Kultur22. Juni 2021

A la Kufa, un voyage passionnant et passionné via les mots et la musique

Une soirée littéraire pas comme les autres

de Michel Schroeder

La grande salle de la Kufa accueillait, il y a peu, une soirée littéraire pas comme les autres, une soirée qui s’inscrivait dans le «Liesrees» (voyage littéraire) du Centre national de littérature (CNL). Quelques belles surprises attendaient le public, particulièrement nombreux, qui assistait à la soirée.

Sur la scène, Tullio Forgiarini est en grande discussion avec deux musiciens. Il y a là des percussions et la sono d’une guitare. Il s’agit du cosmopolite Bartleby Delicate et du non moins connu et apprécié Niels Engel. Ils sont actuellement tous deux artistes en résidence à la Kulturfabrik. Ils vont jouer entre les lectures.

Nathalie Jacoby, directrice du Centre national de littérature (CNL) de Mersch dit quelques mots de bienvenue et remercie les auteurs, les musiciens, les coorganisateurs des soirées, ainsi que le public.

Dans un souk syrien avant le conflit

C’est Georges Kieffer qui a lu le premier des extraits de son roman, publié chez Op der Lay, sous le titre «Iwwerliewen». L’auteur nous fait humer les saveurs de la Syrie, ce pays intense, de toute beauté, aux valeurs culturelles si nombreuses, au savon d’Alep si connu, aux dattes qui ont un goût incomparable… Un enfant, Muhammed, est parti au souk pour effectuer des achats pour sa grand-mère. Ce sera, pour l’auteur, le passeport qu’il nous offre pour vibrer à l’unisson avec ce magnifique pays, avant le désastre humain qui l’a ravagé. Le souk dans lequel Georges Kieffer nous emmène n’est pas un souk fréquenté par des touristes. A l’époque où se déroule le début de son roman, de majestueux oiseaux volent et chantent dans le ciel. Il n’y a pas encore de drones ! Le jeune Muhammed boit un jus de tamarin. De chapitre en chapitre, les décors changent. Vous retrouverez Muhammed, bien des années plus tard, alors qu’il a cherché refuge au Luxembourg.

Ce roman, aux temps forts, aux savoureuses descriptions, nous invite à réfléchir, car sa texture est éminemment sociale.

Professeur d’anglais, Georges Kieffer a, entre autres, également publié les livres suivants : «Biergop, biergof», roman (Op der Lay), «D’Kaya» (PHI), «Eidel Ärem, wann d’Liewe mam Doud ufänkt» (PHI)…

Un profond amour de l’humain

J’avais vu et fortement apprécié la pièce «Parterre» de Michel Clees, jouée au Théâtre national du Luxembourg (TNL), dans le cadre de la résidence de l’auteur dans ce haut lieu de la création théâtrale. Dans l’article que j’avais consacré à cette pièce, voici quelques mois, j’avais écrit que Michel Clees est gynécologue et qu’il est installé à Esch-sur-Alzette. Je n’avais surtout pas omis de préciser qu’il exerce sa profession de médecin avec un profond amour de l’humain. Mais, quand il change de casquette, il a les capacités et les dons pour arriver à se métamorphoser en acteur, écrivain et compositeur de chansons.

C’est la première fois que j’ai vu Michel Clees en acteur. Un acteur qui dit, joue le texte né de ses entrailles ! Avec un rythme et des intonations qui soutiennent magistralement le texte. C’est fort, dur, angoissant, caustique, terrible. Michel Clees a toujours beaucoup à dire, à exprimer. Lors de cette soirée à la Kulturfabrik, l’auteur-acteur nous a offert un voyage sensationnel au sein de ses pensées.

Parmi les dernières publications de l’auteur on trouve, aux Editions Guy Binsfeld : «Parterre» et «Captcha», «Die Nächte», poèmes ; «Abreise: Notizen zur Liebe», poèmes, récits, nouvelles, et chez Ultimomondo : «Sterbehaüsle-wenn die Zeit sich nimmt», récit et nouvelles.

Sacré Tullio Forgiarini !

Puis, ce soir-là à la Kulturfabrik, dans le cadre du projet CNL-Liesrees, quel immense plaisir que de retrouver, sur scène, Tullio Forgiarini. Celui-là je commence à bien le connaître, pour avoir savouré ses prestations à plusieurs reprises ces derniers mois.

Sacré Tullio Forgiarini, il nous avait concocté une belle surprise. Tandis qu’il lit, ou plutôt, joue son texte, les musiciens interprètent une musique inspirée par ce texte. Cela colle bien, très bien même.

L’intervention de Tullio Forgiarini sera belle et intense, même si son roman dont sont tirés les extraits qu’il interprète, est terrible. L’humour de l’auteur est très noir, il n’hésite pas à condamner bien des facettes obscures de la société contemporaine.

«La ballade de Lucienne Jourdain», ainsi que «Céruse», de Tullio Forgiarini, ont été publiés chez Hydre Editions, et «Lizardqueen» chez Guy Binsfeld.

Les prochaines soirées...

Les prochaines soirées de lecture, organisées par le CNL et différentes institutions culturelles de chez nous, auront lieu aux dates suivantes :

– le lundi 28 juin à 19h à la Kulturhaus de Niederanven : «Ces liens qui nous fascinent» (en langue française), avec Tom Reisen, Nathalie Ronvaux et Lambert Schlechter.

– le jeudi 1er juillet à 19h30 au Trifolion à Echternach : «Sprooch ass méi wéi Wierder», avec Ulrike Bail, Tom Hengen et Lambert Schlechter.

– le dimanche 4 juillet à 16h au Cube 521 à Marnach : «Duerch déck an dënn - vu kuerzen Texter a ville Säiten», avec Josiane Kartheiser, Christiane Kremer et Romain Butti.