« Tour du Monde » en livres et en images
Lucile Allorge, docteur ès sciences, membre correspondante de l’Académie de Madagascar, attachée au Musée national d’histoire naturelle de Paris, et Régine Rosenthal, photographe spécialisée depuis une bonne dizaine d’années dans le reportage sur l’environnement, viennent de publier un album de toute beauté, sous le titre Madagascar, l’Eden fragile – biodiversité – aux Edition Privat (www.editions-privat. com). Beauté et diversité des paysages de Madagascar sont époustouflants. Fourré épineux des zones sub-arides du Sud, végétation luxuriante des forêts humides de l’Est, forêts sèches de l’Ouest, forêts de transition, forêts d’altitude avec des arbres appartenant aux mêmes espèces que ceux présents à basse altitude, majestueux baobabs, mangroves.
Les auteurs ont eu un contact merveilleux avec les populations locales, ont appris d’elles leur culture, puis l’usage des plantes de leurs régions. C’est ainsi que Lucile Allorge et Régine Rosenthal ont pu mesurer la grande richesse des coutumes et la diversité culturelle des nombreuses ethnies de Madagascar. Elles ont une connaissance et une maîtrise extraordinaires de leur environnement. Le constat est scientifique, culturel et biologique. La biodiversité malgache est tout à fait unique au monde. Chez le même Editeur, d’autres albums d’une grande richesse inonographique : Magnolia, l’arbre fleur venu du nouveau monde de Corinne Langlois et Roland Jancel ; Canal du Midi, voie royale entre Toulouse et Méditerranée de Clément Debeir et Sophie Binder ; Landes, les sentiers du ciel de Léon Mazzekka et Frédérick Vézia ; Gens du rail de Didier Daeninckx et Georges Bartoli ; Lavaur, une nouvelle capitale aux portes de Toulouse de Paul Ruffé et Jean-Philippe Arles.
Célina Antomarchi-Lamé et Antoine de Changy ont effectué un voyage, à vélo, d’une durée de un an vers l’Asie. Lors de leur traversée de la Mongolie, ils ont décidé d’y séjourner pendant une année. Cette année passée au cœur des steppes de Mongolie, avec une famille d’éleveurs nomades, ils en ont raconté l’histoire dans leur livre L’appel de la steppe, publié aux Presses de la Renaissance. Aujourd’hui, chez le même Editeur, ils publient un album tiré de cette incroyable expérience. Il s’agit d’un magnifique beau livre, comprenant deux cents photos d’une grande beauté qui nous font vivre au plus près du d’un mode de vie ancestral et traditionnel, avec la chasse à l’aigle, ses courses de chevaux, la vie sous la yourte, des températures inférieures à – 40 ° C, la traite du bétail, la transhumance. Avec des photos qui, au fil des saisons et des déplacements de ces farouches nomades, nous permettent de découvrir un peuple authentique, fier, courageux et extrêmement attachant.
Jacques Hainard, conservateur du Musée d’ethnographie de Neuchâtel, Suisse, de 1980 à 2006, directeur du Musée d’ethnographie de Genève, de 2006 à 2009, chargé de cours, nous confie ce qui suit : « Je suis fils de paysan. Je suis né le 2 mars 1943, dans la vallée de la Brévine, dans le canton de Neuchâtel. Mon père était agriculteur. Dans les années 50, il faisait du veau. C’était original. A l’époque tout le monde faisait du lait. Mon père alimentait les boucheries du canton avec du veau dont la viande était parfaitement blanche. Pour qu’elle le soit, les veaux ne devaient pas manger de foin. Je suis fier de mes origines. Je leur dois la faculté de savoir jouer avec des choses très terre à terre et avec d’autres qui le sont infiniment moins. Si j’aime la pensée abstraite, j’aime d’abord la réalité. C’est indispensable à mon activité d’ethnologue et de muséographe ». Ainsi, avant tout, Jacques Hainard est composé d’authenticité. Patrick Ferla, journaliste, a invité Jacques Hainard à commenter cent images. Le résultat est devenu un ouvrage fascinant, publié par les Editions In Folio (www.info lio.ch) sous le titre L’ethnographe en cent images, ou l’album de Jacques Hainard. Cette magistrale publication transforme le musée en grand dictionnaire ! Nouveautés chez le même Editeur : La Beauté sur la Terre de Charles Ferdinant Ramuz de Stéphane Pétermann et Daniel Maggetti ; Histoire de la vigne et du vin en Valais, des origines à nos jours, ouvrage collectif ; Entretiens sur l’architecture d’Eugène Viollet-le-Duc.
