Sur la Grande Guerre et la Guerre 40-44 : nouvelles publications
Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Charles-de-Gaulle Lille III, Odette Hardy-Hémery vient de publier Fusillé vivant chez Gallimard (www.gallimard.fr / www.de couvertes-gallimard.fr) dans la collection « Témoins ». Lors de la Première Guerre Mondiale, de nombreux soldats ont été exécutés, sous diverses formes, sur ordre de généraux. Les uns ont été fusillés sommairement, les autres sans jugement, d’autres encore après jugement. François Waterlot, avec sept autres réservistes sera fusillé pour l’exemple, sur ordre du général Boutegourd. François Waterlot se laisse tomber dès la première salve, il sera ensuite épargné par le coup de grâce, commencé à gauche, resté inachevé, alors que lui se trouvait à l’extrême droite de la rangée. Dans son livre brillant, pour l’écriture duquel ont servi plus de 250 lettres écrites par François Waterlot, Odette Hardy-Hémery fait revivre bien des épisodes de la Grande Guerre. Ce témoignage met en lumière cette solidarité silencieuse des combattants et l’impunité du commandement.
Ecrit à partir des carnets d’un soldat blessé à Verdun et de centaines de lettres échangées entre les poilus et leurs familles, le roman Les frères Joseph de Serge Revel, publié au Rouergue (www.lerouer gue.com), imagine le destin exemplaire de quatre frères pris dans la tragédie de la Grande Guerre et de leur famille paysanne. En juillet 1914, la guerre on en parle déjà depuis des mois. L’ordre de la mobilisation tombe, avant même que les moissons aient commencé. Tandis que les trois fils ainés des Trilloux s’en vont vers les Vosges où tonne le canon des premiers combats, Joseph organise tant bien que mal la récolte avec sa femme.
Chez Frémeaux & Associés (www.fremeaux.com), le double CD Paroles de Poilus, lettres et carnets du Front, 1914-1918. Vous découvrirez les lettres les plus fortes, les plus touchantes, les plus révélatrices, parmi plus de 8.000 lettres reçues à Radio France. Elles nous font entendre la vérité des mots écrits et prononcés par les parents de nos parents. De jeunes comédiens, qui ont l’âge que les Poilus avaient au temps de la Grande Guerre (18, 20, 24 ou 30 ans), lisent ces lettres. Leur émotion est palpable.
Historien, le colonel Cyrille Kalinov a côtoyé, au long de sa carrière, tous les responsables de l’Armée Rouge, y compris les officiers de l’état-major soviétique, en tant que membre du Club de l’armée et de la marine, de Moscou. Familier des maréchaux de la Seconde Guerre Mondiale, il a recueilli leurs témoignages, entre 1943 et 1949. Le livre Les maréchaux soviétiques parlent, de Cyrille Kalinov, publié chez Tempus (www.editions-perrin. fr), constitue un document exceptionnel et indispensable à la compréhension de la guerre à l’Est, front le plus meurtrier de toute la Seconde Guerre Mondiale.
Philippe Carozza a écouté quarante-quatre témoins lui confier leur vie quotidienne durant la guerre 1940 - 1945. Il a mis par écrit ces témoignages, afin d’éviter que ces histoires s’effacent, disparaissent avec ces hommes et ces femmes qui possèdent une mémoire vive de cette sale époque, des pénibles épreuves qu’ils ont subies, endurées. Le livre de Philippe Carozza, 1940-1945, ils m’ont volé mes plus belles années, a été publié chez Weyrich (www.weyrich-edition.be).
Dans un tout autre registre, on se souvient des fugitifs Augustin Bouvet (Bourvil) et Stanislas Lefort (Louis de Funès), déguisés en soldats de la Wehrmacht, gagnant les Hospices de Beaune où une bonne sœur les cache dans des fûts de vin qui sont livrés, par erreur, à la Kommandantur de Meursault. Milan (www.editionsmilan.com) vient de publier l’ouvrage de Pierre-Jean Lancry, La Grande Vadrouille, l’album culte, publication extrêmement fouillée, truffée d’anecdotes inédites, de photos et de témoignages.
A destination d’un public de lecteurs adolescents, je con-seille la lecture de plusieurs romans et d’une bande dessinée : Dans son roman Camarades, publié chez Mijade (www.mijade.be), Catherine Cuenca, raconte l’histoire d’un jeune adolescent qui s’est engagé comme soldat et qui meurt alors que la guerre est presque terminée. Son compagnon a qui il a confié la mission d’avertir ses proches, s’interroge sur l’étrange folie qui l’a poussé à s’engager. Né en 1931, à Varsovie, Uri Orlev, écrivain juif, raconte dans son roman Le Royaume d’Eliou-sha, publié chez Père Castor Flammarion (www.editions. flammarion.com), le périple d’un petit juif ukrainien et de sa famille à travers l’Europe jusqu’en Palestine, pour fuir la guerre et les Allemands. Avec leur bande dessinée Les Combattants, publiée chez Delcourt (www.editions-delcourt. fr), Rullier et Duphot offrent un épisode réel de la Seconde Guerre Mondiale, trouble et ambiguë. Mai 1940, l’Allemagne lance une grande offensive contre la Belgique, la Hollande et la France. Dès les premières heures de l’agression, des milliers d’hommes et de femmes se jettent sur les routes pour fuir les combats et les raids meurtriers. À contre-sens de cette marée humaine qui ne cesse d’enfler, le lieutenant Beaujour est missionné pour retrouver le professeur Staelens, un éminent physicien. Un dessin précis rend cet épisode particulièrement vivant.
Michel Schroeder