Luxemburg

Pierre Ponath, le héros oublié des Eschois...?

Pierre qui... se demanderont sans doute les jeunes auxquels on aura oublié (omis) de raconter ce que fut la guerre à Esch et quel y fut le rôle voire le destin tragique du résistant eschois Pitti Ponath ! Pour ceux qui, mal instruits, alors que le pays regorge de profs d’histoire se clamant historiens, ignorent qui fut cet homme et qui chercheraient en vain son nom dans le livre paru récemment, traitant des rues et ruelles d’Esch, qu’il nous soit permis de leur rappeler, en commençant par la (sa) fin, que l’ouvrier d’usine Pierre Ponath ayant caché deux réfractaires, fut arrêté sur dénonciation par la Gestapo et battu à mort dans les locaux de la villa Seligmann pour avoir refusé de parler.

C’est ainsi que le vingt-six août 1944, soit quinze jours avant la libération de la ville, le citoyen eschois Pierre Ponath fut assassiné par les allemands pour avoir refusé de trahir le secret de la cache des réfractaires Jean Heinisch et André Zirves, se terrant au fin fond de la Hiehl dans un abri jouxtant la centrale du funiculaire passant par le « Kaazebierg ».

Ils y furent aidés et ravitaillés un an durant en ce qui concerne le premier nommé et pendant deux mois concernant Zirves par le gardien de la station André Rizzi, Pierre Ponath et Nicolas Winckel. Grace au sacrifice de Ponath ils ne furent pas découverts et purent sortir de leur cachette en hommes libres après la libération de la ville le 10 septembre 1944. Quant aux bourreaux de Ponath, on ignore s’ils ont été punis ou s’ils ont pu se soustraire à la justice et continuer à mener une vie tranquille en Allemagne(?)

Rue ou Place
Pierre Ponath, la promesse réitérée de la Commune

En 2004 à l’occasion du soixantenaire du martyr de Pierre Ponath, Monsieur Aimé Knepper alors président de l’Amicale Albert Ungeheuer et lui même ancien réfractaire réfugié en France, suggéra à la Commune d’Esch de dénommer une rue voire une place à la mémoire de ce véritable héros.

Sa demande du 13 février 2004 fut accompagnée d’une recommandation de l’un des deux réfractaires, en l’occurrence André Zirves devenu après guerre député maire de la Commune de Rumelange et qui fut formulée comme suit :

« Jean Heinisch étant décédé depuis longtemps, je suis le seul vivant encore grâce à Pitty Ponath qui sous la torture à mort n’a pas trahi notre cachette. C’est donc de tout mon coeur que je soutiens la proposition de l’Amicale Ungeheuer dont je suis également membre. Je vous saurais infiniment gré de bien vouloir donner une suite favorable à la proposition en haut et de ne pas laisser tomber dans l’oubli la noble et courageuse mort du martyr Pitty Ponath. » (signé A.Zirves)
Ce n’est que le 25 juin 2004 et non pas par retour du courrier, que la Commune d’Esch par le biais de Mme Lydia Mutsch, alors bourgmestre, tint à faire savoir à M. Knepper que le collège des bourgmestre et échevins serait en principe d’accord avec le projet en question auquel on réserverait une priorité absolue.

L’obstination salutaire du président Knepper

Après une très longue attente, et ne voyant rien venir, Mr.Knepper, celui-là même qui depuis des années se bat pour l’émission de timbres postes à l’effigie d’Albert Ungeheuer et d’autres héros de la résistance, se permit de s’adresser une deuxième fois aux édiles en les rappelant au bon souvenir de leurs promesses jadis faites et jusque là non tenues dans les termes suivants : « Après une attente de trois ans et demi, nous ne comprenons pas ce que vous entendez par priorité absolue ».

André Zirves, ancien député-maire, tout comme des membres du comité de notre Amicale, sont âgés de plus de 80 ans ; et nous espérons vivre encore le jour de l’inauguration de cette place ou rue », missive signée par Mr. Knepper et Simonis, président respectivement membre de l’A.A.U.
Il fallut s’armer de patience et attendre le 15 juilet 2008 pour voir Mme la bourgmestre daigner répondre et annoncer à Mr. Knepper la bonne nouvelle comme quoi le collège des bourgmestre et échevins aurait décidé dans sa séance du 18 avril 2008 de « conférer le nom de Pierre Ponath à la place qui sera réalisée dans le cadre du projet d’aménagement devant l’entrée de la mine Hein(t)zebierg. »

Le moment est venu de tenir – enfin – ses promesses !
A l’aube de l’an 2014, et le projet de l’aménagement du carreau de mine touchant à sa fin, à notre goût un brin trop bétonné, rigide voire propret au point de ne plus inspirer quelque artiste tel le peintre attitré des roches rouges Harry Rabinger – si aujourd’hui il revenait en ces lieux – il serait grand temps de passer enfin à l’action et de dédier comme il se doit ce site à la mémoire du héros local et national Pierre Ponath !

Guy van Hulle