Kultur12. April 2022

Toute la brutalité d’un passé sidérurgique fait de dur labeur

2ème Nuit de la Culture, à Esch-Belval

de Michel Schroeder

Samedi, un soleil radieux en début d’après-midi nous avait auguré une belle journée. Mais, bien vite, sont arrivées des bourrasques de pluie, ainsi que de la grêle et encore de la neige. La 2ème Nuit de la Culture se déroulait dans le cadre de la programmation de Esch 2022.  Malgré ce temps maussade, en milieu de soirée, le public fût tout de même relativement nombreux. En tout cas, les prestations furent bien suivies et, à juste titre, applaudies.

Les organisateurs ont baptisé cette seconde Nuit de la Culture «Brutalité !». Lorsque nous sommes montés au cœur des vestiges du Haut Fourneau, j’ai ressenti cette Brutalité de bruits, de flammes, de coulées, du béton hurlant au contact de l’acier en fusion, le ruissellement de la sueur sur les corps fatigués des ouvriers. Raison pour laquelle je dédie le présent article à deux de mes oncles, ainsi qu’à mon père, mais aussi à tous les pères et oncles qui ont gagné leur vie dans la sidérurgie, ainsi que dans les mines.

Que le spectacle commence !

Impossible de présenter tous les spectacles, performances, concerts, expositions. Certains ont été annulés à cause des intempéries. Mais ce que nous avons vu en valait vraiment la peine.

Nous avons parlé aux responsables de «Histor Esch, är Stad, är Geschicht», association d’étudiants de l’Uni de Luxembourg. Dans leur wagon étaient exposés des objets en mémoire au monde ouvrier et à l’histoire d’Esch. (historesch.lu). Ce collectif est à la recherche d’autres objets et souvenirs, dans le but de raconter l’histoire d’Esch. (info@historesch.lu).

Nous avons visité le projet «Laço, A Colônia Luxemburguesa» (www.colonia.lu), projet qui restera installé jusqu’au mois d’octobre, Place de l’Académie à Esch-Belval. Vous découvrirez un siècle de patrimoines industriel, culturel et social communs entre le Luxembourg et Laço, dans l’Etat de Minas Gerais, Brésil. Ce projet est porté par Dominique Santana, Samsa Film, ainsi que le Centre National de l’Audiovisuel Dudelange.

Nous avons assisté à la représentation du «Baiser de la vieille Kufa» de Céline De Bo, organisé par, collectif d’auteurs dramatiques transfrontaliers. De 18h30 à 20h30, le public a assisté également aux représentations des mises en voix des textes de Pauline Collect et de Serge Basso de Marsch. Avec le talent des comédiennes Maud Gallet-Lalande, Laure Roldan et Francis Albiero. Du très beau travail. Ils ont fait ressurgir des facettes de ce qu’a été Esch-Belval au temps florissant de sa sidérurgie.

La création chorégraphique et musicale de «Landscaper», «Ici même, à ciel ouvert», de Man’ok & Cie proposait une richesse musicale et chorégraphique prenante et intense, avec le musicien et compositeur Emmanuel Fleitz et la danseuse japonaise Sayoko Onishi. Ce spectacle était organisé par Eden Europa qui inscrit l’art dans la nature, ici dans le milieu de minerai et d’acier de Belval.

Belle prestation, applaudie par le public, des «Nazes», avec leur talent de jongleurs. A plusieurs reprises, les «Majorettes de l’Alzette» ont accompli de belles prestations, tous et toutes animées par le désir de faire plaisir au public.

Le nouveau spectacle de la Compagnie Burrasca porte un titre fort évocateur : «Marée Noire». Quatre artistes, une grue, de la violence, de la brutalité. Elles ont joué un rôle, des rôles : ouvrières, citadines, mères, amoureuses, immigrées…. Cette féminité là fait partie du quotidien de la société d’aujourd’hui, mais nous avons la mauvaise habitude de l’occulter, parce que une telle apocalypse heurte nos sensibilités.

Toute la magie de musiques traditionnelles a été fortement appréciée par un public qui en redemanda : Mohamed Abozekry, Rahul Ram Pohali et Karl Gustaf Westmann, des chefs de file internationaux, dans une fusion de styles réussie.

Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont fait de cette deuxième Nuit de la Culture une soirée inoubliable.