Ballade dans l’univers des Beaux Livres et des livres d’art
Les vieux arbres portent en eux tout un pan de notre histoire. Parmi eux, quelques spécimens sont vieux de plusieurs centaines d’années. Le dendrologue Jeron Pater les a photographiés à travers toute l’Europe et a recensé les histoires les plus extraordinaires qui leur étaient associées. Parmi les 100 arbres présentés dans le magnifique ouvrage de Jeron Pater, Les arbres remarquables d’Europe, publié aux Editions du Rouergue (www.lerouergue.com), douze se situent en France, certains dans notre pays. Le photographe et auteur de cette publication nous offre les plus beaux arbres qu’il a eu le plaisir de découvrir, pour lui, mais aussi pour nous. Quel magnifique partage !
C’est aux Editions d’Art le Sabord (www.lesabord.qc.ca) que Jean-Marc La Frenière publie un très beau texte en prose, composé de séquences : Un feu me hante. Une belle langue, des images superbes, parcourent ce livre séquentiel d’une extrême intensité poétique. « Chez nous, le ventre du pays est un fleuve à marée haute. Des Grands Lacs à l’estuaire, je le remonte sur le canot des mots. Je me confonds avec les Bois-Francs, la neige, les érables, avec l’air et le feu. J’écris, en marchant, avec tout ce qui m’entoure, des cailloux, des bouts de bois, des billes, des graffitis sur le givre. Je me laisse écrire par le paysage. » Voici une longue rêverie poétique, proche souvent de la nature.
L’album Les Jardins des Impressionnistes de Clare Willsdon, publié à La Bibliothèque des Arts (www.bibliotheque-des-arts.com) explore la fascination des peintres pour les jardins, les parcs et les fleurs dans le contexte du grand mouvement « horticulturel » et du changement de politique et de culture du paysage à l’époque en France. L’originalité de ce livre réside dans le fait que pour la première fois un auteur traite conjointement de deux domaines distincts : l’art et l’horticulture. Une iconographie abondante se composant de reproductions de tableaux comme de photographies de l’époque ou de gravures de presse complète cette étude originale qui s’adresse aussi bien à l’amateur de peinture qu’à celui de jardins, à l’érudit qu’à l’étudiant. L’auteur, historienne de l’art britannique, enseigne à l’Université de Glasgow.
La saison 2008-2009 a été marquée pour les Musées de Strasbourg par l’obtention de plusieurs récompenses décernées au livre « Art is Arp ». Cette nouvelle saison est l’occasion pour les Editions des Musées de Strasbourg (www.musees-strasbourg.org) de poursuivre leur travail d’accompagnement et de mise en valeur des expositions temporaires et collections permanentes, tout en maintenant leur exigence sur la forme graphique et de la fabrication des ouvrages. Le programme éditorial s’articule autour de trois axes : Pierre Soulages, le temps du papier ; Saul Steinberg, l’écriture visuelle ; Richard Deacon, the missing part. Un Musée proche de nous, des livres magnifiques, Strasbourg, un ville que nous aimons…
L’artiste, l’artisan, le chamane ou le forgeron sont doués d’un savoir et d’un savoir-faire. Fabriquer des images ne se réduit pas à l’acte de créer, mais aussi à celui de transmettre une connaissance, une source d’information inscrite dans la mémoire d’un peuple, de tisser les liens qui unissent les groupes humains entre eux. L’anthropologue Philippe Descola, élève de Claude Lévi-Strauss, a dirigé le formidable ouvrage La fabrique des images, visions du monde et formes de la représentation, publié chez Somogy Editions d’Art (info@somogy.fr / www.somogy.fr), à l’occasion de l’exposition « La Fabrique des Images » qui se tiendra jusqu’au 17 juillet 2011 au « Musée du Quai Branly » à Paris. Ce livre invite, entre autres, à un voyage au pays des masques anthropomorphes Yupi’k d’Alaska, les peintures aborigènes d’Australie, les peintures cosmo-graphiques des indiens Huichol d’Amérique, la peinture flamande du XVIIème siècle. Cette admirable publication est divisée en quatre parties : 1. Un monde animé (Amazonie ; les Inuit ; Sibérie) 2. Un monde subdivisé (Australie, désert central ; les Yolngu, terre d’Arnhem) 3. Les êtres composites ; Les différentes images de Sheik Amadou Bamba à Dakar ; Les cosmogrammes huichol 4. La peinture hollandaise ; Les images scientifiques du XXème siècle. En parcourant le catalogue du même éditeur, nous avons découvert au chapitre des nouveautés : Jean-Antoine Houdon, sculpture et volupté de Guilhem Scherf et Maraike Bückling ; De chair et d’esprit, dessins italiens du musée de Grenoble, 1450-1770 de Valérie Lagier ; Rome-Paris 1640, transferts culturels et renaissance d’un centre artistique, ouvrage collectif ; Gustave Moreau, l’homme aux figures de cire, sous la direction de Marie-Cécile Forest.
