Luxemburg

Passerelle du centre ville d’Esch à l’aire de loisirs et de détente du Gaalgebierg

Une remontée mécanique plutôt qu’un pont ...?

Monté par les escaliers en colimaçon vu que l’ascenseur déjà était en panne – autant que par curiosité sur la nouvelle passerelle seulement quelques jours après son inauguration, j´y fus une fois en haut, récompensé par de nouvelles perspectives...

Une vue plongeante sur un train de marchandises tracté par une loco Diesel, me fit replonger d’un coup quelques 50 ans en arrière lorsque gamins, un de nos passe-temps favorits consistait à monter à grandes enjambées les marches de l’ancienne passerelle démolie depuis, qui se trouvait en amont dans l’axe du Dieswee. Le jeu consistait à venir se positionner au plus vite en haut du pont au-dessus des rails dès qu’on voyait une locomotive à vapeur se mettre laborieusement en marche quelques 200 mètres plus bas sur les quais de la gare. Encore essoufflé on se retrouvait, si on avait accroché le bon »wagon« , juste au milieu, noyé pour quelques secondes dans un immense nuage de fumée après avoir vu la bête humaine s’approcher en dessous dans un tintamarre infernal et avec autant de panache.

Une nouvelle passerelle pour remonter le temps

Une fois le »Nostalgie-express« passé, nous voilà revenu sur le plancher des vaches ou plutôt à hauteur du premier palier de la butte du G-bierg, dont les étages sont aménagés en parc, alors que le sommet du mont du gibet en haut duquel autrefois la seigneurrie fit pendre les gens haut et court, culmine à quelques dizaines de mètres plus haut.

La nouvelle passerelle reliant la ville au parc, même si elle est dénigrée par quelques esprits chagrins la jugeant vilainement futuriste et coûteuse, lui trouvant des allures d’attraction foraine en soirée surtout lorsqu’elle se voit de loin illuminée de rouge néon, on ne pourra nier qu’elle a de la gueule pourtant ! Avec ses faux airs de chenille futuriste descendant du parc, ses hublots béants du type Halloween..., sa coque en acier très »produit du terroir« ... genre jouet »Meccano« , ses entrailles rouge-minerai s’ouvrant sur un large couloir offrant une transition parfaite vers le monde végétal au dessus, elle assure à défaut de rassurer...

Une télécabine pour innover

Plus besoin désormais de faire le détour par la fastidieuse montée de la Schneier ou celui d’en dessous le viaduc encrotté pour parvenir au top.

Le nouveau passage aérien, avec vue à l’ouest sur le bel-val de tous les espoirs, invite à la »passegiata« en facilitant désormais l’approche du poumon vert de la ville. Mais ce ne sera pas gagné pour autant vu que le restant de la montée à partir du niveau un, atteint par l’ouvrage devra se faire per pedes ou pedibus.

Il faut se demander, si l’alternative d’une remontée mécanique n’aurait pas constituée une solution mieux adaptée au relief, présentant l’avantage d’acheminer les promeneurs – surtout ceux moins bien en jambes – jusqu’aux différents paliers ou du moins jusqu’à hauteur de la grande aire de jeu (kiosque, buvette ou boulodrome) alors que le système actuel ne fait que les amener jusqu’au socle de la butte.

Le pont, la solution de facilité

A bien y réfléchir, rien n’a à vrai dire changé par rapport à l’ancienne passerelle si ce n’est le look et l’ascenseur permettant de se propulser en haut de la »fusée Arianne« . Après les points forts et les louanges qui s’imposent, il convient de mettre le doigt sur certaines lacunes et détails qui devront être revus et corrigés après un premier temps de rodage. Alors que la réalisation actuelle ne constitue à vrai dire qu’une version améliorée de l’ancien modèle, une télécabine aurait été une réalisation autrement plus moderne que la plus futuriste des passerelles. C’est un fait que là encore tout est une affaire de gros sous, mais vu que le coût de la passerelle fut à ce qu’il paraît très élevé, il faudrait voir si à prix plus ou moins égal, il n’aurait pas mieux valu avoir le courage d’opter pour une vraie innovation sous forme d’un funiculaire pour personnes ...? Dommage que la nouvelle chrysalide eschoise ne saura plus jamais se muer en papillon. Il est vrai que dans ce cas de figure il aurait fallu prendre en compte les frais de maintenance. Les différents projets relatifs au ralliement du G.-Bierg à partir du bd. de la gare ne datent pas d’hier. L’idée est moins saugrenue qu’il y paraît, vu qu’il y a une quinzaine d’années déjà, les services techniques de la Ville furent contactés en se sens.

Différents modes et solutions furent envisagées. A un moment donné il semblait avoir bel et bien été question d’une télécabine. C’est par l’intermédiaire de Jean Michel Mathy, ancien skieur de fond belge, courant à l´époque sous licence luxembourgeoise à l’instar de Marc Girardelli en alpin, et commercial auprès de la grande firme de remontées mécaniques grenobloise Pomagalski (Poma), qu’un avant-projet fut soumis à la direction des travaux municipaux.

L’idée certes hardie, mais pas bête pour autant, ne fit hélas pas son chemin et tomba dans les oubliettes.

Pont gardé ou guet-apens ...?

On aurait cependant tort de croire que la passerelle, bien plus sage et à priori moins onéreuse, ne nécessitera pas de frais d’entretien. Bien naïfs, ceux qui pensent que la construction gardera son immaculée blancheur ini-tiale. Les tagueurs de grand chemin ne tarderont pas de souiller les lieux.. Il en va de même pour la sécurité et d’ici quelque temps on se rendra compte que le pont piétonnier devra être surveillé pour ne pas devenir le repère de délinquants et de trafiquants qui en feront un passage peu recommandable en y prélevant l’octroi à leur façon... Quant à l’ascenseur il vaudrait mieux de suite l’équiper de caméras comme celui ralliant »en ville« le Grund au plateau St Esprit, si on ne veut pas qu’il ne devienne une sorte »d’ascenceur vers l’échafaud« .

Là, il s’arrête à tous les étages comme à la Tour Eiffel, sauf qu’il n’y a rien aux deux premiers, pas de restaurant, ni même de Kebab…

En ce qui concerne les hublots du Meccano, espérons quíl ne faudra pas se résoudre à courte échéance à les boucher de vil plexiglas afin de parer aux jets de pierres et d’objets sur les rails ; ce serait bien dommage, car l’horizon eschois serait encore bouché... et on n’y verrait plus aussi bien ni le mont Zolver ni celui du Chat !

Guy van Hulle