Jusqu’au 4 décembre au Kulturhaus Diekirch
Théophile Steffen, le peintre champêtre par excellence
Théophile Steffen est né le 6 décembre 1921 à Noertrange, hameau situé à proximité de Wiltz, il est décédé le 8 avril 2021, âgé de 99 ans. Cet artiste à qui le «Zeitung» a consacré un portrait en 2013, était animé par plusieurs passions: photographie, peinture et nature. En un siècle, Théophile Steffen a sillonné bien des endroits de notre pays, réalisant des œuvres inoubliables. Soixante-quatorze peintures acryliques, gouaches, aquarelles et techniques mixtes de l’artiste sont exposées à la Galerie du Kulturhaus de Diekirch. Cette exposition est un must absolu, un régal, un hommage à un grand artiste.
Théophile Steffen a été habité par un don extraordinaire pendant toute sa vie. Il a été membre du Cercle artistique de Luxembourg (CAL) et de l’ARC Kënschtlerkrees.
Jamais il ne cessa de peindre
Dès son enfance, Théophile Steffen a humé la proche nature, la densité du paysage. Il assistait souvent aux séances de peinture de son papa, lui aussi artiste.
Il appréciait sa région clairsemée de collines, de végétation luxuriante, de genêts, de belles forêts. De quoi parsemer un être «sensible», en construction, de multiples émotions liées à la nature. Je l’imagine déjà, les yeux grands ouverts, contemplant les arbres, le vert des prairies, sentant le doux friselis de l’inspiration le parcourir.
Décidément, le papa avait bel et bien communiqué le virus de la peinture à son fiston, car Théophile étudia à l’Ecole d’Artisans de l’Etat, institution qui porte aujourd’hui le nom d’Ecole des Arts et Métiers. Parmi ses professeurs, Lucien Wercollier et Joseph Wegener. Le professeur Mendgen inculqua à Théophile Steffen l’art du portrait à l’Académie des Beaux-Arts de Trèves.
Lorsque la Seconde Guerre Mondiale martela ses hymnes glacés, ses bruits de bottes, il fut enrôlé de force, comme tant d’autres de ses camarades. C’est seulement au milieu de l’été 1945 qu’il eut la possibilité de réintégrer le pays. Le jeune homme n’était plus qu’un débris humain, marqué par la maladie.
Jamais, même pendant les périodes les plus dures de son existence, il ne cessa de peindre, de dessiner, si possible au quotidien, sans relâche. En véritable passionné.
Paysages champêtres et coins pittoresques
Peintre par excellence de la nature et de la solitude, de villages champêtres et de coins pittoresques, Steffen a gagné un public toujours plus large, un public qui sait apprécier l’odeur d’un sous-bois, la magnificence d’un chemin ou d’un paysage bucolique.
Steffen a dit : «Vivre avec la nature est une chose qui ne s’apprend pas. Il faut être là, chaque jour, attentif au moindre bruissement, à la moindre présence animale, à la lente poussée de la plante. Pour ma part, j’ai tiré de ce contact, de cette solitude présumée, une philosophie qui m’a apporté joie et équilibre. Cette joie, cet équilibre, je ne cesse pas, chaque jour, d’essayer de les partager avec le monde qui vient me rendre visite. Si je pouvais apprendre à ceux qui vivent autour de moi à écouter le silence, à observer la nature et les animaux, à connaître la direction du vent, à prêter attention à la forme des nuages, j’aurais accomplie une bien noble mission».
Son parcours d’artiste peintre fut parsemé de nombreuses expositions, ici, ailleurs, au Luxembourg, mais aussi à l’étranger.
L’amour des choses simples et de la nature
Théophile Steffen a parcouru, par monts et par vaux, notre pays, à la recherche de l’endroit qui est magique, qui est magie. Cette magie il l’a transportée au sein de son œuvre, elle est le centre de son œuvre, le point de son œuvre qui culmine, ce point qui nous laisse rêveurs et admiratifs.
Devant son chevalet, il était attentif aux couleurs, aux odeurs, aux mouvements. Jusqu’à un âge très avancé il peignait encore, allait à la rencontre de ces endroits qu’il affectionnait. Théophile Steffen a dit si souvent que la nature était un temple. Ecoutons l’artiste évoquer l’un de ses endroits favoris, propice à son inspiration : «C’est le chemin dans les Feelener-Hecken que j’aime fréquenter pour m’évader du monde. Chaque fois que je passe, j’ai le sentiment de le faire pour la première fois. Tout le temps est à moi et je peux explorer la lisière du bois, l’endroit le plus frais et le plus caché. Je passe sous les arbres, dont je ne connais pas le nom. Parfois mon pied se pose sur un banc de sable fin pour me retrouver dans cette grande voie d’herbe verte, qui coule sous les feuilles. Tandis que je respire et m’enivre ainsi, voici que brusquement je débouche dans une sorte de clairière, qui se trouve être tout simplement un pré... Après avoir monté mon chevalet et entamé le croquis, je passe des heures merveilleuses de solitude et de bien-être. Et dans le silence j’entends un oiseau. J’imagine que c’est un rossignol, mais sans doute je me trompe, puisqu’il ne chante que la nuit. Il répète obstinément la même phrase...invitation délicieuse au voyage entre les sapins... invisible, entêté, il semble m’accompagner dans mes peines à réussir un beau tableau ».
Les couleurs sur la toile de l’artiste sont enivrantes, elles contribuent aux mouvements et aux bruits de la nature, ces petits bruits, ces petits crissements, qu’ils soient d’origine animale ou végétale.
L’exposition sera visible jusqu’au dimanche 4 décembre inclus, de mardi à dimanche, de 10 à 18 heures à la Galerie Municipale de Diekirch – Kulturhaus & Musée – au 13, rue du Curé.