Avant sa transformation et sa réouverture en 2029 :
Hommage à la Cinémathèque de Luxembourg, à Fred Junck et à Andy Bausch
Nous avons assisté à l’une des dernières projections qui a eu lieu à la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg, avant que cette dernière ne ferme ses portes pour quatre longues années. Elle fera peau neuve avant de rouvrir ses portes début de l’année 2029.
Les cinéphiles craignent que le charme actuel de la Cinémathèque sera grandement perdu.
Le bâtiment historique actuel sera mis aux normes de sécurité et d’acoustique. Peu accessible aux personnes à mobilité réduite actuellement, il le sera dans le futur. Etant donné que le bâtiment est classé, de nombreux éléments seront finalement gardés. Le public retrouvera également les sièges rouges, ainsi que les affiches accrochées au mur, oui, celles que l’on peut y voir aujourd’hui.
L’esprit Cinémathèque sera maintenu, avec son ambiance et son atmosphère.
La Salle Vox que le public connaît aujourd’hui va perdre un certain nombre de places, les rénovations entraînant cela. Mais, dans la cour intérieure une annexe va voir le jour, annexe qui comprendra une nouvelle salle destinée à accueillir 177 spectatrices et spectateurs.
L’offre de la Cinémathèque sera beaucoup plus étoffée dans quatre ans, avec notamment des ciné-concerts, un espace pédagogique qui accueillera des ateliers scolaires, ainsi qu’une brasserie.
Pendant la durée des travaux, la Cinémathèque proposera toujours un programme de projection hors les murs. Ces projections auront lieu au Cercle City, ainsi qu’au Théâtre des Capucins.
Le jeudi 11 septembre, à 19 heures, aura lieu une soirée spéciale à la Cinémathèque intitulée Lumière sur une nouvelle Cinémathèque. La projet architectural, ponctué de modèles en 3 dimensions du projet sera présenté, en la présence des architectes. Lors de cette soirée sera également présentée une partie de la programmation hors les murs qui aura lieu pendant les travaux de rénovation. La soirée se terminera par un verre de l’amitié.
Un peu d’histoire
Initialement la Cinémathèque était installée dans un ancien monastère, avant de prendre rapidement possession d’un lieu emblématique, l’ancien Cinéma Vox, situé Place du Théâtre, au cœur de la capitale. Ce cinéma avait été construit au début du XXème siècle, il était l’un des plus anciens de la capitale.
La Cinémathèque actuelle a été installée dans l’ancien Cinéma Vox.
Elle a été fondée en 1977 par la Ville de Luxembourg, avec la devise de préserver et de montrer le patrimoine cinématographique international. Depuis sa création elle a réussi à rassembler une collection exceptionnelle d’envrion 20 000 copies de films, ainsi que d’affiches, de photographies, de livres, de revues et même d’objets d’obtique anciens comme des lanternes magiques.
La Cinémathèque a vu le jour dans un contexte où la conservation et la diffusion du patrimoine cinématographique européen et mondial était devenu une préoccupation majeure. A cette époque, le Luxembourg ne disposait pas encore d’une structure institutionnelle dédiée à la sauvegarde du cinéma inspirée par les grands modèles internationaux comme la Cinémathèque française ou la Cinémathèque royale de Belgique.
Depuis 1983, la Cinémathèque est membre de la Fédération Internationale des Archives du Film ce qui la place au cœur d’un réseau mondial.
En 2023, elle a franchi une nouvelle étape de reconnaissance. Elle a été désignée par l’European Film Academy comme Trésor de la culture cinématographique européenne. Ce label prestigieux, attribué à une poignée de lieux emblématiques souligne le rôle essentiel joué par le Luxembourg dans le sauvegarde et la diffusion du cinéma.
La première projection publique a eu lieu en février 1977, avec le classique La Bête Humaine de Jean Renoir.
Fred Junck, personnage incontournable du cinéma luxembourgeois est le fondateur passionné de la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg.
L’homme au cigare, film d’Andy Bausch
Nous avons assisté récemment à la projection du film d’Andy Bausch, L’Homme au cigare, film de 2003.
Ce film documentaire sur la vie et la passion du fondateur de la Cinémathèque de Luxembourg, le trafiquant de pellicule et cinéphile Fred Junck (1942 – 1996). Andy Bausch, réalisateur, admirateur de Junck chérissait depuis belle lurette l’idée de consacrer un film à cet Orson Welles du Luxembourg, avec sa silhouette massive et son éternel cigare au bec, avec un caractère auquel il n’était pas bon de se frotter.
Andy Bausch portraitise Fred Junck à l’aide d’un regard chaleureux et ironique et présente un pot-pourri d’extraits de films, d’images d’archives, de scènes reconstituées et d’entretien avec ses amis et ennemis. Fred était un dénicheur et découvreur de films. Andy montre la passion d’un cinéphile et ses batailles contre un Luxembourg bourgeois et replié sur lui-même.
Lors de la première édition du Lëtzebuerger Filmpräis en 2003, le film L’Homme au cigare a reçu le Prix spécial Ville de Luxembourg, tandis que Fred Junck s’est vu décerner à titre posthume le Prix d’Honneur, remis à son épouse Anise Junck.
Fred Junck est né en 1942. Il a grandi à Paris où il a côtoyé intensément la Nouvelle Vague du cinéma. Il a noué des liens avec de grandes figures du cinéma français, comme Bertrand Tavernier, Barbet Schroeder ou Eric Rohmer. Il a fréquenté assidûment la Cinémathèque française.
Après avoir travaillé au Ministère de la Culture, c’est au sein du service culturel de la Ville de Luxembourg qu’il trouva sa véritable mission. Car en 1977, il créa l’asbl Cinémathèque de la Ville de Luxembourg.
Décrit comme un personnage baroque, épicurien et excessif, amateur de havanes, de bonne chaire et de Ricard, Junck a été un collectionneur inlassable, peu soucieux des cadres administratifs et ou légaux. Il lui est arrivé de passer les frontières, de nuit, parfois par des chemins de contrebandiers, avec des valises pleines à raz-bord de films. Mais sans ce personnage excessif et abrasif, notre pays ne posséderait peut-être pas de Cinémathèque !