Kultur28. November 2023

«Le chant du Cygne» au Théâtre du Centaure

Avec Marja-Leena Junker: quel immense talent!

de Michel Schroeder

Créé par Philippe Noesen en 1973, le Théâtre du Centaure, après avoir été un théâtre itinérant, s’est installé à demeure en 1985 dans une belle cave voûtée, dans un immeuble de la Grand-Rue, un lieu de rêve pour un théâtre, un espace intime et en communion avec le public.

C’est dans ce lieu admirable que nous avons vu, pour vous, amies lectrices et amis lecteurs de la «Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek», que nous avons assisté à la représentation de la pièce d’Anton Tchekhov, «Le Chant du Cygne», dans une mise en scène de Lol Margue, avec Marja-Leena Junker et Mathieu Moro, ainsi que la peluche Igor. Le jeu des lumières a été réalisé par Antoine Cola.

L’interprétation de cette pièce est du Grand Art, tout simplement. Je ne sais vraiment pas quel autre qualificatif utilisé.

Elle a été impressionnante dans son rôle, Marja-Leena. Elle interroge le temps, l’espace, la vie, la mort, les contraintes, les contraires, les faux-semblants. L’actrice prend un immense plaisir à être sur scène, à jouer son rôle, oui, il faut bien le dire ainsi, «à la perfection». Mathieu Moro est, lui aussi, très à l’aise dans son rôle. Il parvient à captiver le public.

Un acteur, un homme, donc, joué par Madame Junker, ivre, s’est endormi dans sa loge. Lorsqu’il se réveille au milieu de la nuit, les portes sont verrouillées de l’extérieur. En errant sur la scène vide Vassili Vassilievitch se rend compte que c’est la première fois qu’il voit un théâtre de nuit. Il erre, passe d’un endroit à l’autre, cherche de l’aide, avec l’espoir qu’il pourra tout de même rentrer chez lui. Sur son chemin il rencontre Ivanytch qui est bien forcé de passer sa nuit dans une des loges, étant sans domicile fixe.

Les deux hommes évoquent alors le théâtre et la grandeur sur scène de Vassilievitch. Usé, vieux, en déclin, le vieil acteur, pour le plus grand bonheur du public, va déclamer des extraits de bravoure tirés de ses plus grands succès: «Boris Godounov», «Othello», «Le Roi Lear» et «Hamlet».

Elle vient de recevoir le Theaterprais 2023

D’origine finlandaise, Marja-Leena est arrivée au Luxembourg à l’âge de 21 ans, en 1966. Elle est mariée à un fonctionnaire français. C’est au Conservatoire de Luxembourg que, en fréquentant les cours de Philippe Noesen, qu’elle a commencé à faire ses armes. Ce mentor, présent par ailleurs le jour où nous avons assisté à la représentation de «Le Chant du Cygne», a entraîné la toute jeune Marja-Leena dans l’aventure du Théâtre du Centaure, créé par ses soins en 1974.

Madame Junker est devenue la directrice administrative en 1984 du Centaure, puis la directrice artistique en 1992, lorsque Philippe Noesen a été nommé à la direction du Théâtre d’Esch.

Sous l’impulsion de Marja-Leena, ce petit théâtre qui sommeille et s’éveille pour chaque nouvelle représentation, a porté haut, très haut même les couleurs du Luxembourg à l’étranger.

Marja-Leena Junker nous a expliqué que l’un des points qui participe encore fortement à sa fierté est que depuis que la troupe est allée la première fois au Festival d’Avignon, pratiquement chaque année elle y a assuré sa présence.

En 2002, l’actrice a connu à Avignon un succès phénoménal avec «Monologues du Vagin», d’Eve Ensler.

L’actrice vient de recevoir le Theaterpräis de l’année 2023.

Madame Myriam Muller, l’actuelle directrice du Théâtre du Centaure explique que le fait d’avoir proposé le rôle du vieil acteur à Marja-Leena Junker était une évidence, car n’est-elle justement pas bien placée pour témoigner des plaisirs et des difficultés rencontrés dans cette profession si particulière.

Nous vous invitons à vous rendre sur le site du Théâtre du Centaure Am Dierfchen 4, Grand-Rue Luxembourg. (www.theatrecentaure.lu) pour découvrir la suite de la programmation.