Cinéma : «Amélie et la métamorphose des tubes»
L’enfance d’Amélie Nothomb au Japon en film d’animation
Le film d’animation «Amélie et la métamorphose des tubes», film aux couleurs irradiées de lumière évoque les premières années de l’autrice belge Amélie Nothomb au pays du Soleil-Levant. Cette adaptation du neuvième roman d’Amélie Nothomb a déjà été adapté maintes fois au cinéma. Le film a conquis le festival du film d’animation d’Annecy, repartant avec le Prix du Public.
Ce film, même s’il peut être vu par des enfants, est plutôt destiné à un public d’adultes. Les plus jeunes seront enchantés par la féérie de couleurs qui défilent sur le grand écran, beaucoup moins par l’intrigue qu’ils auront bien du mal à suivre.
Ce portrait au vitriol d’une société libérale est aussi une réflexion sociale intense qui ne laisse pas le public indifférent.
Dans une veine autobiographique assumée, Nothomb y raconte les trois premières années de sa vie au Japon, alors même qu’elle est durant ses deux premières années et demie considérée par sa famille comme un tube digestif, inerte et végétatif dont les activités se bornent à ses besoins primaires. Et c’est cette qualification de tube, peu flatteuse qui donne son titre au livre puis au film, avant que la petite Amélie ne finisse par devenir aux yeux de tous une enfant plus ou moins normale. Nothomb s’en amuse évidemment et décrit avec malice sa vie familiale dans un Japon aussi étrange que familier.
J’avais lu, lors de sa publication le roman d’Amélie Nothomb dont est adapté ce film d’animation. Les deux auteurs du film, Liane-Cho Han et Maïlys Vallade, ont choisi le pari de la fidélité à l’œuvre originelle, ce avec la bénédiction de la romancière. Et puis, finalement, je n’hésite pas à prétendre que ce film d’animation est bien plus qu’une adaptation. Il s’agit d’une fable sensorielle et philosophique.
Ce propose un univers à la fois doux et coloré qui fait ressembler chaque scène à un tableau dont la composition a été soigneusement étudiée. Le résultat est saisissant. Il rend hommage à l’esthétique japonaise. Dans des décors naturalistes dominent de sublimes teintes vertes déclinées presque à l’infini.
La petite Amélie grandit au Japon, dans une maison paisible, entourée de ses parents, de son frère et de sa sœur. Son éveil au monde ne suit pas les sentiers habituels. Même si elle n’émet encore aucun son, elle a pleine conscience de tout ce qui l’entoure.
Ce film explore une intériorité rare, celle d’un esprit lucide et contemplatif dans un corps d’enfant, qui rencontre le monde par les sens, les émotions, l’amour et l’amitié. Cette hypersensibilité de l’enfant se ressent dans son attachement à sa grand-mère paternelle, arrivée de Belgique et dans celui à Nishio-san, sa nourrice. Ces rencontres humaines deviennent le socle de tout un apprentissage, celui de la mort, de la tristesse, mais également de la joie et de la complicité.
Le père d’Amélie est consul au Japon. A peine sa mère rentrée en Belgique qu’elle décède d’un incident cardiaque. La petite fille ne comprend évidemment pas encore la dimension de la mort. Le père rentrera pour deux mois en Belgique. Persuadée d’être elle-même japonaise, la petite fille précoce participe aux célébrations et aux traditions nippones qui la fascinent. A la fin des célébrations d’Obon, la Fête des Morts au Japon on raccompagne les esprits dans l’autre monde avec des lanternes flottantes qu’on laisse dériver sur l’eau.
Nishio-san et Amélie vont se rendre au bord du lac pour faire flotter une lanterne en hommage à la grand-mère de l’enfant.
L’amour que porte Amélie à sa nourrice et vice-versa est aussi la source de sa première déchirure. Forcée de quitter le Japon pour la Chine lorsque son père est muté, la petite fille endure une véritable tragédie. A ce départ s’ajoute le rejet des aînés de la société japonaise. Le contexte post-guerre au Japon faisait que les européens n’étaient pas très souvent les bienvenus.
«Amélie et la métaphysique des tubes» est un film d’animation bouleversant à plus d’un titre.