Kultur

Vincent Callebaut, architecte visionnaire et écoresponsable

A l’heure où nos conditions de vie se détériorent, il est un homme né en 1977, diplômé de l’Institut supérieur d’architecture de Bruxelles, qui a imaginé un Plan Climat Energie qui vise à réduire de 75 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici l’année 2050 : Vincent Callebaut. Pollutions, dioxyde de carbone, maladies, crises du logement, transports saturés, quartiers monofonctionnels, banlieues ghettos, cités-dortoirs, énergies fossiles bientôt épuisées...

En collaboration avec des botanistes, des sociologues, des spécialistes du transport, des ingénieurs de la chimie verte, des ingénieurs agronomes, des artistes, des architectes d’intérieur, des constructeurs, au Caire en Egypte, en Chine, à Abu Dhabi, Vincent Callebaut émet des plans qui permettront d’avoir, dans les décennies à venir, des villes du futur denses, vertes, hyper connectées, au service de l’homme.

La Ville de Paris a confié à Vincent Callebaut une étude visant à l’intégration des immeubles de grande hauteur à énergie positive et solidairement producteurs d’énergie dans huit quartiers emblématiques de la capitale. Ainsi est né « Paris Smart City 2050 ». Alors que la raison primaire de l’architecture est depuis la nuit des temps de protéger l’homme contre la nature, la ville contemporaine doit selon Vincent Callebaut, par des méthodes émergentes, réconcilier enfin les hommes et les écosystèmes naturels. L’architecture se fait métabolique, fertile et créative. Les façades deviennent, tels des épidermes, intelligentes, régénératives et organiques. Elles sont matière et mouvement, recouvertes de plantes libres, et ajustent toujours la forme et la fonctionnalité. Les toitures deviennent les nouveaux sols de la ville verte. Le jardin n’est plus accolé à l’édifice ! L’architecture devient cultivable, comestible. Métamorphoser nos villes en écosystèmes, nos quartiers en forêts et nos buildings en arbres habités, tel est le credo de Paris Smart City 2050.

Un bon climat social règne plus facilement dans une ville où chacun trouve sa place, quels que soient ses moyens. Il règne d’autant plus lorsque les habitants ont la possibilité de se regrouper selon un mode de vie et des valeurs qu’ils partagent volontiers. Depuis quelques années, on voit de plus en plus de familles ou de collègues de bureau organiser des espaces communautaires dans les immeubles où ils vivent ou travaillent. Ce sont le plus souvent des jardins partagés, parfois des buanderies, des cuisines. En renforçant la verticalité de l’habitat et en multipliant les espaces de circulation propices à la rencontre, en augmentant la surface des paliers d’ascenseur transformés en salles de jeux pour les enfants par exemple, ou encore en transformant les toits en vergers et en potagers, on renforcera aussi les contacts entre les gens. Callebaut a imaginé ses fameuses « Honeycomb Towers » à la Porte des Lilas, à Paris. Tel un nid d’abeilles aux alcôves hexagonales, cette greffe urbaine offrira aux nouveaux habitants des potagers et des vergers suspendus, rapatriant ainsi en ville les avantages d’un pavillon individuel rural.

Architecture nourricière

Etant donné que la place manque pour construire des jardins au sol, le bâtiment lui-même doit devenir un jardin verticalisé où tous les espaces de façade, de balcons, de toiture, deviendront une architecture nourricière.

Il faut passer d’une économie urbaine linéaire où l’on produit, où l’on consomme et où l’on jette, à une économie urbaine circulaire dans laquelle tous nos déchets, ménagers et industriels, seront transformés en énergie.

Demain, l’immeuble sera un arbre habité, un véritable écosystème, capable de créer sa propre énergie, et qui recyclera ses déchets en ressources naturelles illimitées. Il est prévu de créer des vergers et des jardins potagers communautaires suspendus. Tous les espaces des villes doivent être optimisés.

Les fameuses « Bridge Towers » dessinées par l’architecte Vincent Callebaut relieront en aval les XVème et XVIème arrondissements, à l’Ouest, et en amont les XIIème et XIIIème arrondissements, à l’Est. Ressemblant à des méduses émergeant des eaux, il s’agira de tours jumelles, l’une dévolue à l’habitat, l’autre aux espaces de travail. Elles épouseront les structures des ponts en béton armé recouverts de jardins amphibiens. Bridge Tower répondra à la crise du logement de la ville de Paris en intégrant un programme dense et mixte de pépinières d’entreprises, de logements sociaux, d’équipements communautaires et d’appart hôtels susceptibles de répondre aux besoins d’une ville ouverte au reste du monde, mais en plus, elles symboliseront une nouvelle forme d’innovation urbaine et sociale, à savoir l’habitat collectif propre, à zéro émission de carbone et à zéro déchet.

Il faut aussi songer à revaloriser les tours du passé. Ainsi Vincent Callebaut propose d’envelopper les tours Puccini, Palerme, Rimini, Verdi, situées dans le quartier Villa d’Este à Paris, d’un exosquelette en bambou tressé. Ce treillis trois dimensions, écologique et durable, permettra de porter le surpoids des balcons potagers individuels et des vergers communautaires.

Il est impossible d’effectuer une description complète des projets de l’architecte Vincent Callebaut, vu leur nombre, vu leurs subtilités. Sommes-nous confrontés à un Jules Verne contemporain ? Personnellement, je suis d’avis que tout ce qu’a dessiné cet architecte extraordinaire sera à même d’empêcher bien des désastres humains, écologiques, sociaux.

