Luxemburg

Journée mondiale de lutte contre l’homophobie (3)

N’essaie pas de changer à cause des autres, des gens t’aiment comme tu es !

Mais le chemin à faire reste encore long. Si les lois peuvent être changées par un simple vote au parlement, il n’en est pas de même avec la mentalité des gens, leurs préjugés et leurs idées reçues. Surtout si elles sont fortement influencées par des croyances fondamentalistes. Par exemple, que les homosexuels sont tous des pédophiles, qu’ils changent de partenaire tous les jours, etc. Tout ce qu’on a pu voir et entendre lors des manifestations contre « Le mariage pour tous » chez nos voisins français.

Haïr quelqu’un parce qu’il est différent est un crime ! Avec probablement plus de 300 millions de non-hétérosexuels dans le monde, tout comme l’antisémitisme et le racisme, l’homophobie est un crime contre l’humanité.

Non seulement les écoles ont leurs responsabilités à prendre, mais également les parents, les responsables dans les fédérations sportives et les clubs, les associations, les partis politiques, les éducateurs, les assistants sociaux, le personnel de santé, en fait, chacun de nous.

Pour que les jeunes ados de demain ne voient plus dans leur camarade de classe non-hétérosexuel un être étrange, malade, dégueulasse, contre-nature, inférieur, bref, pour utiliser le terme horrible des nazis, un « sous-homme » ne méritant pas de vivre, que l’on harcèle physiquement ou à travers les réseaux sociaux, et que l’on pousse ainsi à commettre l’irréparable.

Au contraire, ils doivent comprendre qu’il est tout à fait identique à eux, avec le même droit d’aimer quelqu’un.

Pour que les parents ne rejettent plus leur enfant homosexuel après qu’il ait fait son « coming out ».

Beaucoup plus que le rejet des amis, le rejet de la famille est douloureux. Si l’enfant homosexuel fait son « coming out » devant ses parents, il prouve qu’il a beaucoup de confiance en eux. Mais il prend également un risque énorme : dans le cas du rejet, il perdra ceux qu’il aime probablement le plus au monde, sa mère et/ou son père.

Aimeriez-vous que votre enfant vive une vie entière dans un mensonge, qu’il ne soit jamais heureux et ne s’épanouisse jamais pleinement ?
Après son « coming out » il sera toujours le même qu’avant. Ni son caractère, ni son humour, rien de tout ce que vous avez aimé chez lui n’aura changé. Mais pour lui, il sera aussi difficile de s’imaginer une relation amoureuse avec quelqu’un du sexe opposé que pour vous de vous imaginer une relation avec quelqu’un du même sexe.

Il est vrai et difficile à admettre que tous les rêves qu’on avait en tant que parent concernant l’avenir de son enfant, en le voyant créer une famille avec un partenaire du sexe opposé, avoir des enfants, etc., auront dans un premier temps tendance à s’effondrer. Mais les rêves de votre enfant ne sont-ils pas beaucoup plus importants que les vôtres ?
Avant qu’une tragédie n’ait lieu, parlez-en entre vous. Si vous n’arrivez pas à accepter l’orientation sexuelle de votre enfant, laissez-vous aider par des personnes compétentes en la matière. Ces structures existent aussi chez nous. Ne renoncez pas à leur aide (www.cigale.lu). Parce que votre enfant vous aime et qu’il aura besoin de vous.

Mardi 9 août 2011...

J’ai tué mon gosse !... Je doute qu’il puisse me pardonner. Maxime aimait les garçons, oui ! Mais, il aimait, et c’est tout... J’ai mal, affreusement mal ! Je pleure chaque jour depuis l’été dernier... J’ai détruit ce que j’avais de plus précieux, j’ai anéanti ma famille. J’ai ôté la vie de mon fils à cause de ma connerie... Je m’appelle Eddy.

