En entrant dans les locaux d’exposition de la Galerie Simoncini (6, Rue Notre-Dame à Luxembourg, tél : 47 55 15 www.galeriesimoncini.lu), vous serez absorbé par les couleurs chatoyantes des œuvres de Vincent Gagliardi. Toute cette ambiance printanière qui s’échappe, en touches veloutées, des réalisations de l’artiste, permet de tourner le dos aux moisissures désagréables que furent distanciations sociales et confinements, ou encore météo pluvieuse et venteuse.

L’espace d’exposition s’articule sur deux étages, cohabitant avec l’Hôtel Simoncini. Galeriste, éditeur, poète et hôtelier, André Simoncini conduit ses activités avec un savoir-faire de passionné, de grand connaisseur et surtout d’amoureux de toutes les formes artistiques. Il guide avec beaucoup d’efficacité, la barque de ses activités, depuis bien des lustres maintenant.

Actuellement et jusqu’au 19 mars se déroule une exposition de toute beauté, du très Grand Art, personne n’osera me contredire, à la Galerie Simoncini : le jour du vernissage, nous avons eu le grand plaisir de faire connaissance avec l’artiste Vincent Gagliardi qui expose une quarantaine de ses œuvres. Plus tard dans la soirée, s’est associé à la fête, Guy Goffette, l’une des plus belles voix de la poésie francophone de Belgique.

Les bibliophiles ont eu le plaisir de découvrir l’ouvrage Paris à ma porte de Guy Goffette, tiré à 60 exemplaires numérotés, augmenté de deux gravures originales de Vincent Gagliardi.

Les amateurs de très bonne poésie ont également la possibilité d’acquérir un exemplaire, publié en collection de poche, de ce recueil.

Inventeur de formes et créateur de rêves

Vincent Gagliardi, graveur et sculpteur, s’est installé dans un minuscule village de moins de deux cents âmes, Woël, en Meuse pour être précis. C’est ici que prennent naissance ses œuvres, inspirées par ces paysages chauds faits de plaines grasses où paissent des troupeaux.

Gagliardi explique qu’il apprécie dessiner dans des endroits isolés, déserts, silencieux et fort chargés de mystère. Ici, subsistent bien des traces de la Grande guerre, car les collines boisées qu’il inspecte et scrute, qu’il renifle et côtoie, ont connu les ravages d’un conflit armé des plus graves.

Gagliardi ne renie absolument pas ses racines italiennes. Il est enfant d’immigrés italiens venus de Simbario en Calabre. Son père a été mineur de fer à Bassompierre. Ce lorrain de cœur est devenu meusien d’adoption, une Meuse qui l’a doté d’une force créative exceptionnelle.

Vincent Gagliardi est un formidable inventeur de formes, un créateur de rêves aussi. Car il est vrai que ses œuvres possèdent une force ludique incontestable.

L’artiste travaille beaucoup le balatum, ce revêtement de sol. Ce matériau est souple et dur à la fois. Il l’a adopté pour y graver de nouvelles et belles histoires (car chacune de ses œuvres raconte une histoire).

Gagliardi explique qu’il apprécie beaucoup ce matériau qu’il peut couper et déchirer à sa guise.

Les titres qu’il donne à ses œuvres drainent à la fois du poétique et du philosophique. Elles expriment le fond de sa pensée et apportent aux visiteurs des fils conducteurs qui épousent le monde qui est le sien et qu’il partage avec nous : L’écoute de la fleur ; L’esprit de l’odeur ; La légèreté du chaos ; Les étoiles gelées de la forêt habitée ; Le point d’appui de l’avenir ….

Vincent Gagliardi expose depuis quarante années maintenant ! A raison d’une moyenne d’une dizaine d’expositions par année, faîtes le compte.

Il est à l’origine de nombreuses interventions, de performances, il a à son actif un nombre considérable de publications, catalogues, livres d’artistes, livres pour enfants. Il effectue régulièrement des interventions en milieu scolaire, extrascolaire et intergénérationnel.

Guy Goffette, Paris à ma porte

Guy Goffette est né à Jamoigne, Belgique, en 1947.

Il a pratiqué de nombreux métiers, toujours particulièrement attentif à faire le mieux possible, créatif aussi ou surtout. Le voici en enseignant, puis libraire, éditeur ….Puis, il prend une décision qui lui permettra de nombreuses responsabilités et décisions dans le monde de l’édition : en posant ses valises à Paris, il deviendra lecteur chez Gallimard. Cette prestigieuse maison d’édition publiera également la grande majorité de ses livres.

Guy Goffette a remporté le Grand prix de Poésie de l’Académie française en 2001, le Prix Félix-Denayer de l’Académie royale de Belgique, la même année, puis en en 2010 le Prix Goncourt de la poésie.

Je vous propose un extrait du recueil Paris à ma porte, de Guy Goffette, publié chez André Simoncini :

Je connais mon quartier comme hier mon village,

Chacune de ses rues, ses bistrots, ses boutiques,

Et la voix des voisins dans le noir, leurs visages,

Ce que disent leurs yeux, ce que chacun fabrique.

 

J’enverrai les uns saluer Sainte-Opportune

Qui veille sur les Halles sur ses lavandières,

Les autres, place André Malraux, chercher tribune

Ou trace d’Aragon, rue de la Sourdière ;

 

Ou d’un coup débrider les chevaux de Marly,

Donner une eau plus pure à la Samaritaine

Que la poussière assèche rue de Rivoli,

Rue Rouger de Lisle, chanter la Marjolaine.