Franco Sassano à Hesperange jusqu’au 17 octobre
Mémoire vive et mémoire cachée de Sicile
Il vous sera possible d’aller voir, jusqu’au 17 octobre, à la Galerie Urbengsschlass de l’Hôtel de Ville d’Hesperange (474, route de Thionville), les splendides œuvres photographiques du professeur de Lettres et photographe Franco Sassano.
Sassano travaille méticuleusement, à l’instar d’un orfèvre. Ses photographies sur toile sont à même de rivaliser avec des peintures. La technique par superposition qu’il utilise confère des effets tridimensionnels à ses réalisations. Les endroits dans lesquels il prend ses photos étant généralement peu lumineux, il recourt à de longues expositions.
Il a pris la photo «Hangar» dans un vieil aéroport abandonné. Même si l’habitation qu’il montre avec «In fondo» est très délabrée, elle fût l’immense demeure d’une famille noble. En Sicile, petites gens, gens des classes moyennes, et même la noblesse, sont marqués par une pauvreté omniprésente.
Avec «Fieno perso», il nous montre une vieille grange qui date de l’époque de Mussolini. Un pasteur y entrepose encore son fourrage. Les photos de Franco Sassano sont très esthétiques, et c’est à l’aide de cette esthétique qu’il transmet le côté touchant des choses.
Le jour du vernissage, une dame originaire de Sicile qui était présente, a expliqué qu’au cours de sa jeunesse elle a souvent été obligée de dormir dans le foin.
Sassano a réalisé «Chesterfield» dans une école abandonnée, tandis que c’est dans un ensemble de bureaux, eux aussi abandonnés, qu’il s’est rendu pour réaliser «Olivetti».
Des non-lieux qui ont été habités
En Sicile il y a beaucoup de pauvreté, trop, beaucoup trop de pauvreté. Des villages entiers sont mis en vente pour un euro symbolique.
Le photographe nous montre des non-lieux, mais il faut savoir que jadis, dans ces endroits qui sont devenus des non-lieux, des hommes, des femmes, des enfants, et des vieillards, ont travaillé, rêvé, vécu.
Franco Sassano photographie souvent des portes, ainsi que des fenêtres. Il se veut espion doux, témoin, en imaginant ce qui a pu se dérouler derrière ces portes : des amours, des passions, des drames, des crimes même, de la joie, beaucoup de joie, mais de la tristesse aussi.
Il photographie aussi régulièrement des détails de murs. Comme il apprécie jouer avec les couleurs, il a expliqué que la patine du temps lui offre un délire de couleurs, de tons. Il peut s’en servir, en jouir et en faire profiter celles et ceux qui voient ses réalisations.
«Mémoires cachées», le titre de son exposition, nous invite à un superbe voyage dans des lieux oubliés, la fascination de l’architecture des ruines, la beauté de demeures détruites, la symétrie dans le chaos, et les couleurs dans la confusion.
Même si la Sicile a été, et est toujours, tourmentée par l’inexorable écoulement du temps, elle garde toujours son identité la plus vive. Même si les lieux photographiés par Franco Sassano sont désormais privés de vie, ils continuent de vivre à travers une sorte de perpétuel devenir, lançant un défi à leur renaissance.
Sassano redonne une véritable fierté et une importance non négligeable à cette partie de la Sicile trop souvent tombée dans l’oubli.
Il est né à Marsala, en Sicile
C’est en 1969 que Franco Sassano naît à Marsala, en Sicile. Enfant, il aimait déjà s’armer d’un appareil photo pour se lancer à l’aventure.
Le photographe a à son actif un très grand nombre d’expositions en Italie, où il a aussi publié quatre livres. Il a déjà exposé ses travaux à Hesperange, en 2013.
L’exposition que vous pouvez voir et apprécier à Hesperange est placée sous le haut patronage de l’Ambassade d’Italie.