Kultur

Des polars et des romans policiers qui cartonnent

Les ventes des polars et romans policiers que j’ai le plaisir de vous conseiller aujourd’hui rencontrent, à peine sortis de presse, un succès fracassant de librairie, c’est dire le talent de leurs auteurs, le suspense noir qui est au rendez-vous des lecteurs et lectrices.

Chez Rivages/Casterman/Noir, collection co-éditée par deux géants de l’Edition, Casterman (www.casterman.com) et Payot & Rivages (www.payot-rivages. fr), vient d’être publiée l’adaptation en bande dessinée d’un roman de Daniel Chavarria, sous le titre Adios Muchachos. Daniel Chavarria est né en 1933 en Uruguay. Il soutenu les guérilleros colombiens sur le plan logistique. Il a trouvé refuge à Cuba où il vit depuis lors. Traducteur, professeur a Cuba, grand érudit, il est devenu une des voix majeures du roman policier latino. Publié à Cuba, Adios Muchachos est devenu un polar culte. Le résultat époustouflant de réalisme, en bande dessinée, est due aux talents conjugués de Matz, Daniel Chavarria et Paolo Bacilieri. A Cuba, les Jineteras sont des jeunes filles qui chassent le riche touriste étranger dans l’espoir qu’il les entretiendra pour un temps, ou mieux, leur proposera le mariage. Alicia a une méthode bien à elle. Un jour elle ramène dans ses filets le beau Juanito, cadre mexicano-canadien expatrié. Ils vont former une sorte de couple idéal, jusqu’à ce que le conte de fées vire au cauchemar. Adios Muchachos est un polar fort, tout en dénonçant les dérives de la présence de touristes étrangers dépravés dans ce magnifique pays qu’est Cuba.

John Carr est l’individu le plus recherché d’Amérique. Certes, il a réduit au silence ceux qui le menaçaient et le forçaient à rester dans l’ombre sous le nom d’Oliver Stone. Mais les plus hautes instances du gouvernement américain ont déclenché une incroyable chasse à l’homme afin de le retrouver. John Carr décide donc de disparaître à nouveau, laissant dans l’ignorance ses amis du Camel Club pour mieux les protéger. Alors que le filet se resserre, John Carr se réfugie à Divine, petite ville au nom trompeur surplombée par une prison de haute sécurité. Un guêpier où chaque rencontre lui paraît aussi dangereuse que le monde qu’il a laissé derrière lui. David Baldacci, auteur du thriller Divine Justice, publié dans une traduction de Laure Joanin, publié aux Editions Michel Lafon (www.michel-lafon.com) s’est imposé comme l’un des maîtres de ce secteur de romans. Son thriller « Les Pleins Pouvoirs » a été adapté au cinéma par Clint Eastwood. Les polars de Baldacci sont publiés dans plus de 80 pays !

Gonzales Ledesma est aujourd’hui l’un des grands du roman noir espagnol. Son premier livre La vie de nos morts est publié dans la collection Rivages/Noir des Editions Rivages (www.payot-rivages.fr). A peine sorti de presse, il cartonne. Les trois premiers récits nous plongent dans la Barcelone des années 1940 et la terreur de la guerre civile espagnole. Prisons glauques, tortures quasi systématiques, assassinats en série, dénonciations. Nati, Eva et Ana sont trois femmes prises dans la tourmente de l’Histoire. Gonzales Ledesma nous conte trois destins, décrit trois fragilités de femmes, mais aussi leur force, à l’aide d’une écriture mélancolique et rageuse. Les trois nouvelles suivantes ramènent le lecteur aux années 2000. La « Douce mademoiselle Cobos » est une sombre histoire de tueur obnubilé, de femmes bafouées qui meurent à petit feu derrière les persiennes du Barrrio Chino. « La colère du père » et « Le cœur de la mère éternelle » sont deux histoires qui se répondent. On y croise l’inspecteur Ricardo Mendez, héros récurrent de Gonzales Ledesma, confronté aux meurtres sordides d’enfants. Face à l’insoutenable et au chagrin des familles, le vieux policier se trouve plongé dans une position délicate : doit-il laisser faire la justice de son pays ou celle de la rue ? On retrouve dans « La vie de nos morts » ce regard touchant et désabusé que porte Gonzales Ledesma sur sa Barcelone : les vieux bistros se meurent, les prostituées ne sont plus que des fantômes, les ruelles sont toujours aussi étroites et nauséabondes et les plages deviennent des lieux de rencontres malsaines. Avec son talent de conteur, Ledesma tisse des histoires simples et cruelles, comme autant de tragédies sous le soleil barcelonais. Nouveautés chez le même Editeur : L’hiver du commissaire Ricciardi de Maurizio du Giovanni ; Cadillac Beach de Tim Dorsey ; Anesthésie générale de Jerry Stahl ; Démolitions en tout genre de Jérémy Behm ; La Mallette de l’usurier de Piero Colaprico.

Erin Kelly, journaliste, vit avec sa famille au nord de Londres. Elle vient de publier un thriller vraiment décapant sous le titre L’arbre empoisonné aux Editions Jean-Claude Lattès (www.editions-jclattes. fr). Au cours de l’été étouffant de 1997, Karen, étudiante brillante et studieuse, rencontre Biba, fascinante orpheline qui mène une existence bohème dans un hôtel particulier délabré de Highgate, en compagnie de Rex, son frère énigmatique. Aussi, elle se laisse entraîner dans leur univers. Toutefois, des événements terribles se préparent, dont l’issue va se révéler fatale. A la fin de cet été là, il y aura deux morts.

En vacances avec son mari dans une sublime vallée italienne, la tranquillité de la commissaire Simona Tavianello sera de courte durée. Une série de meurtres inexpliqués va bientôt bouleverser la région et Simona ne résistera pas longtemps à se mêler de l’enquête. D’où viennent ces tracts signés « La révolution des abeilles » ? Pourquoi s’en prendre à un apiculteur à l’air inoffensif ? Que cachent les activités de la multinationale d’agro-alimentaire Sacropiano et quelles expériences peuvent bien être menées dans ses laboratoires ? Entre militants écologistes radicaux et industriels puissants qui s’allient aisément les représentants de l’ordre, la commissaire Tavianello aura toutes les peines du monde à garder tête froide et à ne pas se laisser embarquer dans une théorie du complot. La révolution des abeilles de Serge Quadruppani a été publié dans la collection Grands Formats aux Editions du Masque. (www.lemasque.com).

Michel Schroeder