Kultur27. April 2021

Château de Bourglinster

A l'heure de la littérature et de la musique

de Michel Schroeder

Le programme de cette saison, organisé par les Amis du Château de Bourglinster, aura été bien mince. On comprend aisément pourquoi, le Coronavirus ayant mis à mal tous les lieux de culture et de spectacle de notre pays. Deux concerts figurent encore au programme avant cet été, l’un avec les lauréats du Conservatoire de Musique du Nord, de Diekirch et Ettelbruck, le 4 juillet, et l’autre avec les lauréats du Conservatoire de la Ville de Luxembourg, le 11 juillet.

Récemment, nous avons assisté à un bel après-midi littéraire et musical dans la magnifique salle du Château de Bourglinster. Danièle Gaspart et Jean Beurlet ont fait de solides et intéressantes présentations des auteurs. Christiane Modert et Claude Schmit ont emmené le public au pays de leurs mots, de leur imagination, et de leur talent. Catherine Schilling, Jonathan Christoph et Jean Beurlet ont lu des extraits de textes des auteurs, tandis que Pit Dahm s’est lancé pour sa part dans d’intéressantes improvisations au piano. Enfin, Christiane Modert, artiste peintre et auteure, a exposé quelques-uns de ses dessins.

Christiane Modert

Christiane Modert, peintre et sculptrice, est également auteure d’un livre publié sous le titre «Körperwundersamen, mein Weg in die Wunderheilung». Nombreuses sont les expositions personnelles et collectives qui figurent au palmarès de l’artiste.

Danièle Gaspart a expliqué qu’à un certain moment, Christiane Modert n’arrivait plus à marcher. La médecine de chez nous étant incapable de lui venir en aide, on lui avait prédit l’avenir le plus terrible que l’on puisse imaginer. Finalement, ce sont l’art et une médecine à la fois proche du corps et de l’esprit qui lui sont venus en aide.

L’auteure a pris ensuite la parole pour expliquer, qu’en ce temps là, elle allait en effet très mal. Les médecins lui avaient annoncé qu’elle allait finir dans un fauteuil roulant, que c’était irrémédiable... et que la mort serait proche !

Christiane Modert s’est alors intéressée à la médecine des chamanes. Alors que sa mémoire à court terme fonctionnait encore quelque peu, sa mémoire à long terme avait visiblement rendu l’âme. Elle a pris des notes, des centaines de pages de notes, afin de ne rien oublier. Elle ne voulait en aucun cas décéder des suites de la maladie qui la tourmentait, l’amenuisait, la saccageait. Finalement, elle a rebondi.

Dans son livre elle raconte cette longue et lente guérison. Un ouvrage destiné à donner des leçons de courage à ses lectrices et lecteurs.

L’auteure a expliqué qu’elle a participé à un séminaire de Qi Gong, dans le but de se ressourcer et de découvrir de nouvelles énergies. «Souvent, nous avons emporté le gong avec nous, en chemin. La musique des gongs avait la faculté de pénétrer mon corps. C’est inouï à quel point ces sons participent à la guérison», a-t-elle encore dit.

Avant de conclure que ce n’est pas elle qui vit, mais que c’est la vie qui vit à travers elle, Christiane Modert a joué du gong pour le public, enthousiasmé par cette prestation.

Claude Schmit

La seconde partie de cet après-midi littéraire et musical nous a emportés dans les pas de l’écrivain Claude Schmit, dont l’œuvre est particulièrement accomplie. L’auteur a enseigné la philosophie et la langue française à l’Athénée de Luxembourg. De 1981 à 2006, il fut acteur et metteur en scène au Théâtre des Capucins, ainsi qu’au Théâtre ouvert Luxembourg (TOL), où il effectua un travail fort apprécié du public, et par les directions respectives de ces théâtres. L’une de ses plus brillantes réalisations fut l’adaptation pour la scène du roman L’Etranger d’Albert Camus.

Jean Beurlet, lui-même auteur (sous le nom de Jean Bürlesk), permit au public d’apprécier les écrits littéraires de Claude Schmit, des romans dont la qualité doublée d’un subtil suspense invitent lectrices et lecteurs dans des thématiques souvent assez particulières. L’écriture de Schmit est colorée, vivante. Au fil de la lecture de ses romans, vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer. Il s’agit de véritables régals ! Les sept romans de Claude Schmit ont tous été publiés aux Editions Phi.

L’auteur nous a expliqué les arcanes de ses livres. Dans «La tristesse du hibou», les personnages ont été déçus par la philosophie. En réaction, ils sont devenus criminels, commettent des attentats, des meurtres, allument des incendies.

Dans «Elle dit seulement : viens !» l’auteur raconte la retraite au bord du Bodensee d’un couple de retraités. Tout en étant une réflexion sur la mort, cette captivante histoire est une enquête policière ficelée avec beaucoup de savoir-faire.

Pour son troisième roman, publié chez Phi sous le titre «Emile un enfant des Lumières», Claude Schmit est passé au registre de l’historique. Emile est convaincu qu’il est le fils de Rousseau. Ce faux fils n’est finalement qu’un imposteur, un parvenu, une crapule. Il vole les manuscrits de Rousseau, les fait copier, et les vend. Finalement, Emile sera démasqué, fuira vers Venise, d’où il disparaîtra de façon bien énigmatique lors du carnaval.

Le public présent au Château de Bourglinster a bénéficié d’intéressantes explications au sujet de tous les autres romans de Claude Schmit : «Reynaert au pays des merveilles», «Kinderland», «A la recherche du rien perdu», «Parfum de chasteté».

Dans son prochain roman qui sortira de presse prochainement, sous le titre «Les fleurs du mâle», le fils d’un flic devient transgenre, situation inacceptable pour le père. Avec Claude Schmit, «Parfum de chasteté» fait plutôt partie d’un autre monde, ce qui provoqua les colères de notre évêché qui se veut plus saint que l’ancien et le nouveau Testament réunis !