Kultur12. März 2025

L’opéra «Picture a day like this»

En collaboration avec l’Orchestre de Chambre de Luxembourg

de Michel Schroeder

Nous avons eu le plaisir de découvrir, d’écouter et de voir, afin de vous en parler, l’opéra de George Benjamin, sur un livret de Martin Crimp, «Picture a day like this». Les représentations qui ont eu lieu au Grand Théâtre de Luxembourg ont eu lieu avec la collaboration de l’Orchestre de Chambre du Luxembourg, placé sous la direction de Corinna Niemeyer.

Cet opéra possède en lieu l’idée de fable, de conte et de fée et de monde magique, alors que, finalement l’histoire qu’il raconte est ambigue. C’est l’histoire d’une Femme qui a perdu son enfant et qui s’entend dire que, si elle réussit à trouver une personne heureuse, un miracle se produira. Cette Femme nous fait parcourir le monde, à la recherche d’une personne heureuse. Elle nous fait passer par toute une série de rencontres, un peu à la manière d’Alice au pays des merveilles ou encore de Candide.

Cette œuvre évoque le monde d’aujourd’hui d’une façon à la fois puissante et très accessible. J’ai, personnellement ressenti, avec cet opéra, quelque chose de très intense, mais aussi de très humble.

C’est donc l’histoire d’une Femme qui perd son jeune enfant, juste au moment où il commençait à faire des phrases complètes. Elle est incapable d’accepter cette mort, comme par ailleurs la très, très grande majorité des Femmes ne peuvent accepter la disparition de la chair de leur chair.

Elle apprend que pour que son enfant revienne miraculeusement à la vie, il lui suffit de trouver une personne heureuse et de rapporter un bouton de sa manche. Pleine d’espoir et munie d’une feuille de papier lui indiquant le chemin à suivre, elle se lance dans sa quête.

En premier, elle rencontre un couple de jeunes amants, qui semblent éperdument amoureux. La Femme s’approche et leur demande un bouton de leurs vêtements abandonnés, rien qu’un bouton. Cette demande faîte avec respect provoque une violente dispute dans le couple.

En poursuivant sa route, son chemin croise un artisan. Ce dernier lui explique qu’avant de prendre sa retraite il fabriquait des boutons. Ah, se dit-elle, voilà la personne qu’il me faut. Mais, alors que la Femme lui explique pourquoi elle a si grand besoin qu’il lui donne un bouton de sa manche, l’esprit de l’artisan s’égare, à tel point qu’il en perd toute la raison.

La Femme ne désespère pas et poursuit son chemin. C’est alors que le destin lui fait croiser une célèbre compositrice. Elle est accompagnée par son manager. Ils se rendent à la répétition de l’une de ses dernières œuvres. Lorsque la Femme tente de leur faire comprendre l’urgence qu’il y a pour elle de recevoir un bouton de manche d’une personne heureuse, la compositrice se met à vociférer que son existence n’est pas enviable, qu’elle n’est pas heureuse.

La Femme est submergée par la désillusion et la colère. Rien ne se passe comme elle l’avait espéré. Rien. Il lui semble que le bonheur est insaisissable et que les gens heureux, il ne doit pas y en avoir des masses !

Alors qu’elle est sur le point de perdre tout espoir, sa route croise celle d’un collectionneur. Ce dernier éprouve un violent désir pour la Femme. Mais il n’en est pas moins ému par le chagrin de la Femme et il est disposé à l’aider. Il lui ouvre une porte qui mène à un jardin.

Dans un paisible jardin d’une très grande beauté, la Femme rencontre Zabelle, une personne qui lui ressemble d’une manière troublante. Alors qu’elle supplie Zabelle de partager son immense bonheur de se retrouver dans un jardin de si grande beauté, cette dernière lui raconte une histoire. Lorsque Zabelle a fini de raconter, la Femme voit alors le jardin et Zabelle sous un nouveau jour.

La Femme a enfin compris que la mort et le deuil sont universels et qu’il est nécessaire de les accepter. Elle a pris conscience de quelque chose de fort important et peut enfin, sereinement, faire son deuil.

La scénographie et la dramaturgie été assurés par Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma, avec les chanteuses et chanteurs Marianne Crebassa, Marie Eriksmoen, Beate Mordal, Cameron Shahbazi, John Brancy, ainsi que les comédiennes et comédins Laurène Andrieu, Eulalie Raumbaud et Matthieu Baquey.

L’OCL était placé sous la direction de Corinna Niemeyer, Pascal Moniong, premier violon, Adèle Winckler, violon, Susanne Marteµns et Joanna Madry, alto, Robin Defives et Maria Kulowska, violoncelles, Patricio Banda Caviedes, contrebasse, Emma Landarrablico, flûte et piccolo, Idoia Bengoa et Ria Clement-Lucas, flûte à bec ténor…

Cette œuvre a été commandée et co-produite par le Festival d’Aix-en-Provence, le Royal Opéra House Covent Garden de Londres, l’Opéra National du Rhin, les Théâtres de la Ville de Luxembourg, l’Opéra de Cologne…Elle a remporté le Prix Palmarès / Prix Claude-Rostand comme meilleure coproduction lyrique régionale et européenne.