Né en 1977, Vincent Callebaut est un architecte visionnaire et écoresponsable. A mille lieues des discours anxiogènes, c’est véritablement une nouvelle vision de l’Homme qu’il propose dans son livre richement illustré, publié chez Michel Lafon (www.michel-lafon.com) sous le titre Paris 2050… et autres cités fertiles de demain. Cette publication, à l’iconographie très riche, vous donnera la possibilité de découvrir projets et réalisations d’un véritable génie.

Vincent Callebaut a imaginé rapatrier les lieux de production alimentaire au cœur des lieux de consommation. Afin d’éviter l’asphyxie de la planète et de ses 9 milliards de bouches à nourrir d’ici 2050, il s’agit de réinventer le modèle énergétique global entre ville et campagne, entre pays occidentaux, pays émergents et pays en voie de développement. L’agriculture urbaine est l’une des solutions majeures pour s’autosuffire tout en recyclant ses eaux usées en eaux pures par phytoépuration, ses déchets solides en engrais par compostage, et en produisant de l’énergie par biomasse, piles à combustible et autres énergies renouvelables.

Lorsque le rêve rejoint finalement la réalité

L’architecte futuriste nous invite à imaginer la vie dans un quartier vertical dont il a établi les plans à la demande de la ville de New York : « Je me lève le matin et je sors de chez moi, au dixième étage, je cueille une pomme dans le verger communautaire. Je vais déposer mes enfants à l’école quelques étages plus haut. Là, je croise mon maraîcher et mon fermier venus traire les vaches et ramasser les œufs au poulailler. J’arrive à mon boulot, au cinquième étage, d’où je contemple Manhattan qui s’étale à mes pieds. Le soir venu, j’irai me promener dans la rizière et sur les quais du marché flottant avant de préparer le repas. Je dînerai de petits pois et de carottes, j’en aurai prélevé les cosses et les fanes. Je conserve toujours les déchets organiques. Tout comme ceux de la ferme, ils passent dans une centrale de biométhanisation située au pied de la tour. Elle les composte sans oxygène et en accéléré, créant ainsi un biogaz, le méthane, qui permet de chauffer le bâtiment, de le fournir en électricité et d’alimenter en biocarburants la marina des bateaux-taxis qui relient les rives de New York ».

Ce projet a été baptisé « Dragonfly ».

Dragonfly prône le retour à la ville pédestre, à des espaces flexibles et multifonctionnels où on peut à la fois vivre, travailler, s’amuser, produire sa nourriture, tout en tissant des liens avec son voisinage. La ville ne doit pas être seulement un espace d’activité tertiaire où les gens n’utilisent que leur tête, mais aussi un espace où des humains travaillent avec leurs mains et leur cœur. Ainsi, nous pourrions tous passer d’une économie linéaire dans laquelle on produit, on consomme et on jette à une économie circulaire où ce qui est produit et consommé est recyclable et recyclé à l’infini, dans une mixité sociale qui sonnera enfin le glas des ghettos de riches et des banlieues dortoirs.

Parmi les autres projets conçus par Vincent Callebaut, en cours de réalisation, je voudrais vous présenter, en résumé, les projets suivants :
L’« Asian Cairns » à Shenzhen en Chine. Il s’agit d’un projet de tours maraîchères directement adaptées à ce pays. Il résout à la fois les questions de l’habitat, de l’alimentation et de la consommation d’énergie. Actuellement, les villes de Shenzhen et de Hong Kong sont sur le point de fusionner. A elles deux, elles seront une mégapole d’environ vingt millions de citadins. Asian Cairns résume la philosophie architecturale de Vincent Callebaut. Transformer les villes en écosystèmes, les quartiers en forêt et les édifices en arbres habités.
« Bionic Arch » à Taichung (Taiwan). Haute de 380 mètres, Bionic Arch accueille une base de télécommunications, des laboratoires scientifiques de recherche environnementale, la mairie de la Ville de Taichung, un musée métropolitain. Elle a été parfaitement adaptée au climat, aux typhons et aux risques sismiques.

A Monaco, ainsi qu’aux Maldives, « Lilypad » sont des villes flottantes et nomades. Aux Maldives, d’ici à quelques décennies, les champs, les routes, les écoles et les maisons auront été engloutis par le Pacifique. Aux Maldives, les villes flottantes accueilleront la population qui sera constituée de réfugiés climatiques. Ces villes vouées au nomadisme en mer permettront, en cas de besoin, de déplacer les habitants des atolls vers un autre continent en quelques mois. Une telle cité flottante est destinée à accueillir 25.000 habitants. Elle mesure 500 mètres de diamètre, comptera 30 étages sous l’eau et autant sur l’eau. Vincent Callebaut qui étudie actuellement un projet semblable destiné à Monaco, qui souhaite étendre son territoire en mer, est convaincu que Lilypad est une solution pionnière à la montée des eaux.

Parmi les autres projets de cet architecte pionnier et visionnaire, « Physalia », des jardins flottants et dépolluants qui seront construits sur des canaux en Europe, « Coral Reef », un projet de maisons solides et solidaires à Port-au-Prince (Haïti), les « DNA Towers », à Shanghai, « The Gate Heliopolis » au Caire, « Wooden Orchids » à Ruichang (Chine), « Solars Dunes », dunes d’appartements au Caire, « Flavours Orchard » à Kumming, (Chine), « Kings Forest » à Fès au Maroc, « Citta della Scienza » à Rome...

Impressionnant !

Michel Schroeder