Le nombre de suicides au Luxembourg varie selon la définition
Les hommes se suicident trois fois plus que les femmes
Le suicide a toujours été un sujet tabou dans notre société, au point que dans certains cas il constitue un véritable secret d’Etat. Le suicide traduisant généralement un certain degré de malaise dans la société, il est clair que lorsque le taux de suicides d’un pays est élevé, son image s’en trouve ternie. Cependant, le suicide est un problème tellement grave qu’il faut à tout prix qu’il y ait une transparence absolue dans ce domaine. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra avoir une idée concrète de l’ampleur du phénomène, et que l’on sera donc véritablement en mesure de prendre les mesures qui s’imposent, notamment au niveau de la prévention, afin d’essayer ainsi d’en réduire le nombre.
Et le Luxembourg ne fait pas exception à la règle, il possède d’ailleurs un taux supérieur à la moyenne européenne. Cependant, il y a semble-t-il un problème au niveau des chiffres. Le Statec annonce 54 suicides en 2005, 74 en 2006 et 90 en 2007 (2008 non connu), ce qui représente une croissance de 160% en trois ans. Il y a donc vraiment de quoi se préoccuper si cette tendance venait à se confirmer dans les années qui suivent.
Dans une réponse au député Ben Scheuer, qui l’a interpellé pour connaître, notamment, l’ampleur de ce problème au Luxembourg, le ministre a tenu à faire savoir au député que les chiffres (Statec) cités par le député font référence à une définition « purement statistique du suicide national » qui ne correspond pas à la définition « internationalement reconnue et recommandée » en matière de suicide (International Classification of Diseases (ICD)) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), utilisé mondialement pour le codage des causes de maladies et des décès.
Il ajoute que, du fait que ces causes de décès sont peu fréquentes et que la prise en considération de quelques cas en plus ou en moins peut avoir un grand impact sur le taux, il y a lieu, de respecter rigoureusement les définitions internationales des indicateurs, et d’autre part, d’éviter, pour l’analyse d’évènements peu fréquents, d’observer leur fréquence sur une période d’un an, mais d’en analyser l’évolution sur une période pluriannuelle (5 ans).
C’est ainsi que, selon la définition internationale (lésions auto-infligées), il y a eu, en 2008, au Luxembourg, 47 suicides (39 hommes, 8 femmes) et en 2009, 59 suicides (45 hommes, 14 femmes).
Tandis que, selon la définition nationale (lésions auto-infligées et traumatismes et empoisonnements causés d’une manière indéterminée quant à l’intention), il y a eu 64 suicides (50 hommes, 14 femmes) en 2008 et 71 suicides (55 hommes, 16 femmes) en 2009.
On observe que les hommes se suicident trois fois plus que les femmes, et que les tranches d’âge les plus touchées sont celles des 25 à 39 ans (15 en 2008, 20 en 2009), suivies de celles de 40 à 49 ans (10 en 2008, 13 en 2009) et de celles de 50 à 59 ans (15 en 2008, 9 en 2009). Pour les jeunes de 15 à 24 ans, il y a eu 2 cas en 2008 et 1 en 2009, tandis que pour les 60 ans et plus ils ont été 8 en 2008 et 12 en 2009.
Chez les femmes, où on n’a pas enregistré de suicide chez les plus jeunes (15 à 24 ans) ni en 2008, ni en 2009, ce sont les femmes de 40 à 49 ans qui sont les plus concernées (4 en 2008, 6 en 2009), suivies par les 50 à 59 ans (4 en 2008, 3 en 2009) et celles de 60 à 69 ans (5 en 2008, 2 en 2009). Chez les 70 ans et plus, il n’y a eu aucun cas en 2008, et 2 cas en 2009.
Quelles que soient les mesures adoptées jusqu’à présent, il est certain, à la vue de ces chiffres, qu’il reste encore beaucoup (ou mieux ?) à faire dans le domaine de la prévention, si on veut arriver à en réduire le nombre.
I.P.I