Kultur06. Juli 2024

«The New Boy»

de Michel Schroeder

Ecrit et réalisé par Warwick Thornto, produit par Cate Blanchett, «The New Boy», film dramatique australien met en scène Aswan Reid dans le rôle principal, aux côtés de Deborah Mailman, Wayne Blair et Cate Blanchett. Cet œuvre cinématographique – c’est bien sciemment que j’utilise « œuvre » – permet au public de suivre les péripéties d’un jeune orphelin aborigène australien qui est amené dans un monastère chrétien, ce dernier étant dirigé par une nonne renégate. C’est là qu’il commence à remettre en question sa foi et sa loyauté envers son héritage socio-culturel.

Au milieu des années 1940, en Australie, cet orphelin anonyme de neuf ans est capturé par la police, de manière fort brutale, puis recueilli dans un monastère isolé où vivent, quasiment prisonniers, des garçons aborigènes. On dit que le monastère est dirigé par un prêtre, mais en réalité, celui-ci est décédé depuis plus d’une année, sans que personne n’en connaisse la cause.

Sœur Eileen, la religieuse principale, prétend à des étrangers que le prêtre est toujours en vie. Elle va jusqu’à falsifier des lettres dans le but de soutenir ses mensonges. Cette horrible nonne est soutenue, dans son travail, ainsi que ses tromperies, par deux autochtones adultes.

Les temps sont difficiles, les finances en déclin. Les religieuses s’occupent malgré tout des garçons et souhaitent les protéger grâce à l’enseignement chrétien, ainsi que du travail manuel destiné à soutenir la communauté. Finalement, on enlève, on vole à ces enfants, toute possibilité à connaître et reconnaître les vraies valeurs, la langue ou encore les pratiques des aborigènes, cette population autochtone d’Australie.

Finalement, à cause de sa bonté profonde, il sera accepté par les autres garçons, tous d’origine aborigènes. Cet enfant possède une particularité. Il possède des capacités surnaturelles. Il parvient à guérir des animaux malades, ainsi que des humains frappés par la maladie. Il est apprécié pour ses dons étonnants.

Arrive au monastère, destinée à embellir son église, une grande statue représentant le Christ crucifié. Le New Boy ressent une attirance envers cet objet. Il est convaincu qu’elle est vivante. Tous ceux et celles qui vivent dans le monastère sont profondément choqués le jour où il apporte des serpents vivants, en offrande au Christ.

New Boy a des comportements qui dérangent de plus en plus. Il démonte le Christ de la croix, joue avec lui, veut à tout prix le guérir de ses blessures de crucifié. Les adultes sont de plus en plus intolérants avec lui et lui reprochent son refus d’abandonner ses habitudes aborigènes. Par crainte qu’il n’influence les autres garçons, il sera isolé d’eux.

S’il finit par s’adapter aux modes de vie qui lui sont imposés, il glisse de plus en plus dans une profonde crise d’identité …

A travers l’histoire de New Boy, le réalisateur raconte cette génération volée. En effet, entre 1910 et 1970, les autorités australiennes ont enlevé de force, des dizaines de milliers d’enfants aborigènes à leurs parents, pour les placer dans des institutions religieuses ou dans des familles d’accueil blanches, ce dans le cadre d’une politique officielle d’assimilation. Aujourd’hui encore cette pratique existe toujours. Les peuples autochtones sont privés encore régulièrement de leurs enfants par les services de protection de l’enfance. Sans véritable raison. Les dommages causés sont énormes et ces enfants, une fois adultes, considèrent avoir subi un abus considérable. On leur vole leur intégrité culturelle !

Le constat est amer : le colonisateur du continent, le Gouvernent australien a, pendant de nombreuses décennies commis des rapts d’enfants des peuples premiers du continent dans le but de les transformer en fidèles chrétiens. Aujourd’hui ce crime est encore et toujours commis, mais dans un autre but. Celui de voler les terres des aborigènes, leurs richesses, en forçant leurs enfants à une éducation destinée à en faire de fidèles compatriotes ! Cette perversité est indéfinissable !