Pour les plus jeunes (8 à 12 ans), nous avons découvert chez Gallimard-Jeunesse (www.gallimard-jeunesse.fr) Aujourd’hui au Maroc de Clotilde et Houssaine Oussiali, publié dans la collection « Le Journal d’un Enfant ». Grâce à ce livre exceptionnel, avec ses rabats et dépliants, les jeunes découvrent le marché, le village berbère traditionnel, la maison marocaine, le ramadan, la fête de la circoncision, la musique, les épices, la cuisine, l’école, l’émigration, les vacances, les jeux, la famille, les bijoux, l’agriculture, les langues, les quartiers, Casablanca, l’oasis, le désert, les vêtements... Dans la même collection : Aujourd’hui au Japon de Geneviève Clastres.
La collection « Iberica » des PUPS – Maison de la Recherche de l’Université Paris-Sorbonne (http://pups. paris-sorbonne.fr) concentre ses études sur les mondes hispanophones. Histoire, civilisation, mythes font l’objet de regards croisés faisant appel aussi bien à l’histoire entendue dans son acceptation classique qu’à l’histoire des représentations et des mentalités. Forte de nombreux ouvrages, cette collection ouvre de nouvelles perspectives aux étudiants, aux chercheurs, aux professeurs, mais aussi à un public plus large, soucieux de parfaire ses connaissances sur la civilisation ibérique et latino-américaine. Nous vous invitons à découvrir le site de cet éditeur.
Liège et une cité pleine d’atouts. Avec l’ardeur qui la caractérise, elle s’engouffre dans le XXIème sicèle en l’inaugurant par de grandes réalisations, comme la nouvelle gare, la Médiacité et l’ensemble muséal du Grand Curtius. Elle est forte d’un urbanisme rajeuni et d’activités de pointe dans des secteurs d’avant-garde. C’est aux Editions du Perron (www.perron.be) que vient d’être publié l’ouvrage Liège, une principauté, une nation, une ville, des origines au XXIème siècle. L’auteur de ce livre-événement est Lily-Amélie Portugaels, liégeoise de souche. Les photographies sont de Charles Mahaux. Ouvrant une fenêtre sur chaque siècle, Lily-Amélie Portugaels évoque à petites touches les événements et les hommes qui ont apporté leur pierre à l’édifice si vivant que Liège constitue aujourd’hui. La Cité ardente, chère aux luxembourgeois, sait d’où elle vient. Aujourd’hui, sans jamais se départir de son prestigieux passé, c’est avec enthousiasme que Liège se laisser emporter par le souffle du renouveau.
Crimes, prisons, décapitations, autant de thèmes qui parcourent en tous sens l’art depuis la Révolution française et ses premières tentatives d’abolir la peine de mort. « Crime et châtiment », la nouvelle exposition de Jean Clair, d’après un projet de Robert Badinter, présentée au Musée du Quai d’Orsay du 16 mars au 27 juin 2010, se propose de montrer cette inflation d’images et d’en interroger la complexité. La logique sécuritaire et répressive n’explique pas à elle seule l’ampleur du phénomène. Qu’il soit politique ou crapuleux, le crime de sang décuple par l’image sa puissance fantasmatique sur nous. Car la violence, quand elle n’est pas assortie de l’expression du plaisir, en apporte au spectateur, quelle que soit sa répulsion première. Des représentations littérales aux allégories de toutes sortes, la peinture confirme à foison cette ambiguïté fondamentale. Dans l’ouvrage Crime & châtiment, sous la direction de Jean Clair, d’après un projet de Robert Badinter, publié aux Editions Gallimard (www.gallimard.fr), la femme criminelle est également explorée, tout comme les rapports entre folie, génie et crime. Les plus grands artistes sont ceux chez qui la représentation exaspérée du crime ou de la peine capitale aboutit au saisissement maximum, de Franciso de Goya et Géricault à Henri de Toulouse-Lautrec, Pablo Picasso, Otto Dix, George Grosz… Paria social, monstre conscient ou tueur irresponsable, le criminel a toujours fait débat. De même, son châtiment. Il n’est pas de meilleur miroir de l’homme et de l’art modernes. Au catalogue des nouveaux Beaux Livres publiés chez le même éditeur : Un arbre en hiver de Xavier Patier et Aymar de Lézardière ; La terre avait séché de Laurence Cossé et Rémy Artiges ; Après la guerre de Laurence Bertrand Dorléac.
