Nous voici à la Galerie Simoncini à Luxembourg, au 6, rue Notre-Dame, où nous avons assisté à une soirée-performance qui, dans son essence, sera répétée dans les mois à venir. Elle le mérite amplement, car chacun des artistes ayant participé au projet, a offert une large part du meilleur de ses capacités.

«Salztage + zurück», recueil de poèmes de Carla Lucarelli, illustré par Florence Hoffmann, vient d’être publié aux éditions PHI, dans la collection Graphiti. La poétesse avait demandé à l’artiste plasticienne Florence Hoffmann d’illustrer son recueil, ce qui fût fait avec tout le talent que l’on reconnaît à la sculptrice. A l’occasion de la soirée de présentation il avait été pensé à un encadrement musical qui soulignerait la délicatesse de la poésie, et de la douce créativité de la sculptrice. Joël Metz, jeune saxophoniste de Dudelange, a contribué à mettre en valeur l’univers de ces deux artistes.

Un univers poétique composé de fragments, de chapitres de vie

Née en 1968, Carla Lucarelli est professeur de lettres françaises. Elle côtoie de près le théâtre où elle œuvre parfois simultanément en tant qu’actrice, metteuse en scène, ainsi qu’autrice. Elle a, dans ce domaine, acquis une belle notoriété, notamment avec ses pièce «Zwei Schwestern, Fragmente einer Verwandtschaftsgeschichte», qui a fait l’objet d’une mise en espace lors de la Foire du théâtre qui a eu lieu au Centre national de Littérature de Mersch.

Parallèlement, Carla Lucarelli s’est tournée vers la poésie. Elle a tout d’abord présenté cinq poèmes dans l’anthologie «La Poésie érotique féminine française contemporaine». Depuis ce projet d’écriture poétique, l’auteure a publié plusieurs recueils de poésie : «Aquantiques ; Dekagonon.» Dans sa longue liste de publications on trouve également des romans tels que «Caparaces» et «La disparition de Wanda B». Il est aussi possible de lire son autobiographie publiée sous les titres «Enfance, Instantanés», ou encore, un recueil de nouvelles publié sous le titre «Terrains vagues».

Lors de la soirée chez Simoncini, le public a pu écouter une sélection des poèmes de Carla Lucarelli, lue, à tour de rôle, par elle-même et par Florence Hoffmann.

Papierschiffe

im morgennebel

grobe worte im gepäck

verlassen wir das boot

werfen uns wie fischköder aus

die wälder in uns

unter den sohlen

der schlamm

stromaufwärts waten

zu quellen wohin du mir folgts

lachsfarben

wo wir errinerungen laichen

wie heilige drei könige

La poésie de Carla Lucarelli, admirablement mise en voix par elle-même, ainsi que par Florence Hoffmann, possède cette musicalité qui nous invite dans l’univers de l’autrice, un univers fait de fragments, de chapitres de vie. Il est indispensable d’écouter la poésie de Carla Lucarelli, soutenue par l’immense talent du saxophoniste Joël Metz.

Le saxophoniste Joël Metz a étudié au Conservatoire d’Amsterdam et à l’Université Codarts pour les Arts de Rotterdam. Depuis la fin de ses études musicales, il consacre sa carrière musicale à son groupe, «The Metz Foundation», tout en travaillant avec le groupe de Josh Island, ainsi qu’avec le Luxembourg Jazz Orchestra. Enfin, Joël Metz est également enseignant.

Florence Hoffmann, une illustratrice qui s’alète à la poésie

Née en 1966, Florence Hoffmann a étudié la danse et l’architecture d’intérieur à Paris, ainsi que la musique et la sculpture, au Luxembourg et en Italie.

Hoffmann a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives, ainsi qu’à des expositions internationales d’envergure telles que Open Venice et Den Haag Sculptuur.

Elle a pris part à des symposiums sur la sculpture un peu partout autour du globe.

Tout en ayant été durant dix-neuf ans la cheville ouvrière du Gare Art Festival, elle a mis sur pied le Festival de Sculptures du Feu dans le cadre de Esch 2022.

Florence Hoffmann a remporté de très nombreux prix, et on retrouve certaines de ses œuvres dans des collections privées et publiques, au Luxembourg, en Autriche, en Ukraine, en Turquie, en Thaïlande, au Japon, en Corée, en Chine, au Mexique et au Canada. Elle travaille aussi bien la pierre, que le bois, le bronze, l’aluminium, la résine, le terreau, le béton, la neige, le feu…

Les sculptures qui illustrent l’article sont la base des illustrations du recueil de Carla Lucarelli.