Le bonheur de la nourriture traverse toute l’œuvre de Théophile Gautier. Ce bonheur est étroitement lié à l’amour, à l’esprit, à la sympathie entre les convives. Mais chez Gautier, il s’agit également d’un rêve, d’une vision, de tout un imaginaire qui ne craint nullement les superlatifs. Né à Tarbes en 1811, Théophile Gautier fut l’un des grands écrivains prolifiques du XIXème siècle. Nous retiendrons de son œuvre littéraire : « La cafetière » ; « Omphale » ; « Mademoiselle de Maupin » ; « Le Capitaine Fracasse » ; Le roman de la Momie ». Théophile Gautier était un gourmand éclairé. Un jour il confia aux Goncourt, que, le matin ce qui l’éveillait était qu’il avait rêvé qu’il avait faim. Les Editions Alternatives (www.editionsalternatives.com) viennent de publier La cuisine de Théophile Gautier d’Alain Montandon. Chez le même Editeur, je recommande : L’art de la découpe, design et décoration de Jean-Charles Trebbi ; Descente interdite, graffiti dans le métro parisien de Karim Boucherka ; Art militant et activisme artistique depuis les années 60 de Stéphane Lemoine et Samira Ouardi.
Pour les jeunes lecteurs, le dépaysement et le voyage sont permanents, avec certains livres publiés par les Editions Oskar Jeunesse (www.oskareditions.com). Des livres qui offrent un regard objectif sur le monde d’aujourd’hui. Zelda a 17 ans quand elle apprend que son père vient de mourir subitement, sur l’île de Madagascar. Pour surmonter son chagrin et apprivoiser la douleur qui la tenaille, elle décide d’écrire. Mon père est un baobab d’Anne-Zoé Vanneau est un roman émouvant. L’histoire de Gaoussou, un jeune Africain enlevé, avec celle qu’il aime, pour être vendu comme esclave aux Antilles, est racontée dans le très beau roman d’Yves Pinguilly, publié sous le titre L’esclave du Fleuve des fleuves.
Christophe Vidal, conservateur en chef des Musées de Vendée et Marie-Elisabeth Loiseau ont dirigé la réalisation de l’album L’agriculture en terre vendéenne, de l’Empire à la Seconde Guerre mondiale, publié chez Somogy Editions d’Art. (www.somo gy.net). Cette publication présente un siècle et demi d’évolution de pratiques agricoles du XIXème siècle à la Seconde Guerre mondiale. D’une production essentiellement vivrière à une économie structurée, les agriculteurs de la plaine, du bocage, des marais et des îles vendéennes ont été encouragés par l’Etat et les initiatives locales à accroître leur rendement. Ces progrès se sont traduits par une augmentation des surfaces labourables (par le recours à des cultures fourragères comme le chou, la betterave ou la pomme de terre), par l’introduction de nouvelles races bovines (la charolaise ou la parthenaise), ainsi que par l’emploi de nouveaux matériels. Ce livre retrace le parcours de la révolution régionale d’un monde agraire. Chez le même Editeur : Théodore Rousseau, ouvrage collectif sur l’un des plus grands paysagistes de son temps ; Lady Macbeth marchant dans son sommeil réalisée par Johann Heinrich Füssli, par Guillaume Faroult, conservateur du patrimoine au musée du Louvre.
La collection « Citadelles Variations » des Editions Citadelles & Mazenod (www. citadelles-mazenod.com) est une collection de livres panoramiques qui nous invite à parcourir les plus beaux sites patrimoniaux du monde à travers des clichés spectaculaires et des dépliants offrant des vues de quelques 180 centimètres de largeur. Ces éditions limitées d’un format exceptionnel comportent une photographie numérotée et signée. Dans cette superbe collection ont été publiés jusqu’à présent : Paris d’Hervé Champollion ; Chine ; Maroc de Cécile Tréal et Jean-Michel Ruiz. A noter que pour chaque volume il existe une édition panoramique et une édition et une édition en mini-format, 19 X 12,5 cm.
Minuscule du point de vue de sa superficie, le Togo, de par sa diversité ethnique, offre un cadre idéal de laboratoire pour poser, explorer et comprendre les difficultés de l’écriture d’une histoire nationale dans un espace territorial caractérisé par la cohabitation de plusieurs groupes ethniques. Sont présentées dans le livre Histoires nationales et ou identités ethniques, un dilemme pour les historiens africains ?, de N.L. Gayibor et N.A. Goeh-Akue, publié aux Editions de l’Harmattan (www.editions-harmattan.fr), les leçons de cette expérience et les échanges qui eurent lieu entre l’équipe d’historiens togolais et leurs homologues historiens d’Afrique et d’Europe. Boucabar Ba vient de publier dans la collection 50 Voix, chez le même Editeur, son livre Pouvoir, ressources et développement dans la Delta central du Niger. Le Delta central du Niger, encore appelé Macina, se distingue par ses immenses potentialités, son cheptel in-quantifiable, sa réticence à l’école des blancs, et surtout par ses stratifications sociales. Au travers du regard informé d’un opérateur en développement, c’est une sociologie du Delta qui se dessine, riche de pistes de réflexion et de schémas pour l’action.
Michel Schroeder