Kultur05. Juli 2025

Jusqu’au 6 septembre à Hesperange

Hommage posthume à Arthur Unger, le maître de l’eau et du feu, de l’or et de la terre

de Michel Schroeder

L’exposition qui se déroule jusqu’au 6 septembre à l’Espace Art Accueil de la Commune de Hesperange, au 476, route de Thionville, a été organisée en collaboration avec Dany Unger, fille de l’artiste Arthur Unger. Arthur est originaire d’Itzig, village faisant partie de la Commune de Hesperange. Décédé en 2024, c’est un hommage posthume qui lui est rendu actuellement.

Un esthète à part entière

Je suis un alchimiste, nous a-t-il confié de son vivant, un alchimiste avec mes secrets de fabrication. Ma spiritualité, vous la retrouverez dans le liquide des encres que j’utilise. Il a commencé par réaliser ses premiers dessins à la gouache, à Paris. Puis, à Luxembourg, il a poursuivi son aventure picturale en travaillant avec l’encre de Chine, inspiré par les calligraphies asiatiques, ainsi que, progressivement, en développant sa peinture sur cuivre électrolytique. Son œuvre aux couleurs chaudes, veloutées et très proche de ce que la nature exprime, prend naissance à l’aide de la matière et du feu.

«Les feuilles de cuivre remplacent la toile, j’obtiens mes couleurs par l’incidence du feu et du chalumeau sur la matière de cuivre. Ce procédé répond à mes visions du continent africain, là où le minéral et le végétal, l’animal et l’humain sont transcendés», nous a-t-il expliqué.

Arthur Unger était un virtuose, inlassablement bercé par ce merveilleux besoin de création qui le transformait en esthète à part entière.

Son âme et son esprit sont toujours présents. Il vous sera possible de ressentir toute la dimension de l’artiste en visitant l’exposition qui a lieu actuellement à Hesperange.

Un grand connaisseur de la Chine

Arthur Unger est né le 11 juillet 1932. Il a toujours bénéficié d’une inspiration divine, il a été attentif aux appels spirituels qui ont jalonné son existence. Il a toujours été à l’écoute de ses muses.

Il a effectué ses études à Luxembourg et à Bruxelles. Il a vécu pendant de nombreuses années, à partir de 1956, dans les tribus Lunda et Baluba, au Congo belge. Un séjour qui a exercé une influence prédominante sur son œuvre.

Arthur Unger a été un grand connaisseur de la Chine, pays où il a souvent été invité et voyagé, où il a exposé ses travaux à de nombreuses reprises.

L’artiste est taoïste, le taoïsme étant l’un des piliers de la pensée traditionnelle chinoise. Il adhère à l’universalité du taoïsme et dit que chaque chose et chaque individu possèdent deux aspects, l’un féminin, l’autre masculin. Aucun individu n’est tout à fait bon, ni tout à fait mauvais.

Propos d’Arthur Unger au sujet de ses encres de Chine

«Avec la rapidité du geste et du pinceau qui court, j’imprime ma trace à l’encre sur le papier. Ainsi je traduis le caractère fugace et immédiat de la vie, de la mienne et de mon vécu. Dans l’eau d’un bain je flotte mes encres et créé des flux de couleur noire intenses ou légères dans l’espace immaculé du papier. Les œuvres se réalisent dans un jaillissement parfait qui ne tolère point de repentirs. Le coup du pinceau doit être juste comme celui du calligraphe chinois et chargé de dynamique et de vitalité. C’est mon énergie vitale qui se libère et se réalise. Ce monde que je crée d’apparence taoïste est inspiré de la dualité des choses du Yin et du Yang et des quatre éléments que sont l’eau et le feu, l’or et la terre. Et, finalement, le tout est sans doute une histoire de dragon chinois.»

Propos d’Arthur Unger au sujet de ses pyrochimiogrammes

«Et voilà que par hasard le feu imprima sa marque sur l’une de ses feuilles, le feu alchimiste modifiant les molécules, ces molécules s’habillant d’autres couleurs. J’étais fasciné par le jeu des flammes et du feu. Il fallait que je m’initie à la magie de ces lois inconnues, afin d’imposer à ce métal ma propre empreinte pour le faire chanter, vibrer, voir le mettre dans tous ses états, qui, par transposition, fussent les miens. Il fallait s’emparer du feu créateur d’images pour incendier, calciner et purifier jusqu’à la fusion entre l’homme et l’œuvre.

Pour rejoindre l’art, il convient de découvrir le chemin exact, afin de faire chanter le métal et de déceler ses failles et ses points sensibles pour le surprendre. Aussi faut-il savoir œuvrer et manœuvrer pour rendre visible l’invisible et s’emparer du feu créateur et transcendant pour incendier le « Moi » et projeter hors de soi-même les images.

Il faut savoir jouer du chalumeau comme d’un pinceau pour marquer le cuivre de sa griffe et le charger d’images inspirées d’Afriques poétiques et magiques.»