Jusqu’au 12 janvier 2025 au MNAHA
Alfredo Cunha, photographe, 50 ans de carrière
L’exposition «Alfredo Cunha, photographe, 50 ans de carrière» est visible au Nationalmusée um Fëschmaart jusqu’au 12 janvier 2025. Du mardi au dimanche, l’espace d’exposition est ouvert de 10 à 18 heures, le jeudi de 10 heures à 20 heures.
Le photojournaliste
de la révolution des Œillets est le témoin du processus de
décolonisation
Alfredo Cunha est le photojournaliste le plus connu de la Révolution des Œillets. Né en 1953, Alfredo Cunha a non seulement documenté de près les évènements du 25 avril 1974, mais il a également été témoin du processus de décolonisation portugaise en Angola, au Mozambique, en Guinée-Bissau, à Sao Tomé et Principe, au Timor oriental et au Cap-Vert.
Au Portugal, il a continué à ouvrir pour la presse les premiers jours de la démocratie avant de devenir le photographe de presse officiel de deux présidents de la République portugaise : Ramalho Eanes et Mario Soares. Après une longue carrière comme photographe et directeur artistique, il continue de travailler aujourd’hui comme indépendant et de développer divers projets éditoriaux.
L’exposition que vous pourrez voir au Musée National au Marché-aux-Poissons est organisée par thèmes : 25 avril et décolonisation, Monde, Portugal, Conflits, Religion et Portraits. L’exposition est accompagnée par la superbe exposition d’un catalogue.
L’essentiel de ces photographies concerne les unités militaires qui, en avril 1974, ont occupé les places et les rues du centre de Lisbonne, de la municipalité au Terreiro do Paço, l’un des rares endroits ou à un certain moment ou une confrontation militaire violente a été évitée de justesse.
À travers son travail se révèle l’essence même de sa personnalité photographique : celle d’un photographe humaniste, désignation consacrée dans l’histoire de la photographie, car celle d’Alfredo Cunha est humaine. Elle est celle de la condition humaine, faite de douleur et de souffrance, de joie et de paix.
Cunha est le photographe des croyances et des sentiments des gens. C’est un art qui privilégie le sens de l’humain. Que ce soit dans vie de tous les jours, dans la famille et au travail, ou dans les événements personnels ou collectifs qui emplissent une vie.
Par la suite, Alfredo Cunha est devenu le grand photoreporter au processus de la décolonisation : «La décolonisation ne s’est pas effectuée sans heurts car il n’y a pas eu de temps préalable pour des accords et des phases de transition. Le dialogue n’était plus possible, c’était déjà trop tard : ce qui importait était de rapatrier de toute urgence les Portugais.
Le Portugal était sclérosé. Textes et photos étaient soumis à la censure. Je travaillais au sein d’une rédaction socialement très engagée, lé rédactrice en chef était très engagée dans la lutte anti-régime. Pourtant, j’ai vu l’un de mes reportages photos sur l’état d’hôpitaux civils de Lisbonne censuré.
En Guinée, j’ai même étais fait prisonnier et expulsé par le président Spinola pour avoir photographié des soldats qui exhibaient des drapeaux blancs, c’était insensé.»
Si on demande à Alfredo Cunha le bilan qu’il fait de l’avancée du Portugal cinquante années après l’installation de la démocratie, il répond que c’est le jour et la nuit, que le Portugal est un autre pays, en dépit de tous les problèmes que la société rencontre. Il précise que le Portugal est infiniment meilleur et que ce qu’il traverse actuellement est une politique au cœur de laquelle la question de l’habitat pèse lourd. Il précise qu’il s’agit d’un problème grave et un réel défi pour l’avenir du pays !