« J’avais le bonheur d’avoir une petite famille merveilleuse. Une femme adorable (qui me hait aujourd’hui !), deux filles délicieuses et un petit mec...le fils parfait. Mon garçon faisait beaucoup de sport, trop peut-être. À 16 ans, il avait tout ce qu’il fallait pour tomber toutes les filles du quartier. .. J’ai été con, aveugle, le dernier des imbéciles.... J’étais enfermé dans ma bulle de gros blaireau borné et je ne me suis pas intéressé à sa vie. J’ai attendu ... qu’il me parle de ses copines, qu’il m’émoustille de ses petites histoires. Mais rien ! Mon gamin a eu 17 ans, puis 18, mais jamais de confidences, jamais de complicité avec son père qui l’adorait. ... Mais c’est ma faute ! ... Je n’ai jamais posé la moindre question sauf balancer de temps à autre une allusion que je découvre maintenant comme complètement stupide. ... Puis un soir de juillet, il était près de 2 heures du mat ... j’étais dehors à fumer ma clope. ... Je venais d’écraser mon mégot. Les scooters sont arrivés. J’étais dans le noir mais je ne cherchais pas à espionner. Mon gosse a garé son scooter devant la porte de la remise. Celui qui le suivait a éteint le sien aussitôt. Je me préparais à aller les trouver, leur proposer une bière, une cigarette. Mais j’ai vu ! J’ai vu ce que je n’aurais jamais du voir ! ... Pourquoi je n’ai pas fait de bruit ! Pourquoi je ne me suis pas manifesté pour indiquer ma présence !!! ... Mon bébé, mon petit garçon était en train de se bécoter avec un mec. Mon fils embrassait un garçon presque sous les fenêtres de ses parents !!! Et moi, gros connard, je me suis levé de mon siège, j’ai poussé ma gueulante et j’ai viré l’autre. J’ai hurlé sur mon gamin, sans même m’apercevoir qu’il pleurait. Le cendrier est passé à quelques centimètres de sa tête. ... Je n’ose même pas répéter les mots que j’ai utilisés. Pédé, tantouse, tapette, tout mon vocabulaire y est passé. ... Et, pendant tout le temps que je criais sur lui, mon gosse pleurait. Il a simplement dit « papa, laisse-moi t’expliquer... ». « Y a rien à expliquer, j’ai compris » C’est tout ce que j’ai eu à lui répondre. J’avais rien compris ! Je n’ai pas vu que mon gosse était différent de moi, différent de ma conception de la famille. ... Pour moi, ma famille devrait se contenter de deux filles, point barre. Je lui ai tout simplement dit que je ne voulais pas d’un fils pédé (c’est le mot que j’ai utilisé) et qu’après l’été, il allait bosser et se prendre un appartement en ville. Là encore je n’ai pas vu qu’il pleurait. Si ! J’ai vu ! Mais j’ai pas voulu ! Il a pris son scooter et il est parti. Maxime n’est pas revenu. La gendarmerie a téléphoné. On devait venir à l’hôpital. Il avait voulu faire l’avion avec son scooter du haut du pont. Le gendarme m’a simplement dit qu’il avait pris le soin de poser son casque sur la chaussée avant de prendre son élan. Je suis le dernier des salauds. J’essaie de tenir depuis cet été, mais c’est dur. J’ai mal, très mal. ... J’ai la chance d’avoir deux filles qui m’aident. Ma femme me hait depuis cette horrible journée. ... Comment puis-je demander pardon à mon gamin ? Je l’ai tué, il n’y a rien de plus à dire. ... Pardon mille fois mon garçon, mon cœur est en miettes mais rien ne peut réparer mon imbécillité. A tous ces garçons qui se tournent vers d’autres garçons, je ne voudrais dire qu’une chose : ne laissez pas votre père en dehors de votre vie. Parlez dès que vous vous en sentez la force ! Et, dernier point : regardez-le en face. Toujours ! Que ne voudrais-je maintenant pouvoir parler. »

Extraits d’une lettre d’un père meurtri du décès de son fils.

Pour vous les jeunes, dans une période difficile de votre vie, à la découverte de votre identité, à la recherche de votre place dans la société, et où le chemin vers cette place, cette identité, passe souvent par un tunnel sombre d’intolérances et d’harcèlements quotidiens, sachez qu’au bout de ce tunnel, aussi sombre qu’il soit, il y aura toujours de splendides couchers de soleil à voir, de magnifiques endroits à découvrir, d’innombrables nouveaux amis à se faire, et quelque part cet amour tant attendu.

Il y aura toujours des gens qui ne vous accepteront pas, mais de nombreuses autres personnes vous aiment et vous respectent tel que vous êtes. Ne vivez pas une vie qui n’est pas la vôtre. Ne vous enfermez pas dans un mensonge pour les autres. Votre vie est unique et beaucoup trop précieuse pour être gâchée. Vivez la comme vous le voulez, réalisez vos rêves, faites vous de nouveaux amis, voyagez et mettez vous à la recherche de cette personne qui se sentira comme vous et qui vous prendra par la main pour vous accompagner dans la réalisation de vos rêves.

Mais surtout, ne pensez plus une seule seconde, un seul moment, à vous priver de cette vie.

Pour que cette nuit du 7 octobre 1998 à Laramie en Wyoming ne se reproduise plus jamais, ni aux Etats-Unis, ni en Europe, ni ailleurs.

La lutte contre toute forme de discrimination, qu’elle soit liée à l’orientation sexuelle, ou qu’elle soit raciale, ethnique, ou autre, doit se poursuivre.

L’exploitation de l’homme par l’homme ne pourra-t-être abolie que lorsque tous les hommes seront considérés égaux en droits et devoirs. Tant qu’il y aura des minorités discriminées, aucun système politique quel qu’il soit ne saura-t-être un système « des humbles, fait par les humbles, pour les humbles ».

RIP, Matthew (1976-1998) Patrick Simonelli