Rives du Congo, Touraine, à l’ombre des Carpates : livres
En compagnie d’un ami photographe, Jean-Marie Laclavetine a vagabondé sur les routes de Touraine. Ils ont suivi le cours des rivières, longé le fleuve sauvage, arpenté les rues et les ruelles des villes, interrogé la riche mémoire de cette terre d’écrivains. Ils sont allés à la rencontre des « fainéants sublimes » dont parle Balzac, habitants d’un pays où le temps ne passe pas à la même vitesse qu’ailleurs. Le récit de ce vagabondage est plein d’ironie, d’anecdotes cocasses, de visions surprenantes, mais aussi de réflexions sur l’esprit des lieux, qui nous habitent davantage que nous ne les habitons. Ecoutons Jean-Marie Laclavetine chanter la Touraine : « La Tourraine, ces vallonnements paresseux, ce fleuve indolent, ces coteaux de craie…C’est un bonheur furtif et secret comme les reflets du fleuve dans les boires et les bras morts, les mousses lumineuses qui gagnent les sables à l’étiage, un bonheur bouillonnant à l’insu du monde comme le moût d’octobre dans la pénombre des caves de tuffeau, un bonheur puissant et calme, gonflé d’ivresses passées et à venir. Il m’aura fallu du temps pour m’acclimater à ces lieux, tellement de temps pour comprendre ce que j’aime ici, et combien je l’aime. L’amour est lent, c’est un travail. » Le délicat et parfait ouvrage Au pays des fainéants sublimes, voyage en Touraine avec un ami photographe de Jean-Marie Laclavetine a été publié dans la collection Le Sentiment Géographique aux Editions Gallimard : (www.gallimard.fr / www.folio-lesite.fr /www.decouvertes-gallimard.fr). Dans la même collection : Notes sur l’Estonie de Richar Millet. Dans la collection Du Monde Entier chez Gallimard : Le rabaissement de l’américain Philip Roth ; Oasis du couchant de l’égyptien Bahaa Taher ; La folie baudelaire de l’italien Roberto Calasso. Je vous invite à consulter le site des Editions Gallimard, en octobre l’éditeur publie cinq titres de l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, prix Nobel de Littérature en 2010.
Quand Anne-Marie Schwarzenbach écrit, en l’espace d’un an, les deux cycles de poèmes « Rives du Congo » et « Tétouan », elle se trouve, à 33-34 ans, au terme de sa brève existence. Elle a été la fille aimante, mais aussi la fille prodigue d’une famille de riches industriels de Zurich. Fuyant ce milieu, avec lequel sa façon de vivre et ses convictions l’ont mise en porte-à-faux, elle a mené une vie inquiète et voyageuse. Reporter-photographe, elle a enquêté aux Etats-Unis au plus près des populations frappées par la crise, et réalisé en compagnie d’Ella Maillart l’exploit d’un voyage automobile jusqu’en Afghanistan. Parallèlement s’est édifiée son œuvre d’écrivain. Des amitiés et des amours l’ont violemment enflammée et meurtrie, la morphine l’a souvent dévastée. Elle s’est engagée très tôt et de toute sa vigueur contre le nazisme. C’est chez &Esperluète Editions (www.esperluete.be) dirigées par Anne Leloup que vient d’être publié Rives du Congo / Tétouan d’Anne-Marie Schwarzenbach, illustré de photographies de l’auteur. Le texte est proposé en édition bilingue allemand-français.
Aux Editions de l’Harmattan (www.librairieharmattan.com) vient d’être publié le superbe ouvrage de Touré Tamaro Bracelets d’Afrique. Ce très beau livre présente la collection de près de 200 bracelets acquise par l’auteur au fil des années. Ces bracelets d’Afrique montrent une diversité à tous les niveaux : leur provenance, leurs matériaux, leur utilisation et leurs utilisateurs, leurs formes et leurs couleurs, la technologie utilisée pour les confectionner. De nombreuses photos en couleurs illustrent ce catalogue de bracelets venant de toute l’Afrique.
Gérard Klein propose un tour du monde des marchés, véritable carnet de voyage, original, exotique et savoureux, avec son livre Les marchés du monde, publié chez Michel Lafon (www.michel-lafon.com). A la télévision, Gérard Klein a incarné le célèbre « Instit ». L’ouvrage Les marchés du monde, ponctué d’informations sur les produits traditionnels que l’on peut y retrouver, transporte les lecteurs sur des marchés aux chameaux d’Afrique du Nord, des marchés flottants d’Asie, des marchés aux fleurs d’Europe, des marchés nocturnes indiens. Un livre qui fait rêver devant les étals bigarrés qui s’installent sur les places des villes et des villages, d’un bout à l’autre de la planète.
Passons à la musique, en voguant des USA à l’Afrique, avec Nina Simone. Nina Simone compte parmi les plus grands artistes Noirs américains du XXème siècle. A la croisée du Jazz, du Blues et de la Soul Music, elle a su se forger un nom aujourd’hui mythique, à l’égal des Aretha Franklin, James Brown, Otis Redding, Ray Charles. Le Cd Nina Simone, Fodder on my wings FA 500, publié par Frémeaux & Associés (www.fremeaux.com) est le dernier grand album de la chanteuse. Enregistrement des studios Davout d’Yves Chamberland, dont la notoriété fait désormais partie de l’histoire du disque, Nina Simone y chante en Français et en Anglais, avec une pulsation rythmique unique, un esprit à la fois Soul et lyrique, cette fusion unique qui affirme le talent et l’identité de Nina Simone, devenue légendaire.
Je vous invite à effectuer une incursion en Roumanie, terre de mystères et de traditions, surtout dans la magnifique région des Carpates, en compagnie d’Ionna Andreesco, sociologue et anthropologue, auteur dans la collection « Petite Bibliothèque Payot » de Où sont passés les vampires ? et de Mihaela Bacou, spécialiste de littérature et de civilisations médiévales. De ces deux auteurs, les Editions Payot (www.payot-rivages.net) viennent de publier Mourir à l’ombre des Carpates, livre anthropologique, il est expliqué aux lecteurs et lectrices qui vont, à la lecture du texte, d’étonnement en étonnement, les rapports particuliers et intimes des habitants de ces régions, avec la mort, les funérailles : célébrer, de son vivant, ses propres funérailles, chercher à acheter la mort pour en adoucir la violence, gérer son patrimoine de l’au-delà…
Michel Schroeder