Kultur16. April 2021

Pitt Brandenburger à la Galerie Schlassgoart jusqu’au 17 avril

Des sculptures qui invitent au calme et à la sérénité

de Michel Schroeder

En effectuant un premier tour du vaste espace d’exposition qu’est la Galerie Schlassgoart du Pavillon du Centenaire, au bd. Grande-Duchesse Charlotte à Esch-sur-Alzette, j’ai eu l’impression d’être encerclé de sentinelles. Je sentais sur moi des regards, des présences inhabituelles. Notre photographe s’est approché de moi et m’a murmuré à l’oreille : «C’est étrange, je ressens quelque chose de spécial dans cette exposition». Il m’a alors parlé de fantômes et autres revenants. Il est d’origine chinoise, et la Chine est un pays où les histoires de revenants font légion !

C’est seulement alors que j’ai pris connaissance de l’excellente introduction à cette exposition rédigée par Nathalie Becker. Cette éminente spécialiste écrit : «Pitt Brandenburger nous entraîne dans un univers teinté de mysticisme, d’ésotérisme et de symbolisme».

Si au premier abord l’artiste paraît être très effacé, trop peut-être, j’ai compris que ce comportement possédait de grandes valeurs d’humilité. Allez vers lui ! C’est avec joie qu’il partagera avec vous cet univers si intéressant de ses sculptures, un monde particulier où on se sent finalement très à l’aise lorsque l’on possède les enrichissantes informations qu’il vous fournira avec grand plaisir. Vous tisserez des liens forts intéressants avec Pitt Brandenburger.

Une forêt sans fin

Pendant l’exposition des sculptures de Pitt Brandenburger, la Galerie Schlassgoart est transformée en une vaste forêt dans laquelle, par magie, les arbres se sont transformés en arches de lumière, en proues de navires partis à la rencontre de peuples autochtones, dans de lointaines contrées quasiment inaccessibles.

L’artiste utilise beaucoup le bois d’arbres fruitiers, on pourrait donc aussi songer à un verger. Oui, finalement, pourquoi pas !

Notre sculpteur apprécie de nombreuses essences, surtout locales. Il n’a jamais abattu ou fait abattre un arbre pour réaliser une de ses œuvres. Malheureusement, quand on construit, de nombreux arbres sont appelés à disparaître. Il récupère les spécimens qui l’intéressent. Les orages et les tempêtes abattent, déracinent, arrachent du sol, des arbres. Là aussi il a la possibilité de se servir. Un séquoia qui se trouvait dans le parc de Rumelange a été foudroyé un jour d’orage particulièrement violent. Ce bel et noble animal lui a offert son bois magnifique.

«Pitt Brandenburger aime le travail bien fait» dit Nathalie Becker, «tel un artisan, il a l’amour du bel ouvrage».

Il est bien vrai que l’amour du bel ouvrage, nous le ressentons dans l’exécution parfaite des pièces, leur polissage savant, l’assemblage d’une finesse et d’une intelligence renversantes.

«Le noyer», nous a expliqué l’artiste, «est un arbre solitaire qui nécessite beaucoup de lumière. Son odeur spéciale garde les mouches et les moustiques à l’écart. Dans la mythologie, cet arbre a une profonde relation avec la mort.

On l’a beaucoup utilisé pour réaliser des crosses de fusil. Le noyer diffuse également une aura bénéfique pendant une dizaine de minutes, puis il faut indispensablement s’en éloigner, car il finirait par voler nos forces personnelles.

Il ne faut jamais placer un bébé à proximité d’un noyer, car l’arbre risque de l’inviter à passer dans le monde des défunts».

Il se dégage beaucoup de mystère de cette superbe exposition.

Il caresse le bois, le respire, le hume

«Je caresse le bois, je le respire, je le hume, il est mon ami intime» dit l’artiste. «Durant mes études, j’ai écrit une thèse sur le côté mystique des arbres. Ils sont des passeurs de messages, et possèdent une très grande symbolique».

Pitt Brandenburger apprécie et aime de nombreuses essences. Parmi ses préférées, le pommier, le prunier, le poirier, ainsi que le noyer. Le cerisier aussi. Il préfère les arbres fruitiers aux arbres de nos forêts, trop souvent malades. Comme ces malheureux arbres touchés par une bactérie.

«Pour réaliser mes sentinelles, mes divinités aux têtes casquées de métal, mes bustes, mes gardiennes, j’utilise beaucoup la fonte qui est brute, comme la lave, tout comme du bronze, ainsi que du cuivre».

En parcourant cette exposition, je vous conseille d’avoir sur vous un exemplaire de la liste des prix, que vous ayez, ou non, envie d’acheter. Parce que sur cette liste figurent de très importantes informations quant aux composantes des sculptures.

Un parcours parsemé de beaux succès

Pitt Brandenburger est né en 1961 à Esch-sur-Alzette.

Il a fait des études en Arts plastiques er Arts décoratifs à Strasbourg. Il travaille toujours en qualité de professeur d’éducation artistique, tout en poursuivant une brillante carrière de sculpteur.

L’atelier de Pitt est particulièrement bien équipé. Si vous avez, un jour, la possibilité de le visiter, vous verrez qu’il y possède tout l’appareillage et les outils d’une menuiserie-ébénisterie.

Quelques expositions personnelles de belle qualité ont fait découvrir l’artiste au public, comme à la Galerie l’Indépendance et à la Galerie Clairefontaine de Luxembourg, ou au Moulin de Beckerich.

Sa participation à des expositions collectives a donné à voir de ses œuvres à Esch-sur-Alzette, Mondorf-les-Bains, Bettembourg, Mompach, Bettange-sur-Messe, mais aussi à l’étranger, comme à Strasbourg, à Gand en Belgique, ou encore en Allemagne, à Pirmasens et à la Skulptura Beckingen.

Une de ses œuvres majeures à Differdange

Parmi les œuvres que vous pouvez admirer sur des places publiques, le Monument pour les Mineurs et les Sidérurgistes sur la place du Marché à Differdange, la fontaine «Drei Brunnenwächter» près de la Mairie de Schouweiler, ou encore, le tabernacle de l’église de Howald.

Il vous sera possible de visiter l’exposition «L’âme des sentinelles» à la Galerie Schlassgoart jusqu’au samedi 17 avril inclus. Y sont rassemblées de petites et de grandes sculptures en bois, avec des ajouts de métal, traversées aussi parfois de matières minérales. C’est à la fois très beau et impressionnant.