Luxemburg18. Juni 2021

Entrevue avec le Ministre de l’Education nationale

Une réunion sans annonces et sans perspectives concrètes !

de SEW

En date du 15 juin 2021, le ministre de l’Education nationale avait à nouveau invité les syndicats de l’enseignement fondamental à un entretien par visio-conférence, et ce dans le cadre de la nouvelle campagne «Bildung am Dialog». Mais comme pour les entrevues précédentes lors de la crise du COVID-19, le ministre avait convoqué les syndicats sans préciser d’ordre du jour. Ces réunions, qui ne peuvent être préparées, ne sauraient être qualifiées de dialogue, car elles se limitent à un tour de table sans discussion en profondeur. Les syndicats ne seront plus consultés lors de la finalisation des projets.

Les réflexions, suggestions et critiques formulées par les représentants syndicaux ne sont pas prises en considération. Manifestement, ce n’est de toute façon pas l’objectif des entretiens de la «Bildung am Dialog». Des réformes d’envergure sont préparées en catimini par les services du ministre sans aucun dialogue préalable avec les professionnels du secteur et sont dévoilées à la surprise de tout le monde.

Le SEW/OGBL a insisté sur les revendications suivantes:

– Une réforme et une réadaptation du mode de calcul du contingent de leçons attribuées aux écoles

La mise en oeuvre progressive de ce fameux contingent sur une période de dix ans (2009-2019) a réduit considérablement le nombre de leçons hebdomadaires mises à la disposition des écoles (perte de plus de 10.000 leçons par rapport à un nombre d’élèves égal). Cette mesure a fait augmenter l’effectif des classes de manière significative. Le nombre d’élèves par classe dépasse ainsi allègrement les 16 élèves visés, pour souvent atteindre 20 élèves et plus. En même temps, les écoles se voient contraintes de réduire, voire d’abolir, les leçons d’appui et centres d’apprentissages locaux.

Le SEW/OGBL exige que le mécanisme de calcul du contingent soit réformé afin que le nombre de leçons attribuées aux écoles soit adapté aux besoins réels.

- Mise à disposition de toutes les ressources disponibles dans les écoles

La réduction du contingent de leçons n’a pas fait faire d’économies, car en même temps une panoplie de nouvelles carrières a été inventée, créant une fuite en avant vers des places moins exposées.

Afin de soutenir les élèves qui ont le plus souffert des effets du confinement, et ceci sur le plan psychologique et au niveau des compétences scolaires, la mise en place d’une «Summerschool» ne peut être la seule mesure de remédiation. Le SEW/OGBL exige que les nombreux «experts pédagogiques» affectés aux directions régionales soient durablement renvoyés dans les écoles pour travailler ensemble avec les équipes pédagogiques du terrain.

 - Digitalisation

Pendant le confinement, le ministre a concentré tous les efforts pour implanter le numérique au fondamental. La technologie de l’information a été présentée comme le remède miracle à tous les défis scolaires. Il faut noter que les experts de la neuroscience mettent en garde contre une exposition prolongée des enfants devant toute sorte d’écrans. Même les rapports de l’OCDE ont dû conclure que le numérique n’a pas d’effet positif, voire est contre-productif, pour l’alphabétisation et l’apprentissage des langues. Un temps d’écran prolongé a des répercussions négatives sur la concentration des enfants.

 Sans vouloir s’opposer au progrès, le SEW/OGBL exige que la digitalisation des écoles soit examinée de la façon la plus critique qui soit, afin d’éviter ses effets négatifs sur le développement des enfants.

- Lutte contre la pénurie d’enseignants diplômés

La pénurie sera certainement le plus grand des défis à court et moyen termes de l’école fondamentale. De moins en moins de jeunes s’orientent vers les études de sciences de l’éducation. Afin de rendre la profession plus attrayante et en accroître l’attractivité, le SEW/OGBL demande plusieurs mesures:

– Une analyse profonde et sincère des causes du malaise qui règne au sein du corps enseignant.

– Fin du bashing des enseignants : Les responsables politiques doivent montrer l’exemple en rendant, à la tâche difficile des enseignants, le respect qu’elle mérite.

– Fin des solutions rapides de facilité qui minent la qualité de l’enseignement : Afin de maintenir l’offre scolaire, le ministre s’est vu obligé d’embaucher de plus en plus de personnes issues d’une autre formation (Quereinsteiger). Ceci ne pourra rester qu’une mesure d’urgence limitée dans le temps.

– Depuis de longues années, l’école fondamentale reste dépendante des chargés de cours pour combler les déficits d’effectifs du personnel enseignant. Le SEW/OGBL demande au ministre de l’Education de faire tout le nécessaire afin de proposer une formation qualifiante en cours d’emploi aux chargés de cours – une formation qui doit être attirante et compatible avec leur tâche d’enseignement.

Le SEW/OGBL exige enfin un vrai dialogue avec tous les acteurs de l’enseignement.

Syndicat Education et Sciences (SEW) de l’OGBL