Kultur21. Mai 2021

Expo «Homo Ludens», jusqu’à samedi à la Schëfflenger Konschthaus

Et s’il ne nous restait plus qu’à jouer !

de Michel Schroeder

Et si la vie n’était qu’un vaste jeu de société ? Et si nous n’étions que les pions de machinations orchestrées par le politique, et surtout par un capitalisme qui écrase tout et plus sur son passage ?

Cela fait plusieurs années maintenant que le duo d’artistes Patricia Lippert et Pascale Behrens travaille en parfaite osmose. Elles sont spéciales, très spéciales même ces deux artistes.

Patricia Lippert qui, à juste titre, peut être considérée aujourd’hui comme l’une des artistes majeures de notre pays – on se souviendra de l’exposition «Pionnières» à l’Abbaye de Neumünster, où elle avait été sélectionnée avec trois autres représentantes cultes de l’art au féminin de notre pays – hésite de moins en moins à appeler un chat un chat. Finalement un chat est un chat et non pas une quelconque boîte de sardines, même si minou en raffole. Behrens est ce membre qui manquait à Lippert pour se transformer, devenir cet être si particulier, si fort. Frankenstein serait-il, par hasard, passé par là ! Parce qu’aujourd’hui c’est une flamme commune qui anime ces deux artistes. Elles sont un binôme artistique incontournable de notre pays.

Homo Ludens

C’est à la galerie d’art Schëfflenger Konschthaus sise au 2, avenue de la Libération à Schifflange, qu’il vous sera possible de voir, de 10 à 13h et de 14 à 18h jusqu’à samedi inclus, cette exposition ayant pour titre «Homo Ludens» qui ne vous laissera pas indifférent ! Une exposition de Patricia Lippert et de Pascale Behrens, mais également de Stefan Seffrin. Vous y verrez des sculptures, des peintures, des photographies. C’est très original et réussi.

Cette galerie s’inscrit petit à petit dans les «must» de notre pays. Bravo à la petite ville de Schifflange de proposer ainsi du tout grand art. Après Florence Hoffmann, cette belle exposition, bravo mes chers ! Bravo également à la galeriste, Claudia D'Incà, une dame très engagée, dynamique et enthousiaste.

Pour que l’existence génère moins d’angoisses

Et s’il ne nous restait plus qu’à jouer !

Il s’agit d’un énorme défi qui doit permettre à la société de changer fondamentalement. Les empêcheuses et empêcheurs de tourner en rond... faudrait se décider à leur passer la camisole de force !

L’individu, l’homme, la société doit se repenser, tourner le dos aux idées dépassées. Le «bon sauvage», comme on a tendance à le définir, n’est-il pas plus proche des réels besoins de l’humain que le banquier ou le gérant de société ?

Patricia Lippert et Pascale Behrens (aucune des deux n’a de la merde dans les yeux) vous invitent à reconstruire le monde, pour qu’y vivre soit une fête, et non pas générateur d’angoisses.

L’homme est loin d’être le génial sommet de la création qu’il est convaincu d’être : il n’est qu’un tout petit truc machin chouette qui, dans un certain temps, ou en tout cas dans un temps certain, sera amené à disparaître. L’homme n’est pas un surhomme, ni une créature supérieure ! La nature est là pour nous le signaler, pour nous dire STOP !

Les deux artistes Lippert et Behrens tiennent à préciser que leurs œuvres ne sont pas créés à quatre mains, mais que dans l’atelier, une sorte de transfert, au sens psychanalytique, a lieu. Je dirais qu’elles sont deux, mais à la fois une et une seule !

Faut-il, si on souhaite devenir membre de l’ARC (groupement d´artistes plasticiens ARC Kënschtlerkrees/ www.arcasbl.com), être capable de tirer des flèches ? Ma réponse : «Lippert et Behrens sont membres de l’ARC (Patricia Lippert est également membre du Cercle artistique Luxembourg - CAL). L’une des spécificités de ces deux artistes est de placer les flèches là où il faut, et quand il faut. Elles sont d’admirables tireuses à l’arc». Oh mon Dieu, was habe ich denn hier geschrieben !

Le psychonaute Steffan Seffrin

Les photos de Steffan Seffrin montrées au public de la galerie d’art Schëfflenger Konschthaus adhèrent parfaitement à l’ensemble de l’exposition.

Seffrin accompagne, depuis longtemps, le duo des deux femmes artistes. L’alter ego du photographe Steffan Seffrin est un extraterrestre. Une créature qui erre dans notre monde. Il est à la recherche du sens du mot «home», maison, patrie. Il erre dans ce monde, comme la très grande majorité des humains y errent.

Au fil de l’exposition, ce personnage va à la rencontre du public, pour l’aider à acquérir un sentiment d’identité.

A un moment donné, nous commençons à remettre en question les piliers de notre culture. De notre éducation. De nos croyances aussi. Oui, et s’il ne nous restait plus qu’à jouer !

Comme Patricia Lippert qui n’a pas hésité, le jour du vernissage, à se transformer en clown, afin de nous renvoyer à quelque chose. Et l’artiste y arrive toujours. Elle possède cette énorme capacité de secouer le cocotier.