels masqués, en compagnie du photographe Laurent Nilles
Il est Luxembourgeois. Lorsqu’il voyage, c’est avec intensité, à la rencontre de l’autre, des autres, de leurs traditions et coutumes. Laurent Nilles vit une véritable passion pour les pratiques et utilisations des masques dabs de nombreuses régions du globe: Europe de l’Est, Afrique occidentale, Asie himalayenne, Inde et Amérique du Sud. Son travail est à la fois documentaire et ethnographique, une science qu’il met à la portée de toutes et de tous, à l’aide de son exposition photographique que vous pourrez découvrir jusqu’au 12 novembre au Musée Ferrum de Tétange au 14, rue Pierre Schiltz. L’exposition est visible du jeudi au dimanche de 14 à 18 heures.
Laurent vous montre une cinquantaine de photos sélectionnés, ainsi que plusieurs exemplaires de masques originaux.
Laurent Nilles nous a expliqué à propos de son travail: «Abandonner l’insignifiance de l’existence humaine, se glisser dans la peau d’un être vénéré, doté de pouvoirs surnaturels, participer au mystère de rituels secrets, mais aussi profiter de la liberté de bouffon proférée par le déguisement. Le porteur du masque agit sous couvert d’anonymat, son identité et ses expressions faciales cachées, ses intentions inconnues. Un sentiment ambigu, oscillant entre amusement, excitations, mais aussi d’insécurité, de méfiance fait monter l’adrénaline du public face au masque.»
Accompagnons Laurent Nilles le temps d’un reportage et de son exposition, écoutons-le:
Continent africain
Dans un village des Baoulé de Côte d’Ivoire, à Kondéyaokro, les masques circulaires et cornus exécutent une danse de bienvenue. Ces masques ne possèdent pas d’ouverture, dont personne n’a besoin, car les danseurs, dit-on sont guidés par l’esprit du masque.
Un autre rite de Côte d’Ivoire est celui du Poro. Le Boloye est une danse initiatique lors de laquelle les jeunes adeptes, âgés entre huit et quinze ans, effectuent d’impressionnants sauts périlleux, tandis que le Wambele est un grand masque du peuple Senaufa avec ses deux visages armés de crocs. Il symbolise l’opposition entre le bien et le mal.
Restons en Côte d’Ivoire avec les masques de guerre du peuple Guéré, énormes, terrifiants, armés de lances, ainsi que les masques bienveillants du même peuple.
Les Égun Gun du Bénin représentent les esprits des ancêtres décédés. Le Matorma est un danseur masqué du peuple Limba de Sierra Leone. Après avoir ensemencé leurs champs, les agriculteurs font appel à cet esprit pour protéger leur future récolte.
Inde, Bouthan et Mongolie
Laurent Nilles nous emmène également, en Asie. Il nous fait découvrir, entre autres les shamans de Mongolie.
Ainsi que les membres de la communauté des Behrupiya, saltimbanques de l’Inde qui bénissent les fidèles hindous en contrepartie d’une petite offrande.
En Inde, le Kathakali est une ancienne forme de théâtre dansé du sud du pays. Les acteurs y reconstituent des épisodes des épopées hindoues, par exemple du Mahâbhârata ou du Ramayana.
Au Bouthan, les Tsheshus sont des fêtes qui attirent chaque année de grandes foules dans les monastères bouddhistes.
Équateur
En Équateur, la Fête de la Mama Negra est une célébration en l’honneur de Notre-Dame de la Miséricorde qui aurait protégé la ville de Latacunga d’une éruption du volcan Cotopaxi en 1742. Dans un cortège extravagant, les caractères uniques issus d’un mélange culturel andin, espagnol et africain se présentent. Certains voient dans cette Fête la Pachamama, la déesse Terre-Mère de l’époque précolombienne.
Bulgarie et Hongrie
Dans le passé, en Bulgarie, des ours dansants ajoutaient de l’ambiance aux festivals bulgares et notamment aux célébrations traditionnelles du Nouvel-An. Lorsque cette pratique a été interdite, les ours ont été remplacés par des personnes costumées. Parfois, ce sont même d’authentiques vieilles peaux d’ours qui servent de déguisement.
En Bulgarie, les Kukeri font partie intégrante des célébrations du passage à la nouvelle année. Il existe un nombre quasi infini de variations de ces créatures car chaque région et chaque village produisent leurs propres costumes.
Dans le sud profond de la Hongrie, à Mohacs, au bord du Danube, chaque année, fin février, la fin de l’hiver est célébrée lors de la fête Busojaras.
À cette occasion, des monstres masqués paradent dans les rues par centaines et le soir, un feu de joie géant est allumé sur la place principale. Selon la légende, les Busos auraient même contribué à la libération de la ville de l’occupation turque au 17ème siècle.