Thierry Dricot, lauréat du concours photographique du millénaire de la Province de Liège, a ancré ses thèmes dans l’Homme et la Vie. Alors que la sidérurgie est en mal de vitesse, il témoigne de la puissance et de la poésie de l’acier en fusion, à travers des photographies d’une magnifique expression. L’album Les Métallos de Thierry Dricot a été publié aux Editions du Perron (www.perron.be).
La toute nouvelle collection « L’Histoire grandeur nature » de Nouveau Monde Editions (www.nouveau-monde.net) propose des ouvrages illustrés (une grande photo ou deux petites par page) et synthétiques sur des grands sujets d’histoire contemporaine, lisibles par les adultes et les jeunes, dès le collège. Ils sont structurés en deux parties : un récit historique très clair avec de nombreux intertitres par un spécialiste reconnu, suivi par des documents d’époque qui font la part belle aux témoignages et souvenirs, encadrés par des pistes d’exploitation pédagogique rédigées par des enseignants. François Cochet, professeur d’histoire à l’UFR de Sciences humaines de Metz, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la Première Guerre mondiale, publie dans cette collection le livre La première guerre mondiale, tandis que Jean-Louis Dufour y publie La seconde guerre mondiale.
En parcourant le programme des nouveautés des Editions Racine (www.racine.be) nous avons découvert de nombreux livres de grand intérêt. Parmi ceux-ci : Les Romains en Wallonie de Raymond Brulet ; Le Grand Atlas de Ferraris ; Gens de Namur de Marc Barbay (Namur, sa citadelle, ses bistrots et ses institutions, ses artistes et ses habitants…) ; Histoire & Patrimoine des communes de Belgique, Province du Brabant wallon (Dans ce premier volume d’une grande série, faites la visite guidée commune par commune de la « jeune Province ». Cet ouvrage est une référence pour les amoureux du patrimoine).
William Turner (1775 – 185) est, avec John Constable, un peintre anglais majeur du XIXème siècle. Turner s’est d’abord illustré par ses aquarelles de paysage qui lui valurent bien vite une solide réputation, ainsi que la protection d’importants mécènes. A 26 ans, il fut le plus jeune artiste jamais élu à la Royal Academy. Admirateur des grands paysagistes anglais et hollandais, mais aussi des peintres français du XVIIème siècle, il s’est mis à des compositions à l’huile plus ambitieuses qui avaient pour cadre des épisodes mythologiques ou historiques. Il n’eut par la suite de cesse de parcourir la Grande-Bretagne, mais aussi l’Europe, des Alpes aux rives du Rhin, de Calais à Rome, de Nantes à Venise en quête d’émotions visuelles propres à nourrir ses recherches picturales. Progressivement, il échappa aux traditions académiques, ses réflexions sur la composition et la couleur le conduisant à l’invention de formes radicalement nouvelles. Sa peinture capta désormais des impressions, des atmosphères fugitives, jouant d’une palette claire et lumineuse, où les formes perdent leurs contours, où les figures se font évanescentes. John Cage, ancien directeur du département d’histoire de l’art de l’université de Cambridge, spécialiste mondialement reconnu de l’histoire de la couleur, est l’auteur du superbe ouvrage publié sous le titre Turner aux Editions Citadelle & Mazenod. Publié dans la collection « Les Phrases », cette publication comporte 400 pages sous jaquette et coffret illustrés. Elle contient 300 illustrations couleur. Une exposition « Turner » a lieu jusqu’au 23 mai 2010 à Paris, au « Grand Palais ».
Lors de mon voyage au pays des Beaux Livres, j’ai parcouru et découvert une publication exceptionnelle, un album spectaculaire et fascinant : Le corps et son image, du diagnostic à l’esthétisme de l’imagerie médicale du Docteur Osman Ratib, publié aux Editions Favre (www.editionsfavre.com). Le Docteur Osman Ratib retrace en images l’histoire et les derniers développements de l’imagerie médicale et nous dévoile l’importance de l’imagerie médicale pour la médecine de demain. Je suis allé d’étonnement en étonnement, de surprise en surprise. Rarement un livre ne m’a autant captivé que celui du Docteur Ratib. Dans le domaine des Beaux Livres consacrés aux voyages, au catalogue du même éditeur figurent notamment : Les îles Féroé de Marco Paoluzzo et Luigi Cantamessa ; Islande d’ombre et de lumière de Marco Paoluzzo ; Jules Verne, un univers fabuleux d’Eric Weissenberg.
Michel